Libreville, le 16 juillet 1996
Mesdames, Messieurs,
Mes Chers compatriotes,
Laissez-moi vous dire ma joie d'être ici, avec vous, au Gabon, par un temps particulièrement agréable et d'y être avec le Ministre de la Coopération et Ministre de la Francophonie, je tiens d'abord à remercier notre Ambassadeur et Mme Lunven, pour leur accueil chaleureux auquel nous sommes tous sensibles.
Je suis venu ici, et au Congo ensuite, pour marquer l'importance que les pouvoirs publics français attachent à l'Afrique et plus particulièrement à l'Afrique francophone. Après les dernières réunions, celles du Sommet européen, et surtout du G7 à Lyon, où nous avons exposé les raisons qui justifient le maintien d'une aide au développement. J'ai souhaité dire en Afrique ce que je ferais demain à Franceville et après-demain à Brazzaville, pourquoi la France considère que l'Afrique est sur le bon chemin et pourquoi il est légitime et justifié de l'aider sur ce chemin.
J'ai voulu le faire au Gabon, parce que c'est un pays dont les liens avec la France sont forts et particuliers. Nous venons de fêter le 150 ème anniversaire des relations franco-gabonaises. Nous avons ici, grâce à vous, la deuxième communauté française d'Afrique et je sais qu'elle est particulièrement dynamique. Je voudrais, à ce titre, lui exprimer ma très profonde reconnaissance, celle de tous les Français, puisque, grâce à vous, nos intérêts ici se développent et les intérêts du Gabon en même temps.
J'ai eu l'occasion de dire donc, notamment à Lyon, pourquoi je considérais que l'Afrique était sur le bon chemin et pourquoi il fallait l'aider. Nous sommes dans un monde, on le dit toujours, où la mondialisation s'affirme, c'est vrai, et si l'on n'y prend pas garde, on risque de laisser sur le bord de la route des hommes, des femmes dans chaque pays, et des pays dans le monde. A la fois la morale, mais aussi l'intérêt politique, justifient donc un effort particulier qui doit être d'ailleurs un effort partagé. Effort des pays qui ont les moyens d'apporter leur solidarité à ceux qui en ont besoin, et effort de ces derniers naturellement pour progresser sur la voie qui inspire la confiance, car il n'y a pas de développement sans confiance aujourd'hui. Et la confiance, cela suppose l'affermissement de l'état de droit, et nous voyons un peu aujourd'hui partout en Afrique, avec c'est vrai des hauts et de bas, des difficultés, des problèmes, mais au total, nous voyons en Afrique s'affermir l'état de droit. Et c'est un élément essentiel de la confiance que l'Afrique doit inspirer aussi bien à ses habitants qu'à l'étranger si elle veut permettre son développement grâce notamment aux apports extérieurs.
Nous voyons aussi que la gestion des affaires publiques en Afrique s'améliore sensiblement. Je n'en veux pour témoignage que le fait, qu'aujourd'hui, presque tous les pays africains ont des accords avec les institutions internationales, avec le Fonds monétaire, avec la Banque mondiale. Ce qui prouve que les méthodes de gestion se sont fortement améliorées. Cela aussi est indispensable si l'on veut inspirer confiance et donc si l'on veut permettre le développement.
Enfin, j'ai le sentiment que, de plus en plus, les pays africains comprennent que les relations régionales et un renforcement permanent de ces relations, sont tout à fait essentiels, si l'on veut permettre une certaine synergie des forces économiques et financières. Nous voyons aujourd'hui, petit à petit là aussi, s'affirmer cette synergie, se créer ces relations régionales indispensables.
De la même façon, même si hélas, il y a de cruelles exceptions, nous voyons, notamment au niveau de l'organisation de l'unité africaine, se renforcer la diplomatie préventive pour essayer de prévenir les crises dont véritablement l'Afrique n'a pas besoin et là encore, il y a incontestablement un progrès avec tous les problèmes qui subsistent et qui ne sont pas réglés, c'est vrai, mais globalement la prise de conscience par l'ensemble des dirigeants africains de la nécessité d'agir de façon plus efficace en matière de diplomatie préventive est un élément important d'une certaine stabilisation de l'Afrique sur le plan politique.
Le résultat, sans que l'on s'en rende tout à fait compte encore à l'extérieur, c'est que la situation de l'Afrique s'améliore. J'aurai l'occasion de l'évoquer demain à Franceville, et que la confiance qu'elle inspire augmente. Mais hélas, nous nous trouvons dans une période où l'égoïsme se développe également et ce sont les
grandes puissances actuelles, dans les pays industrialisés, au sein même des pays les plus industrialisés du monde, ceux qui se sont réunis récemment à Lyon, on sent, je dirais une certaine propension à un désengagement de l'aide au développement. Et nous nous trouvons à un moment de fracture où on voit bien que l'Afrique avance et qu'elle a besoin d'autant plus d'une aide et d'une main fraternelle et d'un autre côté une espèce de tendance au désengagement.
La France a pris pour position de se faire le champion, ou l'un des champions, de l'aide aux pays qui en ont besoin et notamment aux pays les plus pauvres, notamment aux pays africains, ceci je l'évoquais tout à l'heure pour des raisons à la fois morales et politiques. Cette aide en réalité, cette main nous la devons à l'Afrique pour bien des raisons. Nous avons un devoir de solidarité qui s'impose et j'entends pour ma part que ce devoir soit assumé.
Voilà pour le contexte général, mais bien entendu, essentielle est l'action individuelle, l'action de chaque entreprise, l'action de chacune et de chacun d'entre vous, dans le domaine civil, militaire ou religieux, dans le domaine de la coopération ou de l'industrie, du commerce, de l'artisanat, de la culture, dans le domaine associatif où beaucoup peut et doit être fait, et d'ailleurs est fait. Et cela c'est chacune et chacun d'entre vous, vous avez naturellement et légitiment l'ambition de trouver ici le succès de vos entreprises, vous avez le souhait d'en tirer le profit que vous pouvez en escompter, c'est évidemment normal, mais par là même vous créez un mouvement, une impulsion vous allez dans le sens de ce développement dont cette Afrique, que nous aimons tous, a tant besoin. Vous en êtes l'une des forces et je souhaiterais que de plus en plus la France et dans un nombre croissant de pays africains soit l'une de ces forces, à la fois d'humanisme et de développement.
Voilà pourquoi j'ai été heureux d'exprimer aujourd'hui, au nom de tous nos compatriotes, mes sentiments d'estime, mes sentiments de reconnaissance et puis tout simplement mes sentiments d'amitié.
Merci pour ce que vous faites ici.
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