Paris, le mercredi 11 novembre 1998
Madame,
En ce jour où nous commémorons le 80ème anniversaire de l’Armistice qui mit fin au premier conflit mondial et où nous inaugurons la statue de Sir Winston Churchill, je tiens à vous dire tout l’honneur que nous ressentons à vous accueillir et tout le plaisir que nous en avons. Votre présence aujourd’hui à Paris témoigne de l’attachement que vous portez à la France. C’est une nouvelle manifestation de cette amitié qui unit, depuis si longtemps, nos deux pays.
Au nom du peuple français, je voudrais, en cette journée du Souvenir, exprimer ma profonde reconnaissance au peuple britannique tout entier, dont les fils, aux côtés de nos troupes et des Alliés, ont versé leur sang sur le sol français entre 1914 et 1918 et ont payé de leur vie le prix de la liberté dont nos peuples jouissent aujourd’hui.
Cette fraternité d’armes s’est également illustrée au cours du second conflit mondial, sous l’impulsion de Winston Churchill et du Général de Gaulle. Le peuple britannique avait tenu à rendre hommage au Général de Gaulle en érigeant à Londres une très belle statue à sa mémoire. Et à mon tour, en inaugurant tout à l’heure, à vos côtés, une statue dédiée à Sir Winston Churchill, je pourrai exprimer toute l’admiration et la reconnaissance du peuple français envers cette personnalité puissante et libre qui a su, aux heures les plus difficiles de notre histoire, poursuivre la lutte et assurer la victoire.
Cette Europe que nous avons su défendre et libérer avec les armes, il nous appartient désormais de renforcer sa stabilité, de la rendre plus efficace et d’affirmer son autorité politique sur la scène internationale grâce à la mise en place d’une réelle défense européenne. Et nous sommes heureux de voir que la Grande-Bretagne souhaite y participer pleinement, Monsieur le Ministre.
Mais l’aventure européenne ne prendra son plein essor que si elle emporte l’adhésion de peuples qui se rencontrent, se connaissent mieux, découvrent les pays de leurs partenaires, et nous en avons parlé, Madame. L’ouverture du tunnel sous la Manche permet à un nombre croissant de Britanniques et de Français de se familiariser avec les réalités de nos pays respectifs. Et cette intensification des contacts entre les sociétés de nos deux pays favorisera la compréhension mutuelle entre nos peuples. Et c’est parce que Sir Winston Churchill incarnait si bien ce qu’il y a de meilleur dans le peuple britannique qu’il est si cher au coeur du peuple français.
Winston Churchill, dont Albert Cohen disait : "Churchill, l'Angleterre".
Permettez-moi, Madame, de lever mon verre :
En l’honneur de Votre gracieuse Majesté,
Au bonheur et à la prospérité du peuple britannique et à l’amitié franco-britannique.
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