Palais de L'Elysée, le lundi 25 octobre 1999
LE PRÉSIDENT - Mesdames, Messieurs, une rencontre au sommet entre la Chine et la France est toujours un événement important, important pour nos deux pays, important pour l'Europe, et tout simplement important pour l'équilibre du monde.
Depuis ma visite d'Etat en 1997, où nous avions lancé ensemble le partenariat global entre nos deux pays, les visites entre nous se sont intensifiées. Le Premier ministre chinois est venu en France en 1998, le Premier ministre français, qui va dans quelques minutes accueillir le Président JIANG ZEMIN à la suite de notre entretien, s'est lui-même rendu en Chine. Les échanges se sont multipliés, notamment entre les ministres, le dernier étant celui du ministre de l'Education nationale, qui était tout récemment en Chine où il a pu obtenir des résultats importants sur le plan du développement de notre coopération à la fois culturelle et scientifique.
Nos entretiens, depuis deux jours, ont été centrés sur une certaine vision du monde, qui est la nôtre, convergente sur bien des points, divergente sur d'autres, comme il est naturel. Convergente, notamment, sur le fait que nous souhaitons un monde multipolaire, harmonieusement développé, pacifique, respectueux du droit et par là-même donnant toutes leurs responsabilités aux institutions internationales, tant dans le domaine politique que dans le domaine économique ou financier. Nous voulons exclure deux dérives : celle d'un monde qui n'aurait pas de règles universellement reconnues, un monde qui serait en quelque sorte un peu chaotique, et une deuxième dérive toujours possible, qui serait celle d'un monde unipolaire qui risquerait fort de devenir un monde étouffant.
Nous avons naturellement, mais je vais y revenir également, évoqué nos divergences de vision, et les moyens que nous devions, en nous concertant, mettre en oeuvre pour améliorer une convergence de vues sur l'avenir.
Nous avons évoqué les problèmes stratégiques et en particulier souligné les dangers d'une éventuelle remise en cause des équilibres stratégiques, les dangers d'une relance de la course aux armements. Nous sommes convenus que le Traité sur l'interdiction des essais nucléaires devait être ratifié le plus vite possible. Nous avons également constaté que toute remise en cause du Traité de défense anti-missiles, c'est-à-dire du Traité ABM, toute remise en cause était porteuse de danger et de déstabilisation, et donc de risques.
Ce monde harmonieux que nous souhaitons suppose également que le Conseil de sécurité assume pleinement ses responsabilités. Il doit y avoir un ordre, un Etat de droit international, mondial, qui ne peut être que démocratiquement élaboré par l'ensemble des nations. Et ces nations sont incarnées par l'ONU dont l'organe d'exécution est le Conseil de sécurité. C'est là que se situe, de notre point de vue, l'autorité, notamment lorsqu'il s'agit d'intervenir ici ou là.
Pour avoir une meilleure approche de ces problèmes internationaux, nous avons donc décidé, d'une part, d'organiser une concertation permanente de nos deux représentants à New York, de nos deux ambassadeurs à New York, pour avoir une concertation permanente sur les problèmes du monde tels qu'appréciés au niveau de l'ONU, et nous avons également décidé, comme Paris l'a déjà avec Moscou et Washington, d'établir une ligne directe, cryptée, entre Pékin et Paris, afin de pouvoir nous consulter directement en cas de besoin.
Notre vision commune d'un monde multipolaire nous a conduits également à évoquer le renforcement des relations entre l'Asie et l'Europe, qui suppose un renforcement des relations, notamment, entre la Chine et l'Europe et entre la Chine et la France. C'est dans cet esprit que nous avons évoqué la prochaine réunion de l'ASEM, qui aura lieu à Séoul l'année prochaine, et la réunion Union européenne/Chine.
L'élaboration de ce monde harmonieux que nous souhaitons suppose également le développement des valeurs de l'humanisme, qui sont des valeurs autour desquelles se regroupent de plus en plus les hommes et les femmes de notre planète, des valeurs qui, également, sont aujourd'hui mises à la portée d'un nombre croissant d'hommes et de femmes avec les progrès, inéluctables heureusement, de la technologie, et notamment de la technologie des communications. Nous entrons dans un monde où l'information, comme les hommes et les services, comme les biens et les financements, ne connaissent plus les frontières et les connaîtront de moins en moins. C'est dans cet esprit que nous avons évoqué les problèmes liés aux droits de l'Homme en général, à l'humanisme, pour constater que, là, il y avait encore des approches qui n'étaient pas convergentes. Nous en avons très longuement parlé, en Corrèze, pendant des heures, et je crois pouvoir dire qu'on se comprend mieux quand on se parle longuement.
J'ai évoqué les progrès qui avaient eu lieu avec la signature par la Chine des deux Pactes de 66, sur les droits sociaux, culturels, économiques mais aussi sur les droits politiques et civils. Et je me suis permis de dire au Président JIANG ZEMIN que je pensais qu'un pas important serait fait si ces Pactes, qui ont été signés par la Chine en 97, à partir du moment où l'Occident, où les nations occidentales ont renoncé à leur traditionnelle procédure à Genève, si ces Pactes pouvaient être maintenant ratifiés après avoir été signés.
De la même façon, je me suis réjoui du caractère très positif de la coopération étroite qui existe entre la Chine et la France dans le domaine de l'élaboration du droit et en particulier des relations qui existent, et donc les influences réciproques qui peuvent s'exercer, entre l'Ecole nationale d'administration ou l'Ecole nationale de la magistrature françaises et leurs équivalents chinois, de même qu'entre les grands spécialistes et juristes chinois et français. Dans tous ces domaines, naturellement, j'ai souligné la préoccupation de la France et aussi de l'Union européenne pour ce qui concerne le progrès des droits de l'Homme et des libertés, et j'ai écouté avec attention ce que m'a dit le Président.
Enfin, nous avons longuement évoqué les problèmes bilatéraux et en particulier dans le domaine économique. Je n'entrerai pas, là, dans le détail. Ces questions vont d'ailleurs être à nouveau étudiées entre le Président et le Premier ministre, entre autre. Mais nous avons souligné nos convergences d'intérêts dans les domaines ferroviaire, aéronautique, énergétique et dans bien d'autres encore.
Mêmes convergences sur le plan culturel, avec les progrès enregistrés pour l'enseignement du français en Chine et du chinois en France, et l'ensemble des propositions qui ont été élaborées par le ministre français et ses homologues chinois dans le domaine des sciences et de la culture.
On peut enfin souligner l'importance que nous avons attachée à la réussite de l'expérience des cinquante architectes français. Nous avons décidé de la poursuivre, de la doubler. Et, finalement, j'ai proposé au Président JIANG ZEMIN que nous mettions en oeuvre une procédure permettant d'organiser régulièrement une année de la Chine en France et une année de la France en Chine.
Voilà le compte rendu de nos entretiens, mais je vais maintenant donner la parole au Président JIANG ZEMIN.
M. JIANG ZEMIN - Mesdames et Messieurs, le Président Jacques CHIRAC vient de faire une excellente synthèse de nos entretiens. J'ai eu avec lui une dizaine d'heures de conversation à Lyon, en Corrèze et à Paris. Nous avons abordé de vastes sujets et nous nous entendons bien. Ce qui montre l'agrandissement continu du partenariat global sino-français.
Nous avons passé en revue le développement des relations bilatérales depuis l'adoption de la déclaration conjointe sino-française. Nous nous félicitons des progrès enregistrés dans notre coopération sur les plans politique, économique, commercial, culturel et autres. Nous estimons l'un comme l'autre que la coopération entre nos deux pays possède encore de grandes potentialités et a devant elle de larges perspectives de développement.
Par ailleurs, nous avons eu aussi un échange assez franc et approfondi sur la situation mondiale actuelle et les importants problèmes internationaux. Nous sommes tous les deux d'avis que le monde au XXIe siècle doit être un monde multipolaire marqué par la paix durable, la prospérité commune et la coexistence harmonieuse entre les différents peuples.
La Chine et la France renforceront dans les affaires internationales leur consultation et leur coopération et travailleront ensemble pour promouvoir la réalisation de cet objectif.
Voilà ma deuxième visite d'Etat en France en cinq ans, qui m'a amené d'abord au coeur même de la France, dans le beau Massif central. J'ai pu donc approfondir encore ma connaissance de la France et de son peuple. J'ai la conviction que cette visite contribuera au développement ultérieur des relations entre la Chine et la France. Je vous remercie.
QUESTION - Je voudrais poser une question à M. le Président de la Chine. Vous avez donc parlé longuement du problème des droits de l'Homme. Est-ce que vous pouvez nous dire vos points de vue, similaires ou différents ? Est-ce que cette divergence de vues a aussi influencé le développement de votre coopération ?
M. JIANG ZEMIN - Il faut dire que le Gouvernement chinois a toujours attaché une grande importance aux droits de l'Homme, pour promouvoir et défendre les droits de l'Homme dont jouit notre peuple multi-ethnique et ses libertés fondamentales. Nous avons déployé des efforts et nous avons aussi remporté des succès qui ont attiré l'attention du monde entier.
Tout récemment, l'Union européenne nous a critiqués dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme. Pour nous, cela n'est pas fondé. Il s'agit d'une ingérence dans nos affaires intérieures.
J'ai pu aborder avec le Président CHIRAC le fait que nos pays diffèrent en matière de situation géographique et de niveau de développement. Il est donc tout à fait normal qu'il existe des vues divergentes en matière de droits de l'Homme. La Chine est toujours disposée à dialoguer avec l'Union européenne et mener des échanges avec elle en matière de droits de l'Homme pour promouvoir ces échanges et résoudre délicatement ce problème.
LE PRÉSIDENT - Je vous ai dit tout à l'heure qu'il y avait entre la Chine et la France, la Chine et l'Europe, des convergences fortes, qui sont des convergences politiques, des convergences d'intérêt et de conviction sur un certain équilibre du monde de demain.
Il y a aussi naturellement des divergences. Il n'y a aucune raison de les cacher. Nous avons une approche en ce qui concerne les valeurs de l'humanisme qui n'est pas la même, et donc nous estimons qu'il faut en parler. Et nous en avons parlé longuement, sans agressivité inutile naturellement, mais avec conviction.
Alors, le Président JIANG ZEMIN vous a dit ce qu'il en pense. Moi, je vous dirai simplement que la Chine est, et a vocation à être, en plus, une très grande puissance dans le monde de demain. J'ai la conviction que, compte tenu de l'évolution politique, technologique, de l'humanité, une grande puissance sera forcément démocratique.
Alors, je souhaite naturellement que la Chine progresse dans ce domaine comme les autres, que la Chine devienne de plus en plus démocratique, le Président JIANG ZEMIN l'a lui-même évoqué dans son discours à Lyon, que les libertés y soient de plus en plus affirmées et, je le répète, nous avons parlé très longuement de ces sujets lors de nos entretiens en Corrèze.
Je suis heureux que le Président ait souligné tout à l'heure qu'il avait apprécié le Massif central et sa perle, qui est la Corrèze, en particulier.
QUESTION - Monsieur le Président, tout récemment, vous avez eu des dialogues sur l'évolution de la démocratie en Chine. A l'occasion de votre rencontre en Corrèze, vous avez donc parlé de la démocratisation en Chine. Est-ce que vous pouvez nous fournir des détails sur vos discussions ?
M. JIANG ZEMIN - En ce qui concerne la démocratie, aujourd'hui le temps est très limité pour ce sujet. Tout le monde, par exemple le vice Premier ministre, QUIAN QICHEN, et moi-même, nous avons déployé des efforts pendant notre jeunesse, quand nous étions des étudiants. Il faut dire que nous avons toujours participé à cette lutte pour la liberté et la démocratie. Après la fondation de la République Populaire de Chine, la constitution chinoise a consacré ces droits de l'Homme et dans la pratique, nous avons aussi travaillé sans relâche pour élargir la jouissance de ces droits tout en renforçant l'Etat de droit. La démocratie n'est pas un concept absolu, au contraire, c'est relatif. Donc, c'est relatif aux particularités de chaque pays. Par exemple, la Chine a une grande population d'1,2 milliard d'habitants. Je me suis donc dit : comment nourrir et bien habiller cette grande population ? Il s'agit d'un important problème qui est celui des droits à l'existence et au développement.
Cela suscite des réflexions profondes des Chinois et ici, comme le temps est limité, je ne peux faire qu'une explication assez brève.
QUESTION - Quel sera le rôle de la Chine dans l'avenir ? Est-ce que vous avez atteint vos objectifs à travers les deux premières étapes de votre visite, en Grande-Bretagne et en France ?
M. JIANG ZEMIN - J'ai toujours une idée sur mes visites d'Etat : il faut promouvoir la connaissance mutuelle entre les dirigeants des différents pays tout en contribuant à l'accomplissement et à l'approfondissement des relations entre les peuples différents. A travers ma présente visite en France, et aussi pendant ma visite en Grande Bretagne, j'ai l'impression que le monde, malgré sa taille géographique, grâce aux progrès scientifiques en matière de l'information, semble se rétrécir. Dans ce cas, donc, nous devons renforcer notre connaissance mutuelle, c'est très important. Il faut aussi reconnaître le manque de connaissance, d'autre part, à l'égard du reste du monde, mais je crois que ce problème peut-être un peu plus grave du côté occidental. Le seul remède à ce problème c'est de renforcer les échanges entre les dirigeants. Donc on doit parler en tête-à-tête. Ces derniers jours, à travers cette visite, nous avons réalisé ces objectifs entre moi et le Président CHIRAC. Parmi mes dernières visites à l'étranger, c'est la première fois que j'ai eu des entretiens si francs et si approfondis avec un dirigeant étranger. A travers ces entretiens, nous pouvons exprimer nos points de vue qui nous sont propres, cela est tout à fait bénéfique à un établissement de contacts directs entre nous.
QUESTION - Monsieur le Président, tout à l'heure, le Président JIANG a dit que c'était la première occasion pour lui d'avoir un entretien si long et si approfondi et si franc avec un dirigeant étranger. Nous avons remarqué, pendant cette visite, en moins de trois jours, que vous avez déjà eu plus d'une dizaine d'heures d'entretiens et vous avez déjà pris plusieurs repas ensemble. Est-ce que vous avez eu une réflexion particulière en décidant cet accueil de si haut niveau. Dans ce monde qui évolue vers la multipolarité, comment les relations entre la Chine et la France doivent-elles se développer pour répondre à cette évolution ?
LE PRÉSIDENT - Je crois que la Chine, qui est une grande puissance asiatique, et la France, qui est une puissance importante en Europe, dans une Europe qui s'organise, constituent deux pôles importants du monde de demain. Et à partir du moment, je le répète, où notre vision du monde de demain est une vision multipolaire, il m'apparaît essentiel que les relations entre ces deux pôles soient en permanence renforcées. Que les échanges soient permanents dans tous les domaines, notamment dans le domaine politique, d'où l'importance que j'attachais aussi à ce que nous puissions parler, et parler sérieusement et longuement, de ce qui nous sépare comme de ce qui nous unit. Cela a été l'objet de ces entretiens dont vous avez souligné qu'ils avaient été longs.
On s'est interrogé sur cette initiative d'une réunion chez moi, en Corrèze. Je vais vous dire, lorsqu'on a des choses très sérieuses à discuter, il faut créer les conditions qui permettent cette discussion sérieuse. Et les entretiens en Corrèze, cela a permis des discussions plus longues, plus approfondies, plus libres aussi. C'est en se parlant que l'on apprend à se connaître, à se comprendre. C'est en se connaissant mieux qu'on fait avancer les choses. Et voilà pourquoi, pour ce qui me concerne, je suis très heureux de ces entretiens. Et j'ai cru comprendre que ce sentiment était également partagé par le Président JIANG ZEMIN.
QUESTION - Monsieur le Président, quel message pourriez-vous adresser aux manifestants français et chinois, citoyens ou hommes politiques qui ont accompagné votre visite aussi bien en Grande-Bretagne qu'en France ? Que pouvez-vous leur dire pour les rassurer sur leurs préoccupations ? Ma question valait aussi pour le Président CHIRAC, mais vous avez en partie répondu. Que pouvez-vous répondre à ceux qui expriment un trouble sur la manière dont vous avez accueilli le Président JIANG ZEMIN ?
M. JIANG ZEMIN - Je ne connais pas exactement leurs préoccupations, mais dans beaucoup de pays que j'ai visités, j'ai rencontré ce phénomène. Certains ont fait des demandes, ont posé des questions. Je crois aussi qu'il y a une identité de vues entre les différents dirigeants du pays. En ce moment, il y a un slogan pour l'indépendance du Tibet. Mais je crois que Monsieur CHIRAC ne doit pas partager ce point de vue. Dans ce domaine, nous avons seulement une méthode. Au niveau international, il ne faut pas passer par là pour renforcer les échanges internationaux. Au niveau national, nous avons aussi des méthodes démocratiques, nous avons toujours prêté une oreille attentive à notre peuple et nous avons aussi huit groupements et partis démocratiques. J'ai souvent des contacts avec eux. C'est le seul moyen pour organiser notre peuple si important dans l'édification de notre pays. Cela est aussi une contribution à la stabilité de notre pays, de l'Asie et de l'ensemble du monde.
QUESTION - Monsieur le Président, vous avez dit plusieurs fois que le monde du XXIe siècle, c'est un grand sujet qui mérite une réflexion sérieuse pour les dirigeants de tous les pays du monde et surtout des pays importants. Votre visite en France a eu lieu au seuil d'un nouveau siècle. D'après vous, quels sont les grands problèmes que l'on devra résoudre au siècle prochain et, à ce sujet, quelles sont les vues de la Chine et de la France ?
M. JIANG ZEMIN - A mon avis, le monde d'aujourd'hui est en mutation majeure et profonde. Les deux grands thèmes que l'humanité doit traiter aujourd'hui sont toujours la préservation de la paix et la promotion du développement commun. Cela doit constituer aussi les objectifs de nos pays pour le XXIe siècle. Pour régler ces deux problèmes, il est indispensable d'instaurer un nouvel ordre politique et économique international qui soit juste et équitable. Et j'estime depuis toujours que, pour mettre en place ce nouvel ordre, on doit en premier lieu s'en tenir aux normes établies après la Deuxième Guerre mondiale et reconnues par la communauté internationale, dont les plus importantes sont le respect mutuel de la souveraineté et de l'intérêt territorial, la non-agression mutuelle, la non ingérence dans les affaires intérieures d'autrui, le traitement d'égal à égal et le règlement pacifique des litiges internationaux.
Ces normes ont permis de préserver plus de 50 ans de paix après la Deuxième Guerre mondiale et montrer leur efficacité.
Deuxièmement, il faut aussi renforcer l'autorité des Nations Unies et respecter pleinement cette organisation et faire jouer à fond le rôle positif de l'O.N.U. dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Troisièmement, le processus d'établissement du nouvel ordre international doit être aussi un processus démocratique auquel tous les pays du monde doivent prendre part pleinement. Tous les pays du monde, qu'ils soient grands ou petits, ont un droit égal de participer à l'instauration de ce nouvel ordre. En ce moment charnière de deux siècles, c'est là une question majeure qui touche à l'orientation du nouveau siècle et à la nature du nouvel ordre international. La guerre du Kosovo mérite en effet une réflexion sérieuse de la communauté internationale pour instaurer un nouvel ordre économique et international.
L'attachement aux principes de la coopération mutuellement avantageuse et du dévouement commun est d'une importance fondamentale. La coordination et la coopération planétaires sont indispensables dans le processus de la mondialisation. Les divers pays doivent travailler en commun pour réformer et améliorer l'ordre économique et financier d'aujourd'hui, les pays développés doivent assumer à cet égard davantage d'engagements pour aider les pays en développement et contribuer à la réduction de l'écart entre les pays riches et les pays pauvres.
Parallèlement à cela, il faut respecter les choix faits par les pays en développement à partir de leur propre réalité. La Chine et la France sont deux pays très influents dans les affaires internationales. Elles ont des intérêts communs sur des problèmes internationaux d'importance majeure. Elles préconisent l'une comme l'autre la multipolarité et s'opposent au monde uni-polaire. Elles ont toutes deux une tradition de poursuivre une politique étrangère d'indépendance et, en matière économique, elles sont très complémentaires. Nous sommes pour un monde fait de diversité. Le Président Chirac a dit que la mondialisation ne signifie par uniformisation, il a parfaitement raison. Après les discussions que j'ai eues avec lui, nous sommes parvenus à une identité sur nombre de questions importantes. Les deux pays vont renforcer dans l'avenir leurs échanges, leurs consultations, pour approfondir leur connaissance mutuelle, élargir le terrain d'entente et promouvoir en commun le processus de la multipolarisation du monde. Ils travailleront à l'instauration d'un nouvel ordre politique et économique international juste et rationnel et à la réalisation de la paix et de la prospérité de l'humanité au prochain siècle.
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