(...) QUESTION - Monsieur le Président, je souhaiterais savoir dans quel état d'esprit vous attendez le Président KOSTUNICA et si, par ailleurs, vous allez lui demander des garanties
en échange de l'aide substantielle que l'Europe s'apprête à lui donner ?
LE PRESIDENT - Il y a eu mardi une rencontre extrêmement positive entre le ministre français des Affaires étrangères, M. Hubert VEDRINE, en sa qualité aussi de Président du
Conseil des affaires générales, et le Président KOSTUNICA. Cela ne s'est pas du tout passé dans un esprit de " je te donne la rhubarbe, donne-moi le séné ". Non, ce n'est pas
l'état d'esprit de la Communauté. L'Union s'est réjouie profondément, toute entière, de l'évolution démocratique en cours actuellement en Serbie.
L'Union a appuyé, et par tous les moyens possible, la démarche du Président KOSTUNICA et lui confirmera tout à l'heure qu'elle continuera de l'appuyer. Nous souhaitons le
succès de cette rénovation parce qu'elle remet la Serbie sur la route qui va vers sa maison, sa famille, c'est-à-dire l'Europe. Et donc, nous ne sommes pas là à
poser des conditions. Nous apporterons une aide dans la mesure de ses besoins au Président KOSTUNICA.
Sur ce point, le Premier ministre l'ayant eu en dernier, je vais lui demander de compléter ma réponse.
LE PREMIER MINISTRE - Nous avons eu une discussion, mercredi au Conseil des ministres devant lequel le ministre des Affaires étrangères nous a rendu compte de son entretien avec M.
KOSTUNICA et avec des leaders l'opposition. Nous avons eu une longue discussion sous votre présidence, Monsieur le Président. Et l'opinion qui se dégageait, j'en ai été heureux, je
l'ai au fond retrouvé dans les prises de position de nos collègues européens lors du déjeuner hier, lorsque nous avons abordé cette question. On ne traite pas un pays qui se tourne
vers nous comme l'on traite un pays qui se détournait de nous et des valeurs communes de l'espace européen. On ne traite pas un gouvernement qui tend à remettre en place la
démocratie comme un gouvernement de dictature ou un gouvernement très autoritaire. Et donc, nous pensons que l'Europe doit rappeler ses valeurs, ses principes, la Communauté
internationale rappellera ses décisions, ses exigences mais que nous devons intégrer le facteur temps et que nous devons accueillir d'une autre façon les nouveaux dirigeants. Donc
les problèmes ne peuvent se poser dans les termes, non pas que vous vouliez les poser, mais les termes où vous nous interrogiez et je crois, que nous pourrons peut-être vous en dire
davantage quand nous aurons repris l'échange tout à l'heure avec M. KOSTUNICA, mais ces éléments ont paru partagés par l'ensemble des membres du Conseil et par le Président
de la Commission. C'est donc une démarche progressive qui se met en place et qui va supposer de notre part à tous, beaucoup de finesse. »