Palais de l'Élysée, le mardi 2 mars 1999
LE PRÉSIDENT - Mesdames, Messieurs, je voudrais tout d'abord vous dire la joie qui est la notre de recevoir le Président Vaclav Havel. C'est naturellement le Président de la République tchèque, mais c'est surtout une personnalité européenne exceptionnelle qui a le respect, l'estime et l'amitié de tous les français. C'est un honneur pour nous de le recevoir. J'ajoute que c'est aussi un ami et je conserve dans mon coeur un souvenir exceptionnel de la visite que je lui avais rendue il y a deux ans.
Nous avons d'abord évoqué des problèmes internationaux et en particulier la toute prochaine adhésion de la République tchèque à l'OTAN et l'ordre du jour de la réunion de Washington. Nous avons constaté que nous étions tout à fait d'accord sur tous les points.
Nous avons évoqué la prochaine adhésion de la République tchèque qui se trouve dans la première vague pour ce qui concerne l'Union européenne. J'ai confirmé au Président Havel que la France était, bien entendu, aux côtés de la République tchèque pour ce qui concerne son entrée dans l'Union.
Nous avons ensuite parlé des problèmes internationaux et notamment de celui du Kosovo, et là encore nous avons constaté une parfaite identité de vues.
Enfin nous avons évoqué les problèmes bilatéraux entre nos deux pays, pour constater que nos relations politiques et culturelles étaient excellentes et, dans le domaine économique, nous avons constaté que nous devions encore développer ces relations. J'ai eu l'occasion d'évoquer devant le Président un certain nombre de domaines où la France souhaiterait participer au développement de la République tchèque.
Nous avons enfin évoqué notre vision de l'Europe pour constater que c'était une vision commune. La vision d'une Europe fraternelle, où la solidarité entre les hommes soit confirmée, où la paix soit de ce fait maintenue, où le développement puisse s'opérer au profit de tous dans toute la mesure du possible. Nous avons constaté là encore une totale identité de vues sur ce que devrait être l'Europe de demain et d'après demain.
M. HAVEL - Mesdames et Messieurs, en premier lieu, je tiens à remercier Monsieur le Président Chirac de m'avoir invité à réaliser cette visite d'État qui est très importante pour nous en tant que telle, et aussi à cause du moment où elle se réalise.
Il s'agit d'une première visite d'État du chef de l'Etat indépendant tchèque.
Nous venons en France dans un pays avec lequel nous maintenons de nombreux liens, et ces liens nous les maintenons depuis de longs siècles.
Au XXe siècle, les soldats français et tchèques se sont battus côte à côte dans deux guerres mondiales et toujours du côté des valeurs démocratiques qui sont les nôtres.
Nous venons également en France, dans ce pays qui est une grande puissance européenne et qui a toujours exercé une influence considérable sur l'aménagement des affaires européennes. Depuis cinquante ans, elle a présenté beaucoup, beaucoup d'initiatives et, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c'est la France qui est venue avec l'idée de la construction européenne. Je ne peux que confirmer l'identité de vues que nous avons constatée avec Monsieur le Président Chirac. Pour ce qui est des relations bilatérales entre la France et la République tchèque, il n'y a pas de sujet contentieux, il n'y a pas de conflit, il n'y a pas de controverse entre les deux pays. Néanmoins, en matière de coopération économique nous nous sommes mis d'accord : cette coopération mérite d'être approfondie et la République tchèque souhaite encourager la présence française dans le tissu industriel tchèque.
Nous sommes convenus de constater que l'Europe constitue un seul corps politique, indivisible historiquement parlant, et l'Europe doit émerger devant elle, disons en un sens unique, à savoir un aménagement pacifique et équitable de ses affaires. La République tchèque est prête à participer à ce processus, elle est prête à endosser la responsabilité des affaires européennes. Nous tenons à remercier la France pour son soutien à l'élargissement de l'OTAN, pour son soutien à l'élargissement de l'Union européenne. Les deux processus sont d'une importance que je qualifierai de vitale pour l'Europe non seulement pour la République tchèque, qui, dans le premier cas, va bientôt devenir membre et, dans le deuxième cas, se trouve parmi les premiers candidats.
Je me réjouis d'avance d'une nouvelle discussion amicale avec Monsieur le Président de la République et avec les autres hommes politiques que j'aurai la chance de rencontrer. Comme vous le savez, mon programme est extrêmement riche, je suis accompagné de plusieurs membres du gouvernement tchèque qui rencontreront de leurs côtés leurs homologues français et je suis certain qu'ils s'inspireront de tous les sujets que nous avons évoqués avec Monsieur le Président de la République.
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