Discours du Président de la République devant la communauté française de New Delhi, Inde.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française de New Delhi.

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New Delhi, Inde, le lundi 26 janvier 1998

Mesdames et Messieurs,

Mes chers Compatriotes,

Je voudrais d'abord saluer nos amis indiens qui ont bien voulu nous faire le plaisir d'assister à notre réception. Je voudrais saluer tous nos compatriotes de New Delhi et plus généralement du nord de l'Inde et leur dire le sentiment d'amitié du Gouvernement, le mien et plus généralement de tous nos compatriotes, remercier notre Ambassadeur, M. Claude Blanchemaison, qui gère nos intérêts de toutes natures, avec beaucoup d'intelligence et d'efficacité - j'ai pu m'en rendre compte grâce aux témoignages des autorités indiennes.

Je voudrais saluer les délégués au CSFE et chacune et chacun d'entre vous ; ceci en mon nom personnel, au nom des ministres français présents à l'occasion de ce voyage, le ministre des Affaires étrangères, M. Hubert Védrine et le ministre des Finances, de l'Economie et de l'Industrie, M.

Dominique Strauss-Kahn, et au nom de M. Claude Allègre, ministre de l'Education qui a dû rentrer cette nuit à Paris.

Je voudrais aussi vous saluer de la part de nos Présidents des Groupes d'amitié Inde-France du Sénat et de l'Assemblée nationale, et remercier tous les chefs d'entreprises français qui ont bien voulu m'accompagner dans ce voyage.

Ce voyage vient en effet en son temps, me semble-t-il, et c'est, parmi tous les voyages que j'ai faits à l'étranger, celui qui a eu le plus de succès auprès des chefs d'entreprises français. C'est celui où ils sont venus les plus nombreux.

J'en conclus que, peut-être plus que par le passé, la France est aujourd'hui sensible à l'importance qu'il y a pour nous à avoir une relation forte avec l'Inde.

Je voudrais dire combien nous avons tous été sensibles au fait que notre pays était l'invité d'honneur pour cette commémoration, ce "Republic Day", et combien nous avons été impressionnés par la qualité, la beauté de cette parade militaire et traditionnelle. J'avais eu l'occasion, en temps que Premier ministre, d'être déjà une fois l'invité d'honneur pour ce 26 janvier, c'était il y a 22 ans. Il y avait également une parade de cette nature.

J'ai été très impressionné par ce que j'ai vu aujourd'hui et je crois que cela a été le sentiment de toutes celles et tous ceux qui ont pu assister à ce défilé. Je voudrais féliciter les autorités indiennes pour la qualité de la commémoration de leur journée nationale.

L’Inde, chacun le sait, est une très grande démocratie et elle est une puissance destinée à devenir parmi les toutes premières du monde. La Banque mondiale nous explique aujourd'hui que l'Inde sera la quatrième puissance économique du monde d'ici une vingtaine d'année. C'est dire l'importance que, dans le cadre de notre politique asiatique, nous devons attacher à ce pays, un pays où l'image de la France a toujours été bonne mais floue. Chez nous, il est vrai, l'image de l'Inde n'est pas non plus ce qu'elle devrait être. Nous sommes, certes, deux vieilles civilisations, deux démocraties, deux Etats laïcs, deux nations profondément attachées à leur indépendance. Nous avons donc beaucoup de points communs, mais l'Histoire ne nous a pas jusqu'à présent réunis. Cela explique, je crois, l'insuffisance de nos liens et la nécessité de les renforcer.

C'était l'enjeu de cette visite : je souhaitais tenter de rétablir un dialogue confiant et fort entre nos deux pays, et je crois que cet objectif a été atteint de façon amicale et sympathique, si j'en crois les réactions du Premier ministre, des ministres, du Président et du vice-Président que j'ai rencontrés.

Je souhaitais également rétablir les bases d'un partenariat plus solide et plus fort, susceptible de se développer dans les mois et les années à venir.

Le dialogue est, je le crois, bien renoué. Je ne parle pas simplement du caractère extrêmement amical des relations que j'ai pu avoir avec les autorités indiennes, mais également de ce que nous avons mis en place.

Cette année verra un certain nombre de ministres français venir ici et réciproquement des ministres indiens nous rendre visite. Nous avons décidé la création d'un forum d'initiatives indo-français, composé de très hautes personnalités du monde politique, économique, culturel et scientifique et qui sera chargé de promouvoir un certain nombre d'initiatives susceptibles de renforcer cette synergie entre nos efforts communs. Ce forum sera présidé par le docteur Singh du côté indien et par M. Jean François-Poncet du côté français.

Nous avons la commission mixte qui va se réunir d'ici un mois, nous avons décidé d'engager une coopération militaire importante et de sortir du flou qui caractérisait nos relations dans ce domaine jusqu'ici, et c'est dans cet esprit que notre chef d'état-major des Armées viendra rencontrer, d'ici un mois, son homologue indien.

Nous avons décidé de promouvoir quelques échanges culturels forts : l'Inde est un pays qui a beaucoup à donner sur le plan culturel et qui a apporté énormément au monde. Mais c'est aussi l'un de ceux qui est le moins exposé en France : il n'y a ainsi pas eu de grande exposition indienne en France depuis 1978 et la précédente, la première du reste, datait de 1960. Nous avons donc décidé d'organiser -pour dans deux ans- un grand événement culturel français ici et une grande exposition d'art et de civilisation indiennes à Paris. Nous avons également décidé de faire en 1999, une grande exposition, du type de "France 2000", comme nous en avons fait dans quelques pays et qui a connu un énorme succès.

Enfin j'ai été frappé par la qualité du dialogue qui s'est établi entre nos responsables économiques. Le Président de la Confédération de l'Industrie Indienne était venu à Paris au mois de où je l'avais rencontré. Nous avions alors décidé d'organiser un colloque -qui a eu lieu à Bombay il y a deux jours- qui réunissait les plus importants chefs d'entreprises français et leurs homologues indiens. Cet échange et cette rencontre se sont très bien passés et les deux partis, le CNPF et la Confédération de l'Industrie Indienne, ont décidé de créer une structure permanente pour pouvoir faciliter ces contacts et harmoniser leurs efforts.

Tout cela crée un ensemble qui est de nature à donner une forte impulsion à notre relation et de nature à permettre la création d'un partenariat beaucoup plus solide et plus dynamique.

Nous avons besoin de développer notre présence économique en Inde. La France est l'une des premières puissances économiques mondiales, la 4ème, le 4ème exportateur dans le monde et même le 2ème dans le domaine des services ou de la production agricole ou alimentaire. Elle est aussi le 2ème donneur d'aide publique au développement dans le monde.

La France a pourtant besoin de redresser fortement la situation ici : les échanges ne représentent que 2 % de parts de marché et les investissements seulement 1 %. Notre présence est tout à fait insuffisante. J'appelle donc les Français à faire un effort supplémentaire et je crois qu'ils ont parfaitement réalisé que le moment était venu de développer ici leurs affaires.

Par ailleurs, nous avons signé un certain nombre d'accords intergouvernementaux qui sont de nature à faciliter les choses. Le ministre des Finances a ainsi signé un protocole financier, le ministre des Affaires étrangères a signé un protocole concernant la recherche scientifique, de même que sur la coopération judiciaire. Le ministre de la Santé, le docteur Kouchner, viendra prochainement pour signer un protocole d'accords pour nous associer dans une politique de lutte commune contre le drame du SIDA.

Enfin un certain nombre de chefs d'entreprises ont également concrétisé leurs ambitions dans le domaine des échanges, des contrats commerciaux et des investissements.

Et tout cela, s'est fait dans un esprit nouveau, plus dynamique.

Nous avons en dernier lieu une superbe exposition, inaugurée hier par le ministre des Affaires étrangères, M.

Hubert Védrine, sur les images virtuelles qui donne une belle image de la France dans le domaine des hautes technologies.

Nous avons donc une ambition et le Premier ministre indien me disait ce matin qu'il avait le sentiment que l'on pouvait considérer que quelque chose de nouveau s'était passé à l'occasion de ce voyage. Peut-être tout simplement parce que ce voyage a eu lieu à un moment opportun.

Tout cela repose évidement sur nos responsables politiques, culturels, sur les Français qui sont ici et qui sont de mon point de vue des pionniers.

C'est pourquoi, je voudrais remercier au nom du Gouvernement et en mon nom, la Communauté française comme je l'ai remerciée à Bombay il y a deux jours. Je voudrais saluer nos compatriotes de Pondichéry, nombreux parmi nous aujourd'hui. Je voudrais aussi saluer les anciens combattants qui ont servi pour la France et pour la liberté. Nous avons scellé une amitié dans le sang pendant la première guerre mondiale et nous sommes toujours depuis restés unis : aujourd'hui en Bosnie, les soldats français et indiens travaillent pour la cause de la paix la main dans la main. Je m'en réjouis.

La France a vocation à approfondir sa relation avec l'ensemble de l'Asie et plus particulièrement avec l'Inde. Et je crois que l'Inde a pour vocation et pour intérêt à renforcer ses relations avec l'Europe.

La France peut être tout naturellement la porte d'entrée de l'Europe pour l'Inde ; c'est ce que je souhaite développer. Cela ne se fera pas naturellement sans le dévouement, la compétence, l'intelligence, l'action des Françaises et des Français qui sont déjà ici et à qui je voudrais dire mes sentiments d'estime, de reconnaissance et d'amitié et à qui je voudrais transmettre en mon nom, au nom du Gouvernement et au nom de la France tous nos voeux les plus sincères, à la fois pour vous-même, pour ceux que vous aimez et aussi pour vos activités.

Je vous remercie.





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