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Palais de l'Elysée, le Jeudi 13 juin 1996
Madame le Président,
Tout le monde sait que vous parlez parfaitement le français et c'est pour cela que je m'adresserai à vous dans notre langue et non pas en philippin.
Je voudrais saluer les personnalités qui ont souhaité être auprès de vous pour cette distinction celle que je connais et dire un mot particulier d'amitié à Monsieur Perez de Cuellar et à notre cher Directeur Général de l'UNESCO. Puisque c'est grâce à l'UNESCO que nous avons le privilège de votre visite, j'ai toujours pensé que Monsieur Frédérico Mayor faisait les choses pafaitement.
Madame le Président, C'est pour moi une très grande joie de vous accueillir à Paris.
Votre séjour en France résulte aussi d'un petit complot que nous avions fait, le Président Ramos et moi-même, à l'occasion du Sommet euro-asiatique de Bangkok. C'est à cette occasion que je lui avais demandé si vous pouviez venir à Paris et je suis très heureux que ce projet ait pu prendre forme.
Je m'en réjouis d'autant plus que votre visite me permet de rendre hommage à une très fidèle amie de la France.
Cette amitié, qui vous unit à notre pays, est née pendant ces années de formation où, jeune étudiante boursière du gouvernement français, vous avez préparé et présenté avec succès un doctorat de littérature comparée à l'Université de Paris-Sorbonne. Vous voyez, Monsieur le Directeur Général, que lorsque je dis que notre hôte parle très bien le français, j'ai des raisons et cela vous dispense de s'adresser à elle en anglais. Cet attachement, Madame le Président, ne s'est pas démenti lorsque vous êtes retournée dans votre pays, après 4 ans et demi ici. Votre action au sein de l'Alliance française de Manille, où vous avez d'ailleurs enseigné le français, a montré la force de ce sentiment qui vous porte vers notre culture et vers notre langue dans laquelle, je le sais, vous aimez vous exprimer. Aussi m'est-il très agréable d'imaginer aujourd'hui que, de retour à Paris, vous vous sentez ici chez vous.
Mais cet hommage, Madame, ne s'adresse pas seulement à l'amie, il s'adresse aussi à la femme qui s'est construit, sur son talent et son travail, une carrière nationale et internationale exemplaire.
Vous êtes entrée dans la diplomatie en 1964. Votre carrière vous aura conduite, comme ambassadeur des Philippines, - je profite de cette occasion pour saluer avec mes respectueux hommages l'ambassadeur des Philippines à Paris-, en Roumanie d'abord, puis en Australie. Je sais aussi quel rôle vous avez joué plus tard, comme vice-ministre des Affaires étrangères, dans le rééquilibrage de la politique étrangère de votre pays en faveur de l'Europe.
Vous avez exercé par ailleurs, à de multiples reprises, de hautes responsabilités dans le cadre des Nations Unies. Vous avez été nommée sous-secrétaire général aux affaires humanitaires et au développement. Ces fonctions vous ont amenée à jouer un rôle actif dans de grandes conférences internationales et c'est ainsi que, l'année dernière, à Pekin, vous avez participé à la quatrième Conférence mondiale sur la Femme : l'action que vous avez menée à Manille, comme aux Nations Unies, en faveur des droits de la femme, vous qualifiait tout particulièrement pour cette mission.
Je soulignerai aussi votre engagement dans la vie internationale au nom de valeurs que nous avons en partage et qui fondent la démocratie ; il constitue une contribution appréciée à l'édification d'une société internationale plus juste, pour reprendre votre propos.
C'est avec la même conviction et la même détermination qu'en 1987, dès votre première élection au Sénat, comme sénateur, vous vous êtes impliquée dans la construction d'une démocratie moderne aux Philippines.
Mais vos tâches importantes dans cette Haute Assemblée, où vous présidez non seulement la commission pour l'agriculture et l'alimentation, mais aussi la commission sur les femmes et la famille, n'ont pas infléchi l'intérêt que vous n'avez cessé de manifester à l'égard de la vie internationale. Ainsi, en vous, je salue aussi le vice-président de la Commission philippine pour l'UNESCO, venu à Paris à l'occasion de la semaine organisée en l'honneur de votre pays.
Enfin votre visite, Madame, témoigne de la qualité des liens qui existent entre la France et les Philippines.
Depuis la visite officielle, à Paris, en 1994, (nous en parlions tout à l'heure) du Président Ramos, votre frère, nos relations bilatérales ont connu une véritable relance. Je tiens à souligner le rôle actif de l'ambassade et de l'ambassadeur des Philippines que je remercie à ce sujet.
J'en veux pour preuve les récentes réunions du Comité militaire franco-philippin et du Comité économique mixte. Les rencontres entre les membres des Gouvernements de nos deux pays se multiplient également et je m'en réjouis sincèrement et ceci ne peut que se développer.
De même, de récents contrats entre des entreprises philippines et françaises sont venus relancer nos relations économiques et commerciales.
Ces évolutions positives participent bien de l'esprit qui préside aux nouvelles relations appelées à s'instaurer, je le souhaite ardemment, entre l'Europe et l'Asie notamment depuis le Sommet de Bangkok, en février dernier.
Toute votre action, Madame, a milité en faveur du rapprochement entre les Philippines et la France. Continuer à oeuvrer au renforcement de nos liens et de notre amitié est je le sais votre ambition.
J'y souscris naturellement de tout coeur et je souhaite que cette cravate de commandeur de la Légion d'honneur, que je suis très heureux et très fier de remettre aujourd'hui à une amie de longue date de la France, soit pour vous une marque de mon estime, de ma considération et de mon amitié, qui sont très sincères et des sentiments identiques que les français ont pour vous-même et pour votre pays. Enfin aux chaleureuses félicitations que je vous adresse, Madame le Président, je voudrais joindre également mes encouragements les plus vifs à persévérer, sous la haute autorité du Président RAMOS, dans votre engagement, afin que puissent se développer et se renforcer des liens privilégiés entre les Philippines et la France : c'est, pour moi, un voeu très cher et je sais qu'il rejoint le vôtre.
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