Allocution du Président de la République prononcée devant la communauté française à Pékin, Chine.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcée à l'occasion de la réception de la communauté française de Pékin.

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Pékin, Chine, le jeudi 15 mai 1997

Mes Chers Compatriotes,

Je voudrais tout d'abord vous dire ma joie de vous saluer et de vous rencontrer, à peine arrivé en Chine. J'ai souhaité que mon premier geste, ce qui est naturel, soit pour vous dire toute mon estime et mon amitié.

Je voudrais remercier Monsieur l'Ambassadeur et son épouse qui nous reçoivent aujourd'hui. Je voudrais saluer nos ministres, mais également, les personnalités du monde culturel et économique qui ont bien voulu m'accompagner et, notamment, Alain Peyrefitte de l'Académie française dont chacun connaît la compétence et le goût pour ce pays et Antoine Rufenacht, Président de la région de Haute-Normandie, qui a, de façon particulièrement dynamique, développé des relations avec la Chine.

Cela fait quatorze ans qu'il n'y avait pas eu de visite d'un chef d'Etat français dans ce pays. Depuis lors, les choses ont beaucoup évolué. Nous avons l'ambition, vous, vous le démontrez sur le terrain chaque jour, nous à Paris, au niveau naturellement, des pouvoirs publics, de prendre dans le développement de ce pays la part que nous pouvons assumer. Il y a à cela bien des raisons. La France est probablement le pays occidental qui, le premier, a marqué un intérêt fort pour l'histoire, la civilisation, la culture chinoise. La France est le premier pays occidental, à l'initiative du général du Gaulle, à avoir reconnu la Chine moderne, ce pays, disait-il, plus vieux que l'histoire. La France aujourd'hui, me semble-t-il, malgré le dynamisme de la communauté française ici et son importance, par rapport à celle des autres nations européennes, n'a pas tout à fait la place qu'elle devrait avoir ici. D'ailleurs la France doit toujours avoir pour ambition d'améliorer son rang, sa place, ses positions. C'est vrai sur le plan politique, c'est vrai sur le plan économique. Tout est plus ou moins politique dans les relations internationales.

Ma visite ici a pour objectif premier, de relancer une relation politique qui en avait besoin. C'est dans cet esprit que j'aurai l'occasion, aujourd'hui même d'ailleurs, de signer avec le Président Jiang Zemin une déclaration politique commune de nature à fixer les bases de notre accord et de notre partenariat. Mon souhait étant, et le sien aussi, de relancer sur des bases plus solides le partenariat politique sino-français.

Il y a ensuite nos relations économiques. Je sais le dynamisme de toutes celles et de tous ceux qui, ici, participent au développement économique et à nos intérêts. Depuis moins de trois ans, le nombre des entreprises françaises présentes ici est passé, je crois, de 200 à 500. Mais, il s'agit d'une aventure exceptionnelle, le plus grand marché du monde, une croissance de l'ordre de 10%. Ce sont des horizons fantastiques pour l'initiative, pour le développement. La place de la France n'est pas ce qu'elle devrait être.

J'ai toujours été frappé, quand je viens en Asie, d'observer que l'on connaît mal, finalement, la place et le rang réel de la France dans l'économie du monde. Nous avions intérêt à le faire davantage savoir, car c'est une référence forte. La France est la quatrième puissance économique du monde, le quatrième exportateur, le deuxième pour les services dont chacun connaît le développement, le deuxième pour les productions agricoles, le premier pour l'agroalimentaire. Nous avons donc à la fois une compétence, un savoir faire, des technologies, un travail. Nous avons des références exceptionnelles que nous devons davantage mettre en valeur, notamment pour améliorer sur ce fantastique marché qui est la Chine, notre position ; notre position économique, mais aussi notre position politique.

Dans les vingt ou trente ans qui viennent, chacun le sait, mais on le dit sans toutefois en prendre toujours conscience, la Chine sera l'un des pôles essentiels de ce monde multipolaire qui est en train de se mettre en place. Avec l'Union européenne, elle sera probablement la première puissance économique du monde ou dans les toutes premières puissances économiques du monde. Il est donc capital à la fois pour notre développement, mais également pour l'harmonie et donc la paix dans le monde de demain que les liens nécessaires qui doivent exister entre ces différents grands pôles de développement de la planète soient tissés, soient liés dès aujourd'hui. C'est l'une des ambitions que nous devons avoir dans notre relation avec la Chine, notre, je veux parler de l'Europe, pas seulement de la France, mais la France, y a par nature, un rôle éminent, un rôle d'entraînement. C'est donc dans cet esprit que je suis venu en Chine pour avoir des entretiens avec les responsables de ce très grand pays.

Je voudrais saluer ensemble, chacune et chacun d'entre vous. Tout à l'heure, dans la voiture, l'Ambassadeur me disait, ici, il y a les meilleurs. C'est naturel me disait-il, parce que l'importance de ce développement fait que les entreprises qui s'installent tiennent à mettre les meilleurs de leurs techniciens, de leurs éléments pour que la réussite soit au bout de l'effort. Je voudrais vous saluer particulièrement à ce titre. Je sais que les choses ne sont pas toujours faciles dans un pays comme celui-ci. Je connais les difficultés qui peuvent tenir aux barrières culturelles, à la barrière linguistique, à des formalités administratives qui ne nous sont pas toujours coutumières, mais je sais également que vous surmontez ces difficultés avec beaucoup d'énergie et beaucoup de qualités. Je connais les difficultés auxquelles nous nous heurtons sur le plan notamment de notre représentation et j'ai été heureux tout à l'heure d'aller visiter notre nouveau terrain, enfin acquis, Monsieur l'Ambassadeur, après des négociations longues, et qui nous permettra d'avoir une représentation digne de notre rang, et aussi un établissement scolaire digne de nos besoins, avec, je le souhaite, un internat, ce sera une innovation dans la tradition française, mais justifiée. En attendant, je souhaite que nous puissions apporter les aménagements nécessaires à notre actuel établissement éducatif de façon à répondre pendant la période de transition, jusqu'à la construction de notre nouveau lycée, aux besoins qui sont aujourd'hui exprimés.

Voilà, je voulais enfin dire à la communauté française de Pékin, et à travers elle, à la communauté française de Chine, toute l'importance que les pouvoirs publics français attachent à leur action. Et j'observe que ce n'est pas seulement les pouvoirs publics. J'observe qu'aujourd'hui le monde économique français s'est, avec beaucoup de détermination, tourné vers la Chine. Sont présents ici une soixantaine de chefs d'entreprise qui ont bien voulu m'accompagner. Il y a là les plus grands chefs d'entreprise français, il y a les représentants d'un certain nombre de petites et moyennes entreprises dynamiques, innovantes, et qui sont si nécessaires si l'on veut véritablement tisser les liens économiques et assumer le développement diffus indispensable à toute présence. Je les remercie d'être venus. Je souhaite qu'ils aient pendant ce court séjour les contacts nécessaires pour prendre des décisions dans le domaine de l'investissement, dans le domaine des échanges, qui nous permettront d'améliorer notre position dans ce pays, et je leur souhaite naturellement bonne chance.

Je voudrais pour terminer vous dire que j'ai beaucoup de respect et beaucoup de volonté de soutien, de respect pour chacun et chacune d'entre vous et le travail que vous faites, et volonté de soutenir votre action. Et je voudrais vous dire mes sentiments d'estime et mes sentiments d'amitié.

Je vous remercie.





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