Bucarest, Roumanie, le samedi 22 février 1997
Mes chers compatriotes,
D'abord un mot, pour vous priez d'excuser notre retard, mais j'étais à l'université de Bucarest dans un dialogue extrêmement sympathique et chaleureux avec les étudiants francophones de cette université et cela a été un peu plus long que prévu, comme toujours. Alors, je vous demande d'accepter ces excuses.
Je voudrais remercier notre Ambassadeur qui a fort bien organisé les choses, et au nom des ministres qui m'accompagnent, vous dire combien je suis heureux de cette occasion de rencontrer - peut-être un peu rapidement mais chaleureusement nos compatriotes -, notre communauté française ici en Roumanie.
Je voudrais également saluer ceux qui m'ont accompagné, nos parlementaires responsables des groupes d'amitiés entre la France et la Roumanie au Sénat et à l'Assemblée nationale.
Je voudrais avoir un mot chaleureux et affectueux pour Mesdames Copossu qui sont ici, et j'ai eu l'occasion de leur dire hier soir toute l'estime, toute la respectueuse estime que tous les français portaient à Monsieur Copossu. Je le leur redis aujourd'hui devant chacune et chacun d'entre vous.
Je remercie les industriels français qui m'ont accompagné pour développer à la fois les échanges et les investissements dans ce pays et saluer, je ne sais pas s'il est là, probablement, l'un d'entre eux, que l'on ne met pas généralement, spontanément sur la liste des industriels : Gérard Depardieu, mais qui est également un grand entrepreneur et qui m'a accompagné dans ce pays qu'il aime beaucoup.
La communauté française en Roumanie a déjà une caractéristique importante c'est qu'elle est en forte croissante même si elle n'est pas encore suffisante quantitativement parlante. En forte croissante, puisque depuis trois ou quatre ans elle a doublé, ce qui est un signe tout à fait encourageant.
Elle est présente dans toutes sortes d'activités, l'enseignement, naturellement, j'ai pu encore m'en rendre compte tout à l'heure, les entreprises, tous les représentants des entreprises françaises pas encore suffisantes mais tout de même nombreuses et importantes, les membres des organisations non-gouvernementales que je tiens à saluer notamment celles qui concernent les problèmes sociaux pour lesquelles nous avons l'intention de collaborer étroitement avec le Gouvernement roumain en particulier pour tout ce qui touche les orphelins de ce pays. Et puis non-coopérants, nombreux coopérants, actifs, dynamiques que je remercie de leur travail.
Je me réjouis, aussi, de voir après les échos que j'ai recueillis que les Français ne sont pas seulement à Bucarest, comme ce fut longtemps le cas, et qu'aujourd'hui si les trois quarts d'entre eux sont dans la capitale il y a un bon quart des Français qui se trouvent dans les autres régions et les autres villes de Roumanie.
J'entends encourager le choix de la Roumanie pour celles et ceux de nos compatriotes qui veulent s'expatrier, c'est-à-dire en règle général, les meilleurs. Tout en sachant parfaitement que ce n'est pas toujours facile de faire le choix de la Roumanie quels que soient les liens traditionnels qui existent entre nos deux pays qui sont les liens du coeur, de la culture, pour une large part de la langue, mais je sais très bien que les conditions de vie ici ne sont pas toujours très faciles. Je sais très bien qu'il y a des formalités administratives encore trop nombreuses, trop contraignantes et j'en ai longuement parlé avec le Président Constantinescu. Je vais en parler tout de suite en vous quittant avec le Premier ministre. Les ministres se sont également entretenus avec leurs homologues et j'ai le sentiment qu'il y a une volonté, aujourd'hui, au sein du gouvernement et des autorités de ce pays, une volonté d'améliorer la situation mais j'ai fait remarquer que c'était encore un élément de frein qu'il fallait s'en aucun doute débloquer.
Je sais aussi que la situation des étrangers est précaire et que là-encore il y a des progrès à faire si l'on veut encourager l'implantation de Françaises et de Français en Roumanie. Ce choix nous devons néanmoins l'encourager au maximum, l'encourager en tentant de faciliter les problèmes des Français ici par nos contacts amicaux avec les autorités roumaines et faciliter en disant aux Français, notamment aux jeunes Français, tout l'intérêt qu'il y a à travailler à l'extérieur où nous ne sommes pas suffisamment présents en général, en Europe notamment, et en particulier dans ce pays qui nous est si proche et qui le sera de plus en plus qu'est la Roumanie.
La nature de nos liens historiques et actuels, la nature de nos relations d'ordre culturelle et linguistique font que la Roumanie ne peut être considérée comme un pays dont les liens avec la France ne peuvent dorénavant que se renforcer dans le contexte de la construction européenne parce qu'il est de l'intérêt de la France d'avoir une relation privilégiée avec un pays de culture latine et qui soit pour une large part francophone à l'Est, et de l'intérêt de la Roumanie d'avoir un lien privilégié à l'Ouest avec un pays pour lequel elle a une tentation, des liens spontanés et naturels.
Alors, les messages de ma visite en Roumanie, courte visite, mais une visite très dense était simple. C'est d'abord un témoignage de solidarité, de la France à l'égard de la Roumanie et du renforcement de cette solidarité entre deux pays qui ont toutes les raisons de développer leurs liens. C'est un soutien à l'effort de rénovation, de réforme, d'adaptation qui a été engagé il y a sept ans mais que les dernières élections, celles de novembre dernier, - sans que je veuille ni de près, ni de loin, faire la moindre ingérence dans les affaires politiques intérieures roumaines - semblent avoir voulu confirmer de façon forte et résolue, c'est en tous les cas le sentiment que j'ai eu à la suite de mes entretiens politiques, notamment avec le Président Constantinescu. Réformes indispensables si la Roumanie veut occuper toute la place qui est historiquement, traditionnellement, naturellement, la sienne dans l'Europe de demain.
C'est aussi, un message d'appui aux prétentions légitimes de la Roumanie à réintégrer complètement sa famille, c'est-à-dire l'Europe, qu'il s'agissent de notre soutien pour la volonté roumaine d'être dans la première vague d'élargissement de l'OTAN ce que l'on peut comprendre. Ce souci d'être immédiatement impliqué dans la nouvelle architecture de sécurité européenne appuie également à sa prétention naturelle et souhaitable à appartenir, dès que sa situation le permettra et le plus vite possible, à l'Union européenne. Dans ces deux domaines vous le savez la France appuie sans réserve et avec beaucoup de détermination les ambitions légitimes de la Roumanie.
Volonté enfin de développer entre nos deux pays une relation plus intime. J'ai proposé au Président Constantinescu qui l'a, lorsque je l'ai rencontré à Paris, qui a adhéré immédiatement d'élaborer entre nos deux pays un véritable partenariat qui est pour des raisons que j'ai évoquées tout à l'heure, dans la nature, et qui est notre intérêt commun.
Là-encore, je le redis, je le disais aux étudiants tout à l'heure, entre nos deux pays les raisons du coeur, les raisons de l'esprit sont conformes à nos intérêts immédiats et à venir et nous devons en tirer toutes les conséquences. Donc un partenariat fondé naturellement sur une relation politique très forte, très confiante, fondé sur une relation culturelle excellente et notamment sur le développement commun de la langue française en Roumanie, fondé sur une relation économique qui doit s'améliorer beaucoup, qui est insuffisante tant au niveau des échanges que des investissements, je voudrais que dans le cadre de ce partenariat nous ayons une forte relance qui suppose naturellement des efforts réciproques. Ce que j'évoquais tout à l'heure de la part des autorités roumaines, ce que je souhaite voir effectuer par les entrepreneurs français avec plus d'audace, avec plus d'esprit de conquête. Les entrepreneurs français en terme d'échanges, d'investissements ont ici un lieu qui doit être pour eux privilégié et ils doivent avec beaucoup de dynamisme développer leurs intérêts en Roumanie.
Nous devons avoir également une coopération dans le domaine social, j'ai été très bien impressionné par ce qui m'avait été dit par les autorités roumaines en ce qui concerne notamment le problème des orphelins qui préoccupe tous les gens de bonne volonté naturellement. Et j'ai été heureux de voir que non seulement le gouvernement était décidé à améliorer sensiblement les choses mais également volontaire pour développer une coopération notamment avec la France et je remercie les ONG qui s'en occupent dans le domaine douloureux des droits, mode de vie des enfants roumains concernés.
Voilà quelques observations pour vous dire dans quel esprit se situe mon voyage. Je voulais en terminant, vous dire mon espoir que ce partenariat portera ses fruits, c'est-à-dire que nos liens se renforceront sensiblement, c'est notre intérêt commun. Mais j'ai bien conscience que ce partenariat ne portera ces fruits et que nos liens ne se renforceront que si chacune et chacun d'entre vous fait ce qu'il peut ou ce qu'il doit pour y apporter sa part, que cette part sera naturellement prépondérante, déterminante et je souhaite de tout coeur que vous vous y associer, ce sera je l'espère, votre intérêt et ce sera en tous les cas l'intérêt de la France.
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