Mantes-la-Jolie, Yvelines, le jeudi 15 janvier 1998
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration,
Monsieur le Directeur,
Monsieur le Président de la Commission Médicale d'Etablissement,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais saluer tout particulièrement chaleureusement l'ensemble du personnel médical et du personnel hospitalier qui donnent tout leur coeur, toute leur compétence, tout leur dévouement et les trois sont très grands, je le sais, au service de celles et de ceux qui, même si l'endroit est, à l'évidence agréable, sont dans l'obligation de venir demander vos soins. Je voudrais donc saluer, particulièrement, toutes celles et tous ceux qui les prodiguent.
Je suis heureux de venir inaugurer ce nouvel hôpital, votre hôpital, qui constitue l'un des investissements hospitaliers les plus importants de la région Ile-de-France.
Ce qu'on constate d'abord en le visitant, même, hélas trop rapidement, c'est que -et ce n'est pas toujours le cas- mais, vraiment, l'architecture a été mise au service de la santé.
L'allure générale du bâtiment est une allure sobre, belle. A l'intérieur, ce qui frappe le visiteur, c'est l'espace, le volume et la lumière. Ici, pas de couloirs interminables et sinistres, mais des espèces de "rues médicales". Votre hôpital est comme une petite ville, où se regroupent les métiers de la santé et beaucoup d'autres fonctions qui la servent. Chacun y va son chemin au service du malade, dans un environnement propre, capable de rassurer, d'apaiser, de donner confiance, et ce n'est pas la moindre des qualités d'un établissement de soins.
L'intérêt de bâtir un nouvel hôpital, c'est de remettre à plat les fonctionnements anciens, de mettre fin aux cloisonnements, de pouvoir tout concevoir en fonction des évolutions les plus récentes des traitements et des technologies médicales. C'est aussi d'impliquer l'ensemble du personnel dans la réorganisation de la chaîne du diagnostic et du soin.
Tous ces efforts convergent pour que le malade soit mieux accueilli, mieux pris en charge, sans oublier la préoccupation de son confort physique et moral. J'en veux pour preuve ces chambres tout spécialement aménagées pour l'enfant hospitalisé, pour que cet enfant ne soit pas séparé ou le moins possible de sa mère. Nous venons de visiter rapidement un service, le service de pédiatrie, votre service de pédiatrie. Ses salles de loisirs, de lecture et d'activités ont été bien organisées, humainement organisées et en partie d'ailleurs grâce à l'aide de la Fondation "Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France" et à l'opération "pièces jaunes". Je suis heureux que cette fondation qui, depuis plus de quatre ans maintenant, est présidée par ma femme ait pu apporter sa collaboration à cet hôpital comme à tant d'autres. Ces salles permettent aussi aux plus grands de conserver une activité scolaire pendant leur hospitalisation, ceci pour ne pas rompre le lien qui les rattache à une vie d'enfants bien portants.
Je pense aussi aux installations de la maternité, où chaque mère dispose d'un espace conçu pour les soins du nouveau-né. Et je citerai encore les chambres prévues pour les personnes handicapées. Il n'y a pas beaucoup d'hôpitaux dans notre pays qui ont un équipement de cette nature pour celles et ceux, plus que d'autres, qui souffrent des aléas de l'existence.
Enfin, le problème des infections nosocomiales, qui constituent, pour nos établissements de santé, l'un des grands défis de cette fin de siècle, sera sans aucun doute mieux traité grâce à la conception des bâtiments et à la vigilance et à la qualité des personnels soignants.
Vous avez voulu des technologies médicales de pointe : le nouveau scanner et l'angiographe numérisé que nous avons visités en témoignent. Mais vous avez compris que la technologie, ce n’est pas seulement ces grands équipements, aussi indispensables, naturellement, soient-ils, c'est aussi l'intelligence pratique mise au service de l'accomplissement des tâches les plus simples mais qui font la vie : chez vous, on évite les pas inutiles grâce à de nouveaux modes de transport des médicaments, du linge et de la nourriture, on gère les stocks sur ordinateur, on transmet les commandes et les analyses par écrans. Du temps se libère ainsi pour que le personnel de soins, dont on exige sans cesse davantage, et d'abord les infirmières et les aides-soignantes, puisse se consacrer pleinement à leur fonction première au chevet du malade.
C'est ainsi qu'on démontrera que l'innovation dans le domaine de la santé, loin de toujours peser sur les coûts, peut aussi permettre une organisation des soins plus efficiente et plus économique. La leçon est à méditer : en faisant une place croissante à l'ingénierie de la santé, on dégagera des moyens supplémentaires pour rendre le progrès médical accessible à tous et c'est bien là l'objectif fondamental qui est le nôtre.
Je dirai aussi un mot du choix que vous avez fait de construire ce nouvel hôpital aux limites de la ville, Monsieur le Maire, entre le quartier du Val Fourré et les espaces plus verdoyants que les malades peuvent apercevoir de leurs fenêtres. Parmi toutes les bonnes idées que vous avez eues pour la réalisation de ce beau projet, c'est sans doute l'une des meilleures, car elle permet de mieux faire participer le Val Fourré à la vie de Mantes-la-Jolie, elle crée de nouveaux liens dans la ville, elle apporte de l'activité en lisière d'un quartier gravement touché par le sous-emploi, et elle offre à la population, en toute proximité, des services essentiels à toutes celles et à tous ceux qui se sentent menacés ou qui sont victimes d'exclusion. Je vois, par exemple, le suivi des mères, des enfants et des adolescents, l'accueil des malades en grande difficulté, la mise en place d'actions de prévention. A toutes ces fonctions de l'hôpital, qui renouent avec sa vocation historique, vous allez rendre leurs lettres de noblesse, le mot est bien celui qui convient.
La présence de ce grand service public est source de fierté au Val Fourré et promesse d'une meilleure intégration du quartier dans la ville. Par son fonctionnement quotidien, l'hôpital de Mantes démontrera qu'il est bien au service de tous. Le respect dont ce bel instrument est entouré montre, me semble-t-il, que chacun l'a déjà bien compris.
Il s'agit d'une réalisation exemplaire en Ile-de-France. Une région comme la vôtre, même si c'est vrai, elle est mieux équipée que beaucoup d'autres, doit pouvoir continuer à s'adapter aux nouveaux besoins de santé. En construisant cet hôpital, vous avez prouvé que c'est possible, à condition d'avoir aussi une réflexion permettant d'améliorer l'organisation des services et de renforcer l'efficacité de l'activité de soins. On n'a pas la chance de pouvoir construire un nouvel hôpital partout, mais la réflexion que vous avez conduite ici doit faire école.
La réforme hospitalière encourage sans aucun doute de telles évolutions.
Avec le budget global, les moyens étaient reconduits d'année en année sans que personne ne s'interroge vraiment sur les adaptations rendues nécessaires par l'évolution des besoins de la population. On tenait pour acquise la répartition géographique de l'offre de soins, sans se préoccuper d'assurer partout en France des soins d'une égale qualité, d'où les grandes inégalités qui existent.
Pourtant, certaines activités médicales déclinent, remplacées par d'autres qui progressent. Les besoins de santé et les technologies médicales changent. Chacun est prêt aujourd'hui à faire 10 ou 20 kilomètres de plus, voire davantage, pour accéder aux meilleurs soins et aux équipements les plus modernes. Mais on a aussi de plus en plus besoin, tout près de chez soi, qu'un accueil médicalisé soit assuré pour des parents très âgés, auprès desquels il faut pouvoir être présent chaque jour si possible.
Il faut donc réfléchir à l'adaptation de nos établissements, la conduire dans la concertation, naturellement, en apportant aux personnels toutes les garanties qu'il attend à juste titre. Chacun sait bien que les métiers de la santé sont pleins d'avenir, car les besoins vont croissant. Mais, pour satisfaire ces besoins, il faut sans cesse évoluer, offrir à la population les services qui lui sont nécessaires là où ils sont nécessaires, maîtriser les coûts, veiller à ce que chaque franc dépensé soit réellement utile à la santé.
Cette exigence d'adaptation et de qualité, cette responsabilité de tous dans le bon usage des ressources de l'assurance-maladie, gage d'un égal accès au progrès médical, c'est cela la grandeur du service public.
La réforme hospitalière, qu'il importe plus que jamais de poursuivre, n'a pas d'autre objet que de faciliter l'indispensable adaptation de nos hôpitaux, dans une démarche qui repose sur le dialogue et sur le contrat.
Contrat à l'intérieur des établissements, avec la mise en place négociée de centres de responsabilité et de gestion, qui permet de mettre en oeuvre progressivement de nouvelles formes d'organisation des soins.
Contrat aussi dans les relations de l'hôpital avec l'Etat et l'assurance-maladie, réunis au sein des nouvelles agences régionales de l'hospitalisation. Celles-ci inscrivent notre politique hospitalière dans un cadre régional, comme le font tous nos grands partenaires européens. C'est ainsi qu'on assurera une répartition plus judicieuse des moyens, et ainsi qu'on favorisera la modernisation des services et des équipements. Je sais que l'hôpital de Mantes a été choisi parmi les 16 hôpitaux pilotes pour négocier un contrat en 1998 avec l'agence régionale.
L'hôpital public, en France, a les moyens de réussir.
S'adresse à lui une demande croissante de services de plus en plus performants. La qualité et l'évaluation des soins deviennent une exigence essentielle. Mais on demande aussi à l'hôpital de prendre sa part dans la prise en charge de problèmes qui ne sont pas seulement médicaux mais aussi sociaux, et auxquels il lui faut répondre.
Partout en France, l'hôpital réunit des équipes soignantes et un personnel à la fois qualifiés et motivés, de telle sorte qu'il nous est envié quasiment dans le monde entier. La communauté hospitalière partage des valeurs humaines fondamentales, et c'est probablement ce qui fait sa force. Tout ceci justifie la confiance des Français dans leurs hôpitaux.
Mais si l'hôpital public a toute sa place et toutes ses chances, il a besoin aussi d'être accompagné dans son évolution.
Parce que la France a besoin d'hôpitaux qui sachent où ils vont et ce qu'on attend d'eux, la France a besoin d'une politique hospitalière. Une politique hospitalière, c'est une politique qui permette à notre tissu hospitalier d'évoluer sans cesse, de se moderniser sans cesse, au service de la santé de tous. Cette politique a déjà été engagée sur le terrain. Chaque jour, les agences régionales de l'hospitalisation et les établissements travaillent en concertation pour assurer une meilleure organisation et une meilleure qualité des soins. De ce travail en profondeur dépend une grande partie de l'avenir de notre protection sociale et aussi la solidité de notre tissu hospitalier.
Dans une ville comme Mantes, Monsieur le Maire, dans un quartier comme celui-ci, l'hôpital, c'est le service public. Le service public a besoin de raisons et de moyens d'exister. Et ce qui fait la force de l'hôpital, c'est l'excellence technique et la qualité, mais c'est aussi l'humanité, l'égalité et l'accueil des plus faibles. Ici plus qu'ailleurs, le service public est la première des réponses à la fracture sociale.
Je vous remercie.
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