Ouagadougou, Burkina Faso, le vendredi 6 décembre 1996
Monsieur le Président du Burkina Faso, Cher Blaise Compaoré,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Recteur
Mesdames et Messieurs les professeurs,
Je voudrais également saluer les étudiants, bien entendu.
Je voudrais dire, Monsieur le Recteur, combien je suis sensible à la décision du Conseil de l'Université et honoré par cette distinction d'autant que je comprends que c'est la première fois que vous la remettez.
C'est pour moi émouvant venant d'une jeune et dynamique Université qui s'est développée, a fait ses preuves et qui connaît maintenant une notoriété internationale, et notamment africaine, importante. En témoigne, d'ailleurs, le nombre d'étudiants étrangers, venus notamment de l'ensemble de l'Afrique et des Comores, et qui sont ici pour apprendre et assurer l'avenir de leur pays et bien entendu du Burkina Faso.
Je n'oublie pas que ce pays a, Cher Président, des caractéristiques particulières. Il tient probablement d'une histoire très ancienne, le fait que sa cohésion sociale est beaucoup mieux assurer qu'ailleurs et que l'existence d'un long empire, peu perturbé par l'histoire, a permis d'éviter les problèmes ethniques qui trop souvent heurtent l'évolution des pays qui vous entourent. L'histoire vous a donné une sorte de sagesse, d'ouverture d'esprit, de convivialité, toutes qualités africaines, bien sûr, mais qui, ici, plongent très loin dans l'histoire, leurs racines.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la première histoire de synthèse de l'Afrique a été écrite ici, au Burkina Faso, et je voudrais rendre hommage au Professeur Ki'zerbo pour l'oeuvre très remarquable qu'il a accompli dans ce domaine ouvrant la voie à la grande histoire de l'UNESCO prise à l'initiative d'un autre grand africain, l'ancien directeur général, Monsieur M'Bo, et qui maintenant donne à l'Afrique ce qui lui manquait, je dirais, ses lettres de noblesse.
J'engage tous les étudiants qui sont ici, et qui acquierent des connaissances dans tous les domaines du savoir, à ne jamais oublier que le savoir est important, mais qu'il doit être assis sur une connaissance de son histoire, de ses traditions, de sa civilisation, de ses arts et l'histoire, la tradition, la civilisation, les arts africains en général, ceux de cette région de l'Afrique en particulier, depuis près de mille ans notamment, sont des éléments qui doivent vous permettre de restituer vos connaissances dans une vision et dans une ambition nationale forte.
Je voudrais également remercier le Président, Blaise Compaoré qui a organisé, c'est vrai, un superbe XIXème Sommet entre les pays Africains et la France, qu'il la fait dans des conditions particulièrement efficaces et agréables et qui m'a donné l'occasion de rendre hommage à cette Afrique sans laquelle le monde ne serait pas ce qu'il est.
Et m'adressant de nouveau aux jeunes, je voudrais leur dire qu'il faut avoir l'ambition et l'espoir chevillé au corps. La bonne gouvernance que le Président du Burkina Faso a voulu mettre au coeur de la réflexion des Chefs d'Etats et de gouvernements africains, est ici plus qu'une réflexion ou qu'un espoir c'est une réalité en marche. Cette bonne gouvernance, qui s'appuie sur un certain nombre de principes qui font la dignité de l'homme, cette bonne gouvernance, peut seule permettre d'inspirer, notamment aux jeunes, la confiance et l'espoir pour demain et donc être à l'origine d'un développement qui ne soit pas artificiel mais qui soit l'expression du dynamisme, de l'engagement personnel, de l'initiative, de la responsabilité.
Ma conviction c'est qu'après bien des difficultés, avec encore de nombreux problèmes à régler, parfois de drames, et nous le voyons aujourd'hui, l'Afrique, et je ne cesse de le répéter, est aujourd'hui sur la bonne voie. Le dernier témoignage que l'on peut en apporter c'est précisément les réflexions qui ont eu lieu, hier, ici à Ouagadougou, entre tous les Chefs d'Etats et de gouvernements africains pour, je crois, la première fois pratiquement rassemblés, et qui tous étaient sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne la vision de l'avenir de l'Afrique. Les exigences de la maîtrise des événements de l'intégration régionale, de la paix qui doit être en permanence assumée, renforcée, quelques soient les difficultés auxquelles nous sommes confrontées.
Les étudiants qui, ici, probablement mieux que presque partout ailleurs en Afrique, bénéficient d'une formation adaptée au temps moderne, doivent être non seulement les porteurs de la civilisation africaine et burkinabé de demain mais également les moteurs de l'espoirs de l'Afrique de demain, une Afrique qui pourra totalement s'épanouir et s'exprimer dans un monde plus solidaire.
C'est ce message que je voudrais adresser à la jeunesse du Burkina Faso en remerciant encore -et j'en suis très ému-, croyez-le bien, le conseil de l'université, les autorités du Burkina Faso, mon ami Blaise Compaoré à la fois pour l'accueil et pour l'honneur qui m'est réservé aujourd'hui. Monsieur le Recteur, merci.
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