Guatemala, le samedi 14 novembre 1998
Monsieur le Président, mon cher Ami
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Merci, Monsieur le Président, pour votre accueil. Merci pour vos paroles pleines de chaleur et d’amitié.
Il y a deux semaines, l'ouragan MITCH s'abattait tragiquement sur l'isthme centraméricain. Le Guatemala n'a pas été épargné par la fureur de l'eau et du vent. Devant ce lourd et révoltant tribut infligé au peuple et à la terre guatémaltèques, je souhaite vous redire l'émotion et les condoléances de la France. Je m'incline devant le deuil et les souffrances de votre pays. Dans cette épreuve, la France est à vos côtés, solidaire et déterminée. Elle continuera de vous apporter son aide et son soutien.
L’année dernière, Monsieur le Président, c’est moi qui vous recevais à Paris dans des circonstances particulièrement heureuses, et je le faisais avec beaucoup de plaisir. Vous veniez y recevoir le Prix Félix Houphouët Boigny pour la paix. Ce Prix couronnait votre engagement personnel pour que cessent quatre décennies d’affrontements au Guatemala.
A cette occasion, nous avions beaucoup discuté de la mise en oeuvre des accords de décembre 1996, de la nécessité pour votre pays de rassembler tous ses fils pour ne former à nouveau qu’une seule et même famille. Nous avions évoqué la lutte des peuples premiers pour leur reconnaissance, et l'admirable combat pacifique de Madame Rigoberta Menchu. Et vous m’aviez, Monsieur le Président, présenté les enjeux de la paix pour votre pays. Et vous m’avez invité à venir rencontrer chez eux vos compatriotes, tous vos compatriotes et leurs représentants.
Et nous nous sommes naturellement plongés dans le passé. Bien sûr, nous en sommes venus à parler des grandes civilisations de la Méso-Amérique. De la fascinante civilisation maya et de ses sites guatémaltèques.
Mais une visite d’Etat est d’abord un moment d’amitié. Si ma visite est la première d’un Président de la République française au Guatemala, l’amitié entre nos deux pays est ancienne. Il y a bientôt deux siècles, des soldats français, vétérans de la Révolution et de l’Empire, ont lutté avec vos pères fondateurs pour la liberté et pour l’indépendance des peuples d’Amérique Latine. Très tôt, le Guatemala et la France ont conclu des traités d’amitié, de commerce et de navigation. Depuis toujours, nos intellectuels, nos écrivains, nos artistes sont en étroite correspondance.
L’an prochain, le Guatemala se souviendra qu’il y a cent ans naissait Miguel Angel Asturias. Celui qui fut l’un des plus grands écrivains du Guatemala et du monde, et qui obtint en 1967 le Prix Nobel, a passé de longues périodes de sa vie à Paris. Il y écrivit. Il y fut ambassadeur. Il y repose désormais.
Paris qui fut aussi, aux heures les plus difficiles de votre histoire, un refuge pour vos compatriotes en exil.
Au moment où le Guatemala se réconcilie, où vous construisez une nation nouvelle, multiethnique et multiculturelle, une nation fraternelle, la place de la France est à vos côtés. Le chemin dans lequel vous êtes engagé est long et difficile. Et la France souhaite que vous réussissiez. Parce qu’avec la paix, le développement devient possible, et avec lui, l’épanouissement et le bonheur de tous les Guatémaltèques.
Monsieur le Président, je voudrais en terminant vous apporter l’amitié de la France. Une amitié ancienne, une amitié renouvelée, une amitié qui veut s’exprimer à l’occasion de l’épreuve que vous avez traversée.
Je vous remercie.
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