Kumanovo, Macédoine, le dimanche 28 février 1999
Messieurs les Ministres,
Amiral, Mon Général,
Messieurs les Officiers Généraux,
Officiers, Sous-officiers, Soldats,
J'ai voulu vous rencontrer parce que vous accomplissez ici, comme d’ailleurs vos camarades en Bosnie, une mission qui est essentielle pour la paix dans cette région difficile des Balkans.
Soldats d'une force européenne, dont je salue tous les contingents, vous illustrez ce qu’ensemble nos pays et nos peuples peuvent faire pour renforcer la sécurité et la stabilité, là où c’est nécessaire sur notre continent.
Soldats de la paix au sein de l'Alliance atlantique, vous devez être prêts à garantir, dans les délais les plus brefs, la sécurité des vérificateurs de l'OSCE au Kosovo.
Votre mission exige professionnalisme, esprit d'initiative. Elle exige du courage, une constante vigilance, une parfaite préparation aux situations les plus diverses comme aux affrontements qui peuvent être les plus violents.
Toutes ces qualités, je les ai bien perçues aujourd’hui. Vous êtes l'image d'armées modernes, dotées de moyens performants. L'image d'armées déployées loin de leurs bases, soumises à de rudes conditions de vie, comme ce fut le cas lors des grands froids, et qui font preuve d’un bel esprit de courage et aussi d’un total dévouement.
Ces qualités, demain, vous devrez pouvoir les mettre au service d'une nouvelle mission, plus ambitieuse encore. Celle de garants de la paix, d’une paix que tout le Kosovo espère et attend.
Une étape a été franchie à Rambouillet, où un consensus a été obtenu sur un statut d'autonomie substantielle. La voie est désormais tracée vers un règlement correspondant aux aspirations de l'ensemble des habitants de la région, je n’en doute pas.
Mais, naturellement, rien n'est encore acquis. L'accord politique de Rambouillet doit être confirmé. Les conditions de sa mise en oeuvre doivent être précisées. L'accord devra être garanti par la présence au Kosovo, à l'invitation des parties, d'une force internationale déployée dans le respect des souverainetés et dans l'intérêt de toutes les communautés.
Cette force, vous en serez la tête de pont. Sans négliger un instant vos responsabilités actuelles, vous devez vous y préparer. Vous aurez à vous intégrer, le moment venu, dans un dispositif plus large et dont les tâches seront très différentes.
Mais si la paix est à portée de main, elle n'est pas encore acquise. Loin de là. Elle exige des deux parties engagées dans la négociation un nouvel effort, et aussi une vraie vision de l'avenir. Aux négociateurs, aux responsables politiques des deux bords, Kosovars et Serbes, je lance un appel : c'est aujourd'hui que vous devez faire le choix de la paix. Le choix, aussi, d'une Europe qui est prête à vous accueillir si vous vous en montrez dignes.
La paix exige aussi une extrême retenue de tous. A ceux, quel que soit leur camp, qui croient que la violence peut apporter une solution, je lance un avertissement solennel : la communauté internationale n'acceptera pas que s'enclenche à nouveau le cycle infernal de la violence, des massacres, de la barbarie. Ceux qui en seraient responsables devraient en assumer toutes les conséquences, et ils doivent savoir que ces conséquences, seraient lourdes.
Officiers, Sous-officiers, Soldats, vous êtes aux avant-postes. Vous êtes la fierté des peuples que vous représentez. Vos tâches d'aujourd'hui et de demain sont essentielles, pour la sécurité des vérificateurs, pour la paix au Kosovo, pour l'avenir pacifique que nous voulons construire dans les Balkans et en Europe.
Je vous dis donc mon estime, ma reconnaissance et ma confiance.
Je vous remercie.
|