Fréjus, Var, le mardi 30 septembre 1997
Je voudrais remercier ceux qui nous accompagnent et qui, sous l’impulsion de l’Amiral, ont organisé cette présentation. Je sais qu’il s’agit d’une présentation normale : nous n’avons pas fait quelque chose de particulier, nous nous sommes insérées dans un exercice qui se déroulait et qui avait pour mérite de montrer la capacité des différentes unités et des différentes armées à travailler, articulées les unes avec les autres et dans le cadre d’une mission moderne.
Je n’ai pas la prétention, naturellement, de vous donner des conseils ou même des appréciations, dans le domaine qui est le vôtre. Je voudrais tout de même dire que j’ai été très impressionné par ce que j’ai vu aujourd’hui et par ce que l’on m’a dit de ce qui allait se dérouler demain. Je trouve que de ce que j’ai vu se dégage une forte impression d’efficacité et de modernité.
On a le sentiment que nous sommes dans un temps où, certes la guerre est toujours hélas possible, les hommes étant ce qu’ils sont, mais la guerre telle qu’on l’a connue, aujourd’hui, est une perspective, je dirais, peu probable, en tous les cas dans le moyen terme, mais qu’en revanche les crises susceptibles d’apparaître, de se développer un peu partout dans le monde, s’amplifient et peuvent être de nature, évidemment, à mettre en cause d’une façon ou d’une autre nos intérêts et à exiger de notre part une capacité d’intervention ou de réaction. Ces crises ont leurs formes modernes, différentes de celles que l’on a connues dans le passé, et elles doivent donc être gérées de façon moderne.
En voyant ce que j’ai vu aujourd’hui, j’ai mieux compris l’appréciation portée sur nos capacités d’intervention par un certain nombre d’étrangers. J’ai mieux compris pourquoi le général DOUIN, de temps en temps, dit que dans bien des domaines l’armée française, qui n’est pas naturellement la plus importante du monde, est dans un certain nombre de missions, de domaines probablement la meilleure. Je le dis sans complexe. Elle n’est pas la meilleure dans tous les domaines probablement, mais dans un certain nombre de domaines modernes d’intervention. J’avais été frappé par les échos qui m’étaient revenus, récemment, après notre intervention d’évacuation à Brazzaville. J’avais été frappé par la chaleur des remerciements qui m’avaient été adressés, oralement ou par écrit, par un certain nombre de chefs d’Etat et de Gouvernement, à commencer par le Président des États-Unis qui m’avait dit " vous êtes les seuls à savoir faire ça ". Naturellement j’avais pris cela tout à fait au pied de la lettre, mais en voyant ce que j’ai vu aujourd’hui, je me suis aperçu que c’était vrai, et qu’il y avait des raisons à cela : j’ai été très impressionné par tout ce que j’ai vu à la fois en mer, dans le ciel et sur terre. Mais, je m’en souviendrai, le centre d’évacuation qui n’existait pas il y a encore peu de temps et qui ne fait pas partie des missions traditionnelles, a réussi à être, sans aucun doute, au premier rang de la qualité pour les missions de ce type dans le monde.
Et cela, c’est quelque chose qui donne une belle image de la France à l’extérieur, parce que des gens qui sont dans une situation dramatique et qui voient tout d’un coup d’autres les en sortir, s’ils râlent toujours peut-être un peu sur le coup en raison des traumatismes qu’ils ont subis, physiques ou psychologiques, sont ensuite très impressionnés quand ils ont été sauvés.
De la même façon, je suis très impressionné de l’évolution en quelques années, notamment depuis la guerre du Golfe, des services médicaux et des antennes de soins, qui sont également tout à fait à l’honneur de notre pays.
J’ai été heureux de voir de beaux bateaux, Amiral. Vous regrettiez de ne pas en avoir assez. Vous avez raison. Mais ceux que vous avez sont de qualité et j’ai été aussi très impressionné par la qualité de ceux qui les servent. J’en dirai autant, naturellement, pour remercier les aviateurs de la superbe prestation qu’ils ont faite, et cela va de soi, de l’armée de Terre qui s’est magnifiquement comportée dans cet exercice.
Aujourd’hui, nous avons une armée qui est, je pense, très sophistiquée, très professionnelle. Nous avons encore un certain nombre d’appelés du contingent, et ces appelés sont des gens qui ont fait des choses formidables dans le passé, qui continuent à en faire, mais la vocation de notre armée, si elle veut être vraiment efficace, c’est d’être une armée professionnelle, et dans quelques années, elle le sera.
Le ministre me faisait remarquer à midi qu’une armée professionnelle, cela coûtait probablement plus cher, ce qui est évident, mais un grand pays doit avoir une grande armée et une grande armée, aujourd’hui, c’est une armée professionnelle. Donc, je me réjouis de l’esprit avec lequel les militaires français ont pris cette grande réforme, qui est tout de même perturbante, et je crois que les militaires sont le seul grand corps d’Etat qui aura été capable d’accepter un tel traumatisme, une telle réforme de cette ampleur sans protester, l’oeil tourné vers l’avenir et non pas vers le passé comme c’est, trop souvent, notre mauvaise habitude.
Alors, je voudrais féliciter, Monsieur le Ministre, Messieurs les officiers généraux, en votre nom et au nom du Gouvernement, comme en mon nom, toutes celles et tous ceux, qui ici, ont démontré une fois de plus, à l’occasion des exercices qui vont se poursuivre pendant une semaine, leur professionnalisme, de la qualité et l’image qu’ils donnent de l’armée française et des services qu’ils sont appelés à rendre à notre pays. De tout coeur, je vous dis merci.
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