Glasgow, Écosse, le jeudi 16 mai 1996
My Lord Provost,
Votre Altesse Royale,
Mesdames, Messieurs,
Je tenais d'abord à vous remercier, Lord Provost, pour vos paroles amicales et chaleureuses. Elles m'ont profondément touché.
Je vous ai dit, tout à l'heure, mon vif plaisir à me retrouver dans votre belle cité, que j'ai connue adolescent et à laquelle j'ai rendu visite comme Maire de Paris. Il y a six ans, Glasgow devenait, après Paris, "Capitale européenne de la culture". J'étais naturellement parmi vous en cette occasion puisque, My Lord Provost, j'avais l'honneur de vous passer le relais. Ces instants restent gravés dans ma mémoire.
Glasgow voyait ainsi récompensés les efforts considérables consentis par votre cité devenue "la première ville post-industrielle en Europe". Vous avez su non seulement restaurer et mettre en valeur l'extraordinaire patrimoine architectural datant de l'époque victorienne, mais aussi mieux faire connaître les réalisations, plus récentes, de grands créateurs tels que Charles MACKINTOSH dont on connaît l'influence sur l'architecture du début du siècle et sur le mouvement "art nouveau".
My Lord Provost, de nombreuses manifestations célébraient, en Ecosse, l'an passé, le sept-centième anniversaire de la vieille alliance franco-écossaise conclue par le Roi Philippe le BEL et le Roi John BALLIOL. Une alliance que le Général de GAULLE qualifiait en 1942 de "plus vieille alliance au monde".
De nombreux événements ont, depuis 1295, émaillé les relations entre l'Ecosse et la France. Une histoire dominée bien sûr par le personnage mythique de Mary STUART, Reine de France et Reine d'Ecosse. D'autres figures l'ont marquée. Notamment celle, également tragique, du Comte de MONTGOMERY, Capitaine aux Gardes Ecossaises du Roi de France. Et c'est à Glasgow que la France ouvrait, dès 1782, son premier consulat en Ecosse.
Je ne pouvais, My Lord Provost, séjourner parmi vous sans mentionner les liens anciens et forts qui unissent l'Ecosse et la France, même si, c'est vrai, ils se sont noués d'abord contre un adversaire commun. Les temps ont heureusement changé. Je tenais à rassurer les Anglais qui nous font l'amitié de partager ce déjeuner.
Mais je ne veux pas seulement évoquer le passé, si prestigieux soit-il. Je veux aussi saluer en Glasgow une cité résolument tournée vers l'avenir.
A côté des chefs-d'oeuvre d'antan, Glasgow offre aujourd'hui le visage de la modernité. Elle peut s'enorgueillir d'audacieux et splendides gestes architecturaux parmi lesquels le Royal Concert Hall. Elle peut se flatter d'être la cité européenne disposant du plus fort taux d'espace vert par habitant, ses autorités successives ayant eu à coeur de les préserver et de les accroître.
Enfin Glasgow est aujourd'hui une importante place financière, l'une des premières d'Europe pour la gestion des fonds de pensions. Votre région entend se placer à la pointe des hautes technologies. Aux portes de votre cité, la Silicon Glen rassemble un nombre impressionnant d'industries électroniques. Nous visiterons tout à l'heure l'usine de Pilkington Optronics, fruit d'une collaboration exemplaire entre Ecossais et Français, remarquable par ses méthodes de gestion et de relations humaines. Et je souhaite souligner qu'une trentaine de sociétés françaises sont implantées dans votre région et s'y développent avec succès.
Votre Cité, My Lord Provost, a réussi sa reconversion économique et peut désormais envisager l'avenir avec confiance. Hélas, nous savons aussi que les nécessaires transformations, les contraintes de l'économie mondialisée, entraînent de douloureux problèmes humains.
Vous savez combien je me suis engagé en France dans le combat contre l'exclusion qui est également ici votre combat. C'est pourquoi je vous remercie de m'avoir permis de visiter, ce matin, avec vous, le quartier de l'Easter House et de découvrir les actions menées par la fondation de Son Altesse Royale le Prince de Galles, pour venir en aide à ceux de vos concitoyens en difficulté, leur apporter soutien et mieux-être, les aider à affronter les conséquences du chômage.
De retour à Paris, je me souviendrai, My Lord Provost, Votre Altesse Royale, de ce que j'ai vu ici, des solutions et collaborations originales que vous avez su mettre sur pied. Vous le savez, les problèmes sont les mêmes partout en Europe. A Glasgow comme ailleurs, c'est l'emploi, la formation et l'avenir des jeunes. C'est la délinquance et la drogue. C'est le désespoir et souvent la violence. Nous devons collaborer et tout entreprendre pour relever ces défis.
Enfin, My Lord Provost, permettez-moi de renouveler mes voeux pour l'avenir et la prospérité de Glasgow, et de vous féliciter pour votre brillante nomination comme "Capitale de l'architecture et du design" en 1999. Je souhaite qu'à cette occasion, Glasgow attire à elle de nombreux visiteurs et fasse mieux connaître encore son remarquable patrimoine en même temps que ces formidables capacités d'innovation qui en font une cité d'avenir.
C'est en pensant à cette longue et forte amitié qui unit l'Ecosse et la France et dont continuent de témoigner les succès de notre collaboration, que je vais maintenant lever mon verre.
Je le lève en votre honneur, My Lord Provost, et en l'honneur de Votre Altesse Royale. Je bois à la ville de Glasgow, à sa prospérité, au bonheur de ses habitants. Je bois à l'Ecosse et à l'amitié franco-écossaise.
Vive l'Ecosse !
Vive la Grande-Bretagne !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-écossaise !
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