A l’UNESCO, Paris, le 15 octobre 2001
Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l’ouverture de la 31e Conférence générale de l’UNESCO.1
Monsieur le Président de la République du Nigeria, Madame la Présidente de la Conférence Générale, Madame la Présidente du Conseil Exécutif, Monsieur le Directeur Général de l’UNESCO, Mesdames, Messieurs,
A-t-on retenu toutes les leçons du XXe siècle ?
Telle est la question que beaucoup se posent aujourd’hui.
Avec la tragédie du 11 septembre dernier, c’est en effet une vision utopique du nouveau millénaire, comme temps de paix et de la fin de l’histoire, qui a été touchée au coeur. D’aucuns avaient le sentiment que nous avions laissé dernière nous le siècle des deux guerres mondiales et de ses millions de morts, de la Shoah, du goulag et de tant d’autres massacres. Malgré les conflits qui continuaient d’ensanglanter notre planète, le siècle naissant était accueilli avec espoir et confiance. Espoir d’un monde libre et pacifié, avec la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Espoir d’un monde meilleur où les progrès de la science, les vertus de l’éducation, la rapidité des communications apporteraient davantage de prospérité, de justice, de bonheur. Confiance dans les avancées de la démocratie et l’affirmation des solidarités.
La tragédie de New York, dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets, est venue ébranler cet espoir et cette confiance. De plus en plus, nous entendons évoquer un choc des civilisations, qui marquerait le XXIe siècle, de même que le XIXe siècle a vu s’affronter les nationalités et le XXe siècle les idéologies. Un choc de civilisations, présent et à venir, qui serait plus radical, plus violent, plus passionnel parce qu’il verrait s’affronter des cultures et des religions.