Palais du Quirinal, Rome, Italie, le jeudi 7 novembre 2002
M. CIAMPI - Bonsoir, j'ai eu le plaisir de rencontrer à nouveau le Président de la République française et de reprendre donc les entretiens que nous avions entamés à Paris en 1999 lorsque j'ai eu le plaisir d'être invité en France. Cet entretien a été bref mais très intense, il s'est penché surtout sur la position européenne et nous avons constaté essentiellement une communauté d'opinions et de points de vue pour ce qui est de ce moment que nous sommes en train de vivre dans l'histoire de l'Union européenne.
Nous avons donc souligné l'importance des résultats, qui devront être des résultats positifs, des travaux concernant la Convention et donc l'histoire de l'Union européenne. Et nous avons souligné l'importance des progrès pour ce qui est de l'élargissement de l'Union européenne.
Surtout, nous avons souligné l'importance d'un renforcement de la coopération pour ce qui est de la politique en matière d'économie et en matière de politique étrangère et de défense.
Le Président CHIRAC, en 1996, avait promis, lors du sommet du Conseil européen à Dublin, le pacte de stabilité, qui ne devait pas être seulement pacte de stabilité mais aussi un pacte de stabilité et de croissance.
Je me souviens très bien de ce moment car, à l'époque, j'étais ministre du Trésor pour l'Italie. Et il est donc très important que, dans le développement de l'Union européenne, sur la base du principe de la majorité, on atteigne une stabilité, un équilibre, une croissance, un développement. Croissance, développement et stabilité qui sont sur un pied d'égalité au niveau de l'importance.
Il est aussi important que l'Europe, à l'avenir, ne parle pas seulement au monde entier d'une seule voix, mais aussi d'une voix avec plus d'autorité. Cela exige donc un travail au niveau des réformes institutionnelles, chose qui se passe maintenant à la Convention, mais aussi la volonté de la part de tous les pays européens de poursuivre cette évolution vers l'intégration.
Dans un moment comme celui que nous vivons maintenant, où l'Europe se trouve aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme international, il est encore plus important que l'Europe puisse exprimer sa propre volonté et sa propre autorité.
Et je voudrais conclure en faisant mention aussi de l'attention toute particulière que nous prêtons à ces moments difficiles que traverse le Moyen-Orient.
Je voudrais encore une fois saluer le Président CHIRAC et j'espère qu'il pourra dès que possible accepter mon invitation de se rendre en Italie en visite d'Etat.
LE PRÉSIDENT - Je voudrais tout d'abord exprimer au Président CIAMPI ma reconnaissance et lui dire combien j'ai été heureux de m'entretenir avec lui. Nous nous connaissons depuis longtemps et j'ai toujours eu beaucoup de respect, à la fois pour sa réflexion et également pour son action.
Nous avons passé l'essentiel de notre entretien, enfin une part importante de notre entretien, à évoquer les problèmes européens, dans la perspective de la présidence italienne au deuxième semestre de l'année prochaine, qui est une présidence particulière puisque ce sera la période de conclusion de la réforme des institutions de l'Europe. Et, dans tous ces domaines, qu'il s'agisse des institutions, qu'il s'agisse de la politique économique qu'il faut renforcer sur le plan communautaire, qu'il s'agisse de la politique étrangère et de défense commune, j'ai constaté une fois de plus la convergence de vues entre les opinions, la vision, du Président CIAMPI et celles de la France.
Je voudrais pour terminer dire à la fois toute ma reconnaissance au Président pour son accueil mais aussi pour son invitation. J'ajoute, hélas, parce qu'à mes yeux, c'était essentiel, que j'ai exprimé au Président, comme je l'avais fait pour le Président du Conseil, M. BERLUSCONI, tout à l'heure, l'immense émotion qui a saisi la France, dans un grand élan de solidarité et de coeur, à la suite du drame de l'école de San Giuliano. Et j'ai voulu une fois de plus dire au Président, comme je l'ai dit tout à l'heure au gouvernement, toute la solidarité, toute l'affection de la France. Et c'est là où on sent vraiment les liens matériels qui nous unissent, dans la douleur qui est celle de l'Italie actuellement. Et ma pensée va tout particulièrement, naturellement, aux parents des enfants, aux familles des disparus et à leurs amis.
Cette situation dramatique montre bien que l'expression traditionnelle de soeurs latines, dont on qualifie l'Italie et la France, n'est pas un vain mot mais une réalité.
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