Cologne, Allemagne, le jeudi 3 juin 1999
Mes chers compatriotes,
Le 24 mars, je vous annonçais, en plein accord avec le gouvernement, l'engagement des forces françaises, avec nos alliés, dans un combat pour la défense du droit et de la dignité humaine.
Aujourd'hui, à Cologne, je suis heureux de vous dire que le droit et la dignité humaine - ce pourquoi nous nous sommes battus - sont en passe de l'emporter.
Les autorités de Belgrade ont formellement accepté le plan reprenant et précisant les exigences de la communauté internationale.
Un véritable espoir de paix est né ce soir.
La décision de Belgrade ouvre la voie à un règlement politique du conflit. Il appartient maintenant aux dirigeants serbes de mettre en oeuvre scrupuleusement les engagements qu'ils ont pris.
Les premières étapes du règlement seront, d'une part, le retrait vérifié de toutes les forces serbes du Kosovo selon un calendrier rapide et précis, et, d'autre part, l'arrêt des bombardements dès que ce retrait sera engagé et constaté.
Près d'un million de réfugiés vivaient dans cette attente. Bien sûr, leurs souffrances ne seront pas effacées en un jour. Et ils n'oublieront sans doute jamais ce que leur a infligé l'appareil de répression serbe.
Mais, pour la première fois depuis des mois, grâce à notre action déterminée, toutes ces familles meurtries voient apparaître la perspective de rentrer dans leur foyer en sécurité et en paix.
Il faut désormais mettre les engagements à l'épreuve des faits. Il faut travailler d'urgence à la mise en oeuvre du plan de paix. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit sans tarder entériner la création de la force internationale de sécurité et la mise en place de l'administration civile provisoire.
La France participera pleinement à cette force et elle souhaite que l'Union européenne joue un rôle central dans l'administration du Kosovo pour conduire cette province sur la voie d'une autonomie substantielle.
Mes chers compatriotes,
Dès le premier jour, je vous avais demandé du temps et de la détermination. Vous l'avez compris et je veux vous en remercier.
Je veux aussi vous dire que beaucoup reste à faire. Il faudra vérifier, jour après jour, le respect par Belgrade des engagements pris. Il faudra engager la reconstruction et organiser le retour de tous les réfugiés. Cela prendra du temps.
Mais, si les décisions des autorités serbes sont bien confirmées dans les faits, ce jour marquera une date historique dans le combat pour nos valeurs et pour la démocratie contre la barbarie. Désormais, sur notre continent, chacun aura compris que ne seront plus tolérées des politiques racistes, des pratiques de purification ethnique qui faisaient honte à notre conscience et à notre mémoire.
Grâce à la solidarité de la nation tout entière, la France a été à la pointe de ce combat. C'était son devoir. C'est son honneur.
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