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Beyrouth, Liban , le jeudi 4 avril 1996
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Monsieur le Président de la Chambre des Députés,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Depuis des siècles, le Liban et la France entretiennent des liens puissants d'amitié et de confiance, des liens forgés au long de l'Histoire. Pourtant, étrangement, jamais un Président de la République française ne s'était encore rendu en visite officielle au Liban. Qu'il me soit d'autant plus permis de remercier ici les autorités et le peuple libanais pour l'accueil qui m'est allé droit au coeur.
" Depuis toujours ", disait il y a trente ans le Général de Gaulle en recevant le Président Charles Hélou, - que je salue bien amicalement ici -" le Liban apparaît aux Français comme la porte de l'Orient et depuis beaucoup de siècles, la voix de l'Occident est, pour les Libanais, avant tout celle de la France ".
C'est donc tout naturellement, en raison d'abord des sentiments anciens d'affection qui nous unissent mais aussi de la volonté de la France d'être davantage présente dans cette région du monde, que j'effectue aujourd'hui au Liban ma première visite officielle au Proche-Orient.
Je me félicite d'être le premier chef d'Etat étranger, Monsieur le Président, à venir à Beyrouth et à résider dans ce Palais de Baabda, après tant de sombres années.
La France a toujours été auprès de vous, à chaque étape de votre histoire. A l'heure où le Liban tourne la page de la guerre, des tragédies, des déchirements, comment la France n'affirmerait-elle pas, une nouvelle fois, sa volonté d'accompagner votre pays, de l'aider à retrouver la paix, la prospérité, mais surtout son unité et sa souveraineté pleine et entière ?
Monsieur le Président, ma visite survient à un moment où le Liban se trouve engagé sur la voie du redressement et du renouveau, témoignant ainsi de son extraordinaire vitalité, de sa volonté farouche de surmonter les épreuves et de sa foi dans l'avenir.
Depuis six ans, depuis la fin des affrontements et la conclusion de l'accord de Taëf, votre pays a entrepris de panser les plaies, de faire revenir la paix sur l'ensemble de son territoire et d'y rétablir l'autorité de l'Etat. Ayant séjourné ici il y a près de trois ans - où vous m'avez reçu gentiment -, alors que votre pays sortait à peine des combats, je mesure aujourd'hui les progrès accomplis. Ils m'ont fait une forte impression. Ils attestent votre foi inébranlable dans l'avenir et votre volonté d'entrer de plain-pied dans le prochain siècle.
Cet effort gigantesque portera ses fruits, j'en suis convaincu. Mais je sais aussi quelles lourdes contraintes il fait peser sur votre population déjà durement éprouvée.
Malgré les difficultés, votre pays reconstitue peu à peu le tissu social qui faisait sa force et sa solidité avant-guerre. Chacun est désormais invité à s'impliquer davantage dans le fonctionnement des institutions.
C'est ainsi, par la confiance retrouvée, par l'adhésion et le concours de tous à la recherche de la paix et à l'effort de reconstruction, que le Liban retrouvera cette situation privilégiée qui était naguère la sienne dans cette région du monde. Cette tradition de dialogue et de respect mutuel qui est dans votre vocation, sera, pour votre pays, gage de réconciliation et de renouveau.
Oui, la France croit en l'avenir du Liban. Un Liban réconcilié, rassemblé, tout entier mobilisé pour faire ressurgir des ruines de la guerre, la démocratie, le progrès et la paix. C'est d'abord ce message d'amitié et de confiance que j'ai voulu, Monsieur le Président, porter au peuple libanais en m'adressant cet après-midi à ses représentants.
Il y faudra beaucoup de volonté, de persévérance et de courage. Les Libanais n'en manquent pas. Ils ont aussi, chevillés à l'âme, cet esprit d'entreprise, ce sens de l'initiative, cet optimisme qui permettent l'impossible, comme en témoigne le chemin déjà parcouru depuis quatre ans. Qu'ils sachent pouvoir compter sur la solidarité de la France.
Mais le redressement du Liban passe aussi par la recherche d'une paix globale au Proche-Orient et l'instauration de relations confiantes entre Etats voisins. Par paix globale, j'entends une paix qui soit juste, complète, propre à désamorcer les tensions, les frustrations, la violence dans cette région du monde, propre aussi à rapprocher effectivement les hommes. Là encore, la France est disposée, si les parties le lui demandent, à participer à la garantie de cette paix.
Monsieur le Président,
Nos liens séculaires, cette tradition d'échanges qui unit nos deux pays, nos deux vieilles nations, nous invitent à développer davantage notre coopération dans tous les domaines, politique, culturel, économique. Cet avenir de paix et de progrès qui se dessine au Proche-Orient, abordons-le ensemble.
Fidèle à l'Histoire, à nos valeurs partagées, confiante en l'avenir, la France est à vos côtés. Elle l'est par son action diplomatique, en soutenant, dans toutes les enceintes internationales et en toutes occasions, votre volonté légitime de recouvrer votre souveraineté sur tout votre territoire, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations Unies et conformément aussi à l'esprit de l'accord de Taëf. Elle l'est en plaidant sans cesse la cause du Liban auprès de ses partenaires de l'Union européenne.
Elle le sera demain, en veillant à ce que les négociations de paix garantissent les droits et les intérêts du Liban. Sachez que mon pays n'acceptera jamais une paix qui ne garantirait pas la pleine indépendance et la pleine souveraineté de votre pays.
Enfin, la France continuera de se tenir résolument à vos côtés dans l'effort de reconstruction que vous avez entrepris avec succès. Qu'il s'agisse du rétablissement et de la modernisation de vos infrastructures auxquels participent pleinement nos entreprises. Qu'il s'agisse aussi de votre rayonnement intellectuel et culturel, et la France entend bien resserrer ses liens universitaires avec le Liban.
La France souhaite un Liban prospère, réconcilié, souverain, qui soit un exemple en même temps qu'un facteur de stabilité et de développement dans cette région du monde. Elle entend contribuer activement à l'essor de votre pays, au succès de vos entreprises, à la pleine satisfaction de vos aspirations légitimes. Voilà, Monsieur le Président, le sens que j'ai voulu donner à ma visite dans votre pays.
Monsieur le Président de la République, je lève mon verre en votre honneur et en l'honneur de Madame Mona Hraoui à qui je suis heureux de présenter mes respectueux hommages. Je lève mon verre à la paix. Je bois à l'indépendance, à la souveraineté, à la prospérité et au bonheur du Liban. Je bois à l'amitié entre nos deux pays et à notre avenir partagé.
Vive le Liban !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-libanaise !
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