Garoua, actuelle capitale de la province du Nord, a connu son heure de gloire quand elle dirigeait le Grand Nord, s’étendant du lac Tchad à la barrière montagneuse de
l’Adamaoua. Ville du Président AHIDJO, elle est desservie par un axe routier goudronné qui relie Ngaoundéré à Kousséri et, sur le plan international, par un aéroport,
dont le trafic a beaucoup diminué. Autre bel ouvrage, un pont enjambe la Bénoué qui borde la ville, mais le port fluvial a également perdu de son activité. Monuments témoins de sa
grandeur passée, se détachent la mosquée, de vastes bâtiments administratifs et un grand boulevard périphérique.
Située au pied du mont Tinguelin, dans la plaine de la Bénoué, la localisation privilégiée de Garoua et le potentiel acquis n’ont pourtant pas empêché la récession qui l’a
frappée et qui se traduit dans le paysage urbain. Municipalité gagnée par l’UNDP de M. Bello Bouba, avec pour maire élu le fils de l’ancien Président, elle est dirigée par un
délégué nommé par le Gouvernement. Garoua pourrait profiter de la situation sur la transversale régionale Nigéria, Tchad et Centrafrique, complémentaire de l’axe nord-sud du
pays, pour se réaffirmer comme carrefour commercial et économique. Mais elle n’en tire pas, aujourd’hui, tout le parti possible.
La population estimée à 240 000 habitants s’est accrue depuis la construction du barrage de Lagdo, amenant aux pourtours de l’agglomération des migrants étrangers
(principalement Tchadiens) et nationaux (venant de l’extrême nord). Elle regroupe, par quartiers, toutes les ethnies du nord et aussi une importante communauté de Bamiléké et de
Bassa, commerçants et artisans. Catholiques, musulmans, animistes se côtoient dans les écoles publiques ou de confessions différentes. Les usines d’égrenage de la Sodecoton, de
textile de la Cicam et les brasseries fournissent des emplois. Mais l’explosion démographique aggrave les problèmes sociaux, qui ont pour corollaire l’augmentation de
l’insécurité.
Les vagues de peuplement successives, qui se reflètent dans la persistance de modes de vie différenciés, ont pourtant donné lieu à un fort sentiment d’appartenance à
la nationalité camerounaise, doublé d’un profond respect des structures traditionnelles.
Les projets de coopération français participent à la modernisation de nombreux secteurs (santé, éducation, élevage et agriculture, environnement). Le pôle culturel reste
l’alliance franco-camerounaise, très active, qui gère la promotion des artistes locaux, le soutien éducatif de la jeunesse et les échanges franco-camerounais. Quelques acteurs
privés français sont également implantés à Garoua, surtout dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.
Garoua gagne à être connue pour la diversité qu’elle a su intégrer à sa vitalité, qui devrait bénéficier de l’actuelle amélioration du cadre macro-économique
camerounais. L’existence du Consulat de France à Garoua est très appréciée des Camerounais. Elle contribue à préserver l’action de la France dans cette région et
à conforter nos compatriotes (au nombre de 200 à Garoua), dans une région aux conditions de vie difficiles (isolement, sécurité).
JANVIER 2001