Résidence Sao Bento, Lisbonne, Portugal, le vendredi 5 février 1999
LE PRÉSIDENT - Nos deux pays ont une vocation à s'entendre. La France attache une importance toute particulière à sa relation avec le Portugal. Cela tient à une culture ancienne et commune, cela tient à une même vision de l'Europe et de l'évolution du monde. Le Premier ministre a eu raison de souligner, en particulier, notre volonté commune d'un monde multipolaire, équilibré et pacifique et d'une mondialisation qu'il souhaite maîtriser et humaniser. Sur les grands problèmes internationaux nous partageons également le même souci de paix et de justice. C'est vrai en particulier pour notre relation avec l'Amérique latine, avec l'Asie et je suis heureux de l'évolution actuelle et de la situation à Timor Est. Nous avons longuement parlé de notre relation avec l'Afrique sur laquelle nous constatons une parfaite convergence de vues, aussi bien pour ce qui concerne le développement et la paix dans ce continent, mais également sur des problèmes particuliers, je pense notamment à l'Angola ou à la Guinée-Bissau, à propos de laquelle il n'y a aucune espèce de réserve française sur l'action qui est conduite là-bas, notamment, par le Portugal.
Nos relations bilatérales, nous les avons une fois de plus constatées comme excellentes. C'est vrai sur le plan économique, c'est vrai sur le plan culturel. J'ai souligné l'importance que j'attachais au développement de l'enseignement du Portugais en France, qui est insuffisant. Et sur le problème des échanges culturels nous sommes tout à fait sur la même ligne.
Enfin, j'ai tenu à souligner une fois de plus que la France attachait une importance très grande à la communauté portugaise, première communauté étrangère en France. Je rappelle souvent que Paris, que j'ai eu l'honneur d'administrer, est la troisième ville portugaise du monde et j'ai tenu à rendre un hommage particulier, ici, à une communauté admirable et qui a apporté et qui apporte à la France sur le plan matériel, technique, culturel, spirituel aussi le meilleur d'elle-même dans un esprit de totale intégration, même si cette communauté reste naturellement profondément fidèle à son identité, à sa culture, à sa langue.
Donc, notre relation étant ce qu'elle est, notre contact ne pouvait être que chaleureux et amical.
QUESTION - On vient d'apprendre la mort clinique du Roi HUSSEIN de Jordanie, dans quel état d'esprit recevez-vous cette nouvelle ?
LE PRÉSIDENT - Si elle est confirmée, avec une immense tristesse. Le Roi HUSSEIN de Jordanie a été un grand souverain, qui inspirait le respect et qui appelle la reconnaissance de l'ensemble des dirigeants du monde actuel, pour sa contribution à l'effort de paix dans son pays et dans sa région. J'avais pour lui beaucoup d'estime et d'admiration, une grande amitié aussi. Je souhaite, bien sûr, que votre information ne soit pas confirmée. Si elle devait l'être, je m'incline avec respect devant un homme qui a été un grand souverain.
QUESTION - Monsieur le Président, le Gouvernement portugais a répété à plusieurs reprises que le Portugal est un cas spécifique, dans les négociations du troisième cadre communautaire. Le Portugal a déjà dit plusieurs fois qu'il n'accepte pas de recevoir moins de fonds structurels que ceux qu'il a reçus au cours du deuxième cadre. Est-ce que vous estimez que le Portugal est un cas spécifique ou bien, comme il est entré dans la monnaie unique, qu'il doit recevoir moins de fonds structurels ?
LE PRÉSIDENT - Le Premier ministre a exposé avec tout le talent qu'on lui connaît les raisons qui explique la position du Portugal et que je comprends parfaitement, que la France comprend parfaitement. Naturellement, nous sommes au début d'une négociation qui conduira, si l'on veut la réussir, chaque pays à accepter de faire un effort, mais je le répète, nous avons parfaitement intégré les arguments du Portugal. Et je puis vous dire que la France en tiendra le plus grand compte.
M. DE OLIVEIRA GUTERRES - Nos conversations ont été extrêmement utiles, nos discussions sur l'agenda 2000, ont permis d'une part, au gouvernement portugais de comprendre parfaitement les soucis du gouvernement français, par rapport à des aspects qui sont particulièrement sensibles pour la France et notamment pour ce qui a trait à l'agriculture, et je crois que le Président français, le gouvernement français ont eu l'occasion de comprendre les problèmes spécifiques du Portugal dans cette négociation.
Je crois que ce qu'il y a de plus important dans cette négociation, c'est l'esprit. L'esprit de notre réunion, nous n'avons pas résolu l'agenda 2000 aujourd'hui, mais nous avons créé un climat de compréhension mutuel, et nous avons établi un canal de contact qui nous permettra d'avoir des consultations permanentes jusqu'à ce que la négociation soit conclue, en cherchant à trouver une solution dans laquelle les deux pays se retrouvent, et tous les pays européens donnent leur contribution comme le Président français l'a souligné, mais que soient sauvegardés leurs intérêts essentiels.
QUESTION - J'aimerais savoir si vous jugez bonne la proposition de la Commission européenne pour l'agenda 2000 . Est-ce que c'est une proposition acceptable à ce moment ci ?
LE PRÉSIDENT - Les négociations intéressant quinze pays, cette proposition est, par définition, je ne dirais pas critiquable, mais elle doit évoluer. Personne ne la considère comme acceptable telle quelle est aujourd'hui. Elle a le mérite de permettre d'ouvrir la discussion et d'arriver, je l'espère, ensuite, à un accord de tous.
QUESTION - Le nom portugais qui vous convient le plus pour la présidence de la commission européenne, Mario SOARES ou M. CAVACO ?
LE PRÉSIDENT - J'ai la plus grande estime pour l'ensemble des personnalités politiques du Portugal, je n'irai pas plus loin dans les choix.
Je vous remercie.
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