Saint-Petersbourg (Russie) le samedi 27 septembre 1997.
Madame le Recteur,
Monsieur le Vice-Premier Ministre,
Monsieur le Gouverneur,
Mesdames et Messieurs
et chers Amis étudiants,
D'abord, Madame le Recteur, merci du fond du coeur, pour votre accueil. Merci de m'offrir cette rencontre, dans le superbe cadre de votre université, dans ces locaux qui viennent de Pierre Le Grand, avec les jeunes gens et les jeunes filles russes qui se préparent à entrer dans la vie active et qui auront la responsabilité de construire la Russie de demain. Je voudrais saluer les enseignants, les enseignants français, mais aussi les jeunes du Collège universitaire français de Saint-Pétersbourg, créé par mon ami Marek Halter, que je salue et qui sont présents aujourd'hui.
Je voudrais également remercier de leur présence le ministre français de l'Education Nationale, M. Allègre, et le ministre français chargé des Affaires Européennes, M. Moscovici.
Tout à l'heure, le Recteur se demandait pourquoi. on me demandait pourquoi j'avais un lien particulier avec votre grand et beau pays. On se demandait pourquoi un jour j'avais voulu apprendre votre langue. Je vais vous le dire, parce que cette petite histoire a une morale.
J'avais 13 ou 14 ans et j'étais passionné par l'Asie, notamment par l'Inde. Je m'étais mis dans la tête d'apprendre le sanscrit. Je cherchais naturellement quelqu'un pour me l'apprendre - ce n'était pas facile - lorsque j'ai appris qu'un vieux Monsieur Russe, à Paris depuis longtemps où il avait fait tous les métiers pouvait enseigner le sanscrit. Je suis donc allé le voir et il a commencé à m'apprendre le sanscrit. Cela a duré deux mois. Parce qu'au bout de deux mois, il m'a dit : "tu sais, d'abord tu n'es pas doué et ensuite cela ne sert à rien d'apprendre le sanscrit. Alors si tu veux vraiment apprendre quelque chose, tu ferais mieux d'apprendre la plus belle langue du monde : le russe, et je vais te l'apprendre".
Ce vieux Monsieur russe s'appelait M. BELANOVITCH, je suis heureux ici, parce qu'il était de Saint-Pétersbourg, d'avoir pour lui une pensée affectueuse. Il repose aujourd'hui dans le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, le cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, d'ailleurs un cimetière créé par la famille de M. Jean de Boishue présent ici, qui est ancien ministre.
Ce M. BELANOVITCH m'a appris à parler quand j'étais jeune. Il m'a initié à la littérature russe, superbe s'il en est, servie par une langue extraordinaire, dans laquelle on trouve toutes les émotions et toutes les passions, toutes les intonations aussi qui sont celles à la fois du coeur et de l'esprit. Il m'a notamment appris à lire Pouchkine, ce qui m'a amené à faire effectivement une traduction de Eugène ONEGUINE.
Une traduction d'ailleurs - je devais avoir 19 ans - que j'avais envoyée à plusieurs maisons d'édition pour qu'elles la publient. Je me faisais des illusions. Je l'avais envoyée à une douzaine de maisons d'édition importantes, la moitié m'avait répondu que cela ne les intéressait pas, l'autre moitié ne m'avait pas répondu.
En 1974, j'ai été nommé Premier ministre, alors, j'ai immédiatement reçu un coup de téléphone d'un Monsieur qui était le dirigeant des Presses Universitaires de France, une grande maison française. "Ah ! Qu'il m'a dit, Monsieur le Premier ministre, nous venons de découvrir une extraordinaire traduction de Eugène ONEGUINE, nous voudrions naturellement la publier. Je ne sais pas pourquoi on ne l'a pas publiée avant, mais si vous pouviez nous faire quelques pages d'introduction nous expliquant l'histoire, alors nous serions heureux de la publier". Je lui ai dit "écoutez, cher Monsieur, vous n'avez pas voulu quand j'avais 20 ans, vous ne l'aurez pas aujourd'hui, parce que je suis Premier ministre". C'est comme cela que ma carrière dans le domaine de la traduction littéraire s'est interrompue.
Mais cette histoire, je vous le disais, c'est pourquoi je vous la raconte, a une morale. Cette morale, c'est si, comme beaucoup d'entre vous le font, notamment pour le français, si vous apprenez une langue, pratiquez-la. C'est un investissement d'ouverture d'esprit, et c'est vraiment dommage de le perdre. Ce que j'ai fait. Par conséquent, je vous encourage fortement à apprendre une langue étrangère, le français de préférence, car c'est également une très belle langue. Mais si vous le faites, prenez la peine, ensuite, au fil des ans, de continuer à la pratiquer.
Ce souvenir date de très longtemps, d'un temps bien sûr où vous n'étiez pas nés. Depuis, la Russie n'a cessé d'occuper une place importante à la fois dans mon coeur et dans ma vie.
Je vous raconte cela pour que vous sachiez combien je me sens proche de vous, proche de votre pays que j'aime et que je respecte profondément. Je vous le dis pour que vous et moi parlions à coeur ouvert de l'avenir, le vôtre bien sûr, celui de la Russie et celui que vous devrez construire avec tous les jeunes Européens pour un monde plus solidaire, plus fraternel, un monde où il fasse meilleur vivre.
Vous avez cette chance extraordinaire d'avoir vingt ans, en Russie, aujourd'hui. De vivre dans un pays où s'enracine la démocratie. Un pays qui, jour après jour, construit la paix avec ses voisins qu'ils aient été des alliés ou des adversaires d'hier. Un pays où s'accomplissent d'immenses changements, d'un pays où tout devient possible, d'un pays où l'âme russe peut reprendre tout son génie.
Vous appartenez à cette première génération de Russes, dans l'histoire de votre pays, si grande et si riche, qui arrivent à l'âge adulte dans une société de liberté. Vous appartenez à un moment historique de votre nation et aussi du monde, compte tenu de l'importance de votre pays dans le monde. Beaucoup d'entre vous n'étaient encore que des enfants lorsque la Russie a commencé de s'engager dans la voie difficile de la démocratie. Vous étiez tout jeunes encore lorsqu'il y a six ans, le peuple russe, emmené par LE PRÉSIDENT ELTSINE, a rendu irréversible le choix de la liberté, le choix de la démocratie.
Ce que je veux vous dire à vous, mais aussi à tous ces jeunes d'Europe pour qui la liberté est une chose naturelle, et qui la vivent sans même y penser, c'est que rien n'est plus fragile que la liberté et la démocratie. Pour la Russie, celle d'abord des Tsars, puis de l'Union soviétique, la démocratie est une situation nouvelle. Ici, comme ailleurs, vous devez être vigilants, très vigilants. Même en France où l'on a fait la Révolution, il y a deux siècles, pour plus de liberté, plus d'égalité, plus de fraternité, il y a eu des retours en arrière et chaque fois, et à quel prix ! Il a fallu reconquérir la démocratie.
Consolider la démocratie, c'est votre responsabilité. Vous êtes jeunes. Etre jeune, c'est avoir la tolérance, la justice, la générosité, la compréhension et le respect de l'autre chevillés au corps. Vous êtes à cet âge où l'on rejette spontanément, naturellement la haine, la violence, les préjugés, les fanatismes. Parce que vous êtes, plus que d'autres peut-être, sensibles aux valeurs de la démocratie, je vous engage à en être le fer de lance.
Mais la démocratie, ce ne sont pas seulement des règles de droit qui protègent l'individu contre l'arbitraire d'un pouvoir. La démocratie, elle se vit au quotidien. Elle se vit à travers la solidarité qu'a su bâtir une société. La démocratie, c'est assurer à chacun sa dignité, c'est assurer le droit à l'éducation et à la formation, le droit à la protection sociale, le droit à une vie familiale dans des conditions humaines de revenu, de logement, de santé. La démocratie, elle s'exerce aussi sur le lieu de travail où chacun a droit au respect, où l'on doit pouvoir dialoguer. La démocratie, c'est tout cela. Pensez-y, vous qui allez inventer et construire une société nouvelle pour un grand peuple et dans un grand pays.
Je sais les QUESTIONs que vous vous posez pour votre avenir. La Russie change. Elle s'ouvre à l'économie de marché. Elle privatise de larges pans de ses activités. C'est que la Russie veut prendre toute sa part de la mondialisation des technologies, des échanges et des marchés.
Bien sûr, vous êtes inquiets. La mondialisation impose ses lois. C'est vrai en Russie où l'ordre ancien s'est effondré et où tout est à construire. Mais c'est vrai aussi en France. C'est vrai partout, la mondialisation bouleverse nos vies et nos sociétés. Il nous appartient alors de la maîtriser.
En même temps, la mondialisation offre une chance extraordinaire à chaque pays de développer ses activités sur de nouveaux marchés, de connaître la croissance, de créer de nouvelles richesses qui profiteront à tous, et cela c'est notre responsabilité, de bénéficier d'une meilleure qualité de vie. Mais pour cela, il faut s'y préparer.
Cette mondialisation, vous-mêmes, comme les jeunes Français, vous en faites l'expérience à chaque fois que vous vous connectez à Internet. Les nouvelles technologies de l'information, pour ne parler que d'elles, offrent des possibilités illimitées et fantastiques de se rencontrer.
Afin de tirer le meilleur parti de cette mondialisation, avec d'autres, je me bats pour la préservation de notre modèle social européen qui repose sur le dialogue social, sur un bon niveau de protection sociale et sur le rôle de l'Etat pour assurer la cohésion nationale. Je me bats aussi pour la préservation de nos identités culturelles et de nos langues face aux risques de l'uniformisation si dangereux pour la culture de l'humanité.
Dans la compétition mondiale, car c'en est une, la Russie a de formidables atouts : ses ressources naturelles encore largement inexploitées, son voisinage avec ces très grandes puissances que sont le Japon, la Chine et l'Inde. Son voisinage surtout avec l'Union européenne qui est aujourd'hui le plus vaste marché du monde et le plus ouvert, et qui le sera davantage encore demain, en particulier pour une Russie associée à l'Union européenne ce qui est le destin naturel de notre continent.
Mais le principal atout de la Russie, c'est vous, jeunesse russe, qui recevez l'une des meilleures formations du monde. Vous qui avez l'imagination, le dynamisme, l'enthousiasme, l'audace. Grâce à vous, la Russie restera au premier rang, ce qui est sa place, des puissances scientifiques, technologiques et industrielles de la planète, sans parler, bien entendu de la culture.
Dans cette nouvelle Russie, dans ce monde qui se dessine, plus libre et plus ouvert, je vous le dis, saisissez votre chance !
L'Europe quant à elle, vous ouvre les bras.
Il y a moins de quatre mois à Paris, les Européens ont définitivement tourné une page de l'Histoire. En signant l'Acte fondateur de leurs nouvelles relations, la Russie et les pays de l'Alliance atlantique ont consacré la paix sur notre continent.
Mais la paix aussi, comme la démocratie, est fragile. C'est une construction de chaque instant. Et vous, jeunesse de Russie, devrez l'enraciner dans le coeur et dans la terre russes et la faire vivre et grandir.
Comprenez le bien ! L'Union européenne, c'est bien plus qu'une zone de libre-échange, c'est bien plus qu'un marché. C'est la paix, au lendemain de tant de guerres qui nous ont fait tant de mal, c'est donc l'amitié entre nos peuples que ses fondateurs ont recherchée et c'est cela son objectif ultime.
Et pour l'amitié entre les peuples, le chemin le plus court, c'est évidemment celui du coeur. Celui de la connaissance et celui de l'esprit. Celui de l'intelligence, c'est-à-dire de cette compréhension spontanée que l'on a de l'autre. Ne dit-on pas chez vous, dans un beau proverbe russe : " l'amitié commence par un sourire " ?
Je me souviens aussi qu'à votre âge, j'avais naturellement hâte de parcourir et de découvrir le monde. Je vous le dis, voyagez ! On peut toujours le faire, je l'ai beaucoup fait sans argent, c'est aujourd'hui à la portée de chacun. Voyagez ! A l'ouest et depuis des décennies, les jeunes Européens sillonnent l'Europe. A votre tour, partez à leur rencontre, vous serez bien reçu.
Vous avez le privilège d'habiter et d'étudier à Saint-Pétersbourg, l'une des plus belles villes d'Europe et du monde. Eh bien, d'une certaine manière, ici, vous vivez déjà l'Europe historique ! Quelle ville, au fond, est plus européenne que la vôtre ?
Européenne, car Pierre Le Grand qui l'a fondée voulait, dans un geste symbolique, par " cette fenêtre ouverte sur l'Europe ", arrimer la Russie au continent européen.
Européenne, car toutes les inspirations, toutes les influences s'y font sentir. Architectes et ingénieurs sont ici venus de toute l'Europe, de France, d'Italie, de Hollande, et d'ailleurs pour bâtir votre cité.
Enfin, pensez à votre université, à ceux qui l'ont fondée, à ceux qui y ont enseigné. Tout à l'heure, avant d'arriver ici avec un peu de retard, c'est vrai, mais cela en valait la peine, nous visitions le bureau de Mendeleïev. Quelle émotion de voir à quel point il y avait là une inspiration qui venait de toute l'Europe et qui était transcendée par le génie russe. Que dire aussi de Lomonossov et de tant d'autres grands esprits venus ici comme à Berlin, à Paris et dans d'autres grandes villes universitaires d'alors pour démontrer à toute l'Europe le caractère universel des vérités scientifiques. Rappelez-vous le personnage de Lenski, peint par Pouchkine dans " Eugène Onéguine " dont je parlais tout à l'heure. Il revient d'une université allemande. Et Pouchkine lui-même, qui avait appris le français avant le russe, composait à sept ans de petites comédies en langue française.
Mon souhait, c'est que renaisse cette Europe d'antan, cette Europe des universités et des laboratoires, cette Europe de la culture et des sciences. C'est comme cela que vous cimenterez la paix et l'amitié sur notre continent.
C'est en pensant à notre avenir commun en Europe, mais c'est aussi en se souvenant de notre très ancienne et très forte amitié russo-française, que nos deux pays doivent donner un nouveau souffle à leur coopération universitaire. La France va s'engager davantage encore à vos côtés pour que votre pays réussisse ses transformations et pour que vous, jeunesse russe, abordiez l'avenir avec confiance.
Les deux ministres russe et français de l'Education nationale ont évoqué, sur la proposition du Président ELTSINE, la création d'une grande université russo-française, et je m'en réjouis. D'où cette formidable idée qu'ont eue aussi les précurseurs Andreï SAKHAROV et Marek HALTER de collèges universitaires français au sein de vos deux plus grands établissements : votre université, Madame le Recteur, et l'université Lomonossov de Moscou. L'occasion privilégiée, pour les jeunes russes et français, de se rapprocher, d'apprendre à travailler et surtout à penser ensemble.
Dans le cadre de ces collèges, nous avons choisi de vous envoyer les meilleurs maîtres de l'Ecole française des Sciences humaines, en histoire, en philosophie, en littérature, en sociologie, en droit ou en économie. Avec leurs collègues russes, nos universitaires en mission ou résidents en Russie vous ouvrent les voies de leurs recherches, la possibilité de travailler à la fois en russe et en français, et pour certains d'entre vous, la perspective de poursuivre des études en France comme de jeunes français poursuivront les leurs chez vous, en Russie.
Plus généralement, nous allons multiplier nos programmes universitaires communs. Notre ambition, et le Président ELTSINE et moi-même en avons longuement parlé, c'est de faire en sorte qu'il y ait une coopération pour la formation des cadres, les ingénieurs, les gestionnaires, les chercheurs dont nous avons tous les deux besoin. Notre objectif est, dans l'immédiat, de former mille cadres, peut-être telles ou tels d'entre vous figureront parmi eux, et qui s'ajouteront à toutes celles et à tous ceux, qui déjà nombreux, ont suivi les filières russo-françaises existantes.
J'évoquais à l'instant Internet. Très bientôt, grâce à une initiative conjointe de l'université de Paris-Nanterre et de la Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou, les étudiants russes, ceux d'abord de Moscou puis, progressivement, ceux des autres villes universitaires de Russie, auront accès sur Internet aux ressources de l'enseignement supérieur français, à toutes les ressources. Tandis que les jeunes Français pourront, en retour, se connecter sur Internet avec les universités russes. C'est formidable, c'est un progrès potentiel considérable qui doit confronter notre volonté de travailler ensemble et, je le répète, de penser ensemble.
C'est vrai, être jeune, c'est la plus belle des chances. A votre âge, on a le goût d'entreprendre, le goût de l'initiative, cette curiosité insatiable qui porte vers l'autre en temps de paix et de démocratie et aussi cette énergie à laquelle rien ne résiste.
Alors, je vous le dis de tout coeur, ayez confiance ! Confiance naturellement dans votre peuple et dans votre pays, l'un des très grands de la planète. Allez de l'avant ! Réalisez vos rêves ! Ce goût d'entreprendre et cette énergie, mettez-les au service de la Russie de toujours mais aussi au service d'une Europe pacifique, où l'on peut s'épanouir librement et sans contrainte.
Voilà ce que je souhaitais vous dire aujourd'hui, mais il est prévu, - et on m'a demandé de ne pas parler trop longtemps, je n'ai pas obéi, vous le voyez - de réserver le temps nécessaire à répondre à vos QUESTIONs ce que je ferai maintenant bien volontiers.
QUESTION - Monsieur le Président, quelle est la qualité principale du peuple russe ?
LE PRÉSIDENT: - La passion.
QUESTION - Monsieur le Président, comment trouvez-vous la langue russe, est-elle difficile ou non ?
le president - Je ne crois pas que l'on puisse dire qu'une langue soit difficile, elles sont toutes accessibles. Mais la langue russe a ceci de particulier, non pas qu'elle soit difficile, mais qu'elle exprime cette passion dont je parlais tout à l'heure. La langue russe est une langue mais c'est aussi une musique qui peut exprimer toutes les tonalités et c'est ce en quoi elle a quelque chose d'exceptionnel dans les moyens universels d'expression.
QUESTION - Monsieur le Président, selon vous, quel est le plus grand problème de la jeunesse française ?
LE PRÉSIDENT: - Le plus grand problème de la jeunesse française aujourd'hui, c'est évidemment le chômage. Nous sommes dans un monde qui est en train de s'adapter et, malheureusement, cette adaptation conduit à un grand nombre de jeunes Français, comme d'ailleurs de jeunes Européens, comme d'ailleurs de jeunes Russes, à être au chômage. Et cela, c'est le problème majeur, le principal. Tout doit être mis en oeuvre, ce qui n'est pas facile, pour le résoudre.
QUESTION - Monsieur le Président, à votre avis, quel est le meilleur écrivain de Saint-Pétersbourg ? Est-ce que c'est Pouchkine ? Qui a mieux décrit Saint-Pétersbourg, Pouchkine ou Dostoïevski ? Quel écrivain vous est-il le plus proche, Dostoïevski ? Pouchkine ?
LE PRÉSIDENT: - Je ne suis pas tout à fait objectif, parce que j'ai commencé à étudier le Russe avec Pouchkine. J'ai eu une passion pour Pouchkine. J'ai lu la totalité des oeuvres de Pouchkine et donc pour moi, Pouchkine a une place particulière, non seulement dans la littérature russe mais dans la culture de l'humanité. Alors, quelle que soit naturellement l'admiration que j'ai pour Dostoïevski, je préfère Pouchkine. Mais je ne suis pas bon juge pour cela.
QUESTION - Monsieur le Président, à propos de la position de la France dans le processus de l'intégration économique en l'Europe, voulez-vous changer le franc en euro ?
LE PRÉSIDENT: - Vous savez, l'Europe est en train de se construire. Je vous l'ai dit, tout à l'heure, l'essentiel de l'objectif de la construction européenne, c'est de créer un système qui impose la paix. Alors naturellement, l'Europe veut être également une puissance économique et, pour cela, elle a besoin d'une monnaie, non pas de plusieurs monnaies, mais d'une monnaie unique et c'est la raison pour laquelle l'Europe a pris la décision au 1er janvier 1999 de créer une monnaie unique : l'euro. Il y a dans le monde une puissance américaine qui est fondée notamment sur la puissance du dollar, eh bien, nous voulons que la puissance européenne soit fondée sur une puissance égale à celle du dollar. C'est pourquoi, je suis, oui, très partisan de l'euro.
QUESTION - Monsieur le Président que pensez-vous de la possibilité de se réunir au sein d'une union mondiale qui permettrait de regrouper toutes les puissances du monde : la Chine, les Etats-Unis, l'Europe ? Peut-être que ma questionest un peu floue, mais j'espère que vous avez compris.
LE PRÉSIDENT: - Non, votre question n'est pas floue, elle est généreuse. Naturellement, elle est un peu en avance sur notre temps. Peut-être serait-elle davantage d'actualité plus tard ? Alors, en attendant de former une seule et grande fraternité mondiale, déjà faisons l'Europe, faisons la Russie et créons un lien pacifique, solide, économique, politique, culturel entre l'Europe et la Russie. Déjà, cela représentera un territoire de paix, de compréhension, de solidarité, d'amour. Et cela sera un pas considérable fait dans la direction que vous évoquez et qui est la bonne direction.
QUESTION - Monsieur le Président, comment voyez-vous le développement économique entre la France et notre ville de Saint-Pétersbourg ?
LE PRÉSIDENT: - Alors, cela me permettra de terminer par où j'ai commencé c'est-à-dire, par l'une des plus belles villes du monde et l'une des cultures les plus riches de notre Europe, c'est-à-dire Saint-Pétersbourg. Nous avons, toute l'Europe a et doit avoir, des relations avec Saint-Pétersbourg. Saint-Pétersbourg, c'est l'une des lumières de notre continent. Alors, il fut un temps où les rideaux empêchaient de se voir. Mais aujourd'hui, c'est fini. On peut regarder largement devant soi, de Paris, de Berlin, de Rome, et d'ailleurs, on regarde Saint-Pétersbourg comme d'ici, on regarde sur l'ensemble de l'Europe.
Je souhaite, et nous en parlions, tout à l'heure, avec le Gouverneur de Saint-Pétersbourg, et le Recteur de votre université, que les liens se multiplient. J'ai évoqué les liens de coopération entre nos universités. J'ai évoqué les technologies modernes qui permettent de tous se retrouver, se parler, se connaître. Et puis, il y a aussi, je le disais tout à l'heure, les liens personnels privés, les liens du voyage.
J'encourage beaucoup les jeunes Français à voyager, à venir voir sur place ce que c'est que Saint-Pétersbourg. Allez donc à Paris, vous ne le regretterez pas.