Stockholm, Suède, le mardi 11 avril 2000
Mesdames, Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Je voudrais d’abord vous dire ma joie de vous rencontrer ici, pour bien des raisons que je vais rapidement évoquer, et vous remercier de vous être déplacés à une heure qui n’est pas facilement commode pour ceux qui travaillent.
Je voulais également exprimer à notre Ambassadeur, M. Patrick Imhaus, et à son épouse, ma gratitude et celle de ma femme pour la parfaite organisation de ce voyage, et vous me permettrez de dire combien j’ai été sensible à l’accueil qui nous a été réservé depuis notre arrivée ici. Un accueil, je dirais, chaleureux, ce qui est très exactement la tonalité qu’il convient d’accentuer dans les relations entre nos deux pays.
Je voudrais également saluer le Président du groupe d’amitié France-Europe du Nord, M. Alain Vasselle, et le représentant -qui est quelque part-, de la région Lorraine qui, vous le savez, depuis vingt ans, entretient avec les provinces du Nord de ce pays des relations extrêmement fructueuses et utiles, notamment dans le domaine des échanges culturels et universitaires.
Je voudrais saluer les délégués du CSFE, bien entendu, et évoquer en quelques mots ce voyage.
J’ai souhaité venir en visite d’Etat en Suède. Il n’y avait pas eu de visite d’Etat depuis seize ans. Je souhaitais venir en Suède parce que -ayant bien connu ce pays quand j’étais jeune-, je ne comprenais pas très bien pourquoi, pendant très longtemps, notre relation avait été, je dirais, un peu distante, pour ne pas dire un peu froide. L’Histoire n’expliquait pas cela.
Ce phénomène s’est développé à partir, curieusement, mais on peut le comprendre, c’est l’Histoire, de l’arrivée de Bernadotte. En réalité, il a fallu attendre 1995 et l’adhésion heureuse de la Suède à l’Union européenne pour que quelque chose se passe et qu’une nouvelle relation se crée. Autrement dit pour que nos deux peuples commencent à prendre conscience qu’ils avaient, dorénavant, destin lié au sein de l’Union européenne et que cela supposait peut-être des comportements différents, une meilleure écoute, des contacts plus importants. C’est ce qui s’est passé. C’est impressionnant de voir l’évolution de la relation franco-suédoise depuis cinq ou six ans.
Les visites politiques étaient rarissimes. Elles sont devenues très nombreuses en quelques années. Les échanges entre universitaires, étudiants se sont développés de façon considérable. J’ai pu l’observer, hier, à l’université. Les échanges économiques ont connu une progression étonnante. Ils ont pratiquement doublé en cinq ans.
Les choses se créent. Les hommes ou les femmes qui se regardaient avec respect, mais finalement avec pas beaucoup d’intérêt -je parle des responsables, notamment dans le domaine politique-, aujourd’hui discutent très facilement ensemble, dans la mesure, notamment, où on s’est aperçu que notre vision de l’Europe, à nous Français, et aux Suédois, était pour une large part une vision de même nature.
Vision de deux pays ayant chacun une forte identité, n’entendant pas perdre cette identité et concevant l’Europe comme un moyen de conforter, dans l’avenir et dans un ensemble cohérent avec le monde moderne, cette identité. Même s’il y a quelques divergences de vues sur tel ou tel point, nous observons aujourd’hui qu’il y a une identité de vues en ce qui concerne les objectifs que nous devons poursuivre.
Cette identité de vues va être renforcée dans la mesure où la France prend la présidence de l’Union et qu’au 1er janvier 2001, c’est la Suède qui nous succède. Par conséquent, nous sommes contraints, mais c’est une contrainte légère, de nous entendre parfaitement pour pouvoir nous passer le flambeau convenablement.
C’est bien dans cet esprit que le Premier ministre et le Gouvernement suédois et les autorités françaises ont abordé cette nouvelle phase de leur relation. C’est pourquoi, hier, nous avons pu annoncer, Göran Persson et moi, que nous aurions un groupe de travail commun et que c’est ensemble que nous allions forger et passer le relais et nous soutenir mutuellement.
Au fond, je me suis dit, après ces discussions, qu’il ne nous restait plus qu’une seule chose à rechercher pour parfaire ce retour en grâce mutuelle des Français et des Suédois, c’est un peu plus de chaleur dans nos relations. Je souhaite qu’à l’occasion de ce voyage cela soit l’impression qui reste, un peu plus de chaleur dans nos relations.
Alors, je voudrais m’adresser naturellement à celles et ceux, Français, binationaux parfaitement intégrés, qui sont le fer de lance de cette politique que nous souhaitons, Suédois et Français, voir se développer dans les mois et les années qui viennent. Je voudrais vous dire toute ma reconnaissance pour ce que vous faites. Vous donnez ici dans un beau pays, une belle image de notre pays. Une image dynamique, une image de qualité.
En remerciant, tout à l’heure Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Lord-maire et Monsieur le Maire, que je salue bien amicalement ici, et en leur exprimant toute ma reconnaissance pour nous avoir prêté cette superbe salle pour notre réunion, à l’issue d’un entretien qui a eu lieu entièrement en français, les deux principales personnalités de Stockholm étant francophones, et je ne voudrais pas faire d’ingérence dans leurs affaires en indiquant également qu’ils sont francophiles, je leur ai exprimé cette joie d’être ici pour nous et l’admiration que j’avais pour la façon dont la ville était gérée. Je leur disais que c’était quand même un symbole que le chef de l’Etat français rencontre ses compatriotes dans une salle d’honneur de la mairie de Stockholm et que, ma foi, tout le monde trouve cela normal. Alors, encore, Monsieur le Président et Monsieur le Maire, toute ma gratitude très chaleureuse et les remerciements de tous nos compatriotes.
Je voudrais donc rendre hommage à cette communauté française qui a la chance, tout de même, d’être dans un cadre favorable, dans une société où l’efficacité, la modernité, la tolérance, la sécurité, la qualité de l’environnement sont des marques fortes, où, par conséquent, il y a tout de même un grand intérêt à vivre et à travailler.
Je voudrais saluer, notamment parce que je les ai vus hier, et que cela m’a fait plaisir, avec leurs petits drapeaux, nos écoles : notre collège franco-suédois, notre lycée français Saint-Louis, notre petite école de Göteborg et puis aussi ceux qui sont responsables, ici, de l’animation culturelle et dont je sais, Sa Majesté la Reine me le disait hier avec beaucoup de foi et de satisfaction, que cette animation culturelle est bien faite et bien conduite, ici, à la fois par l’Institut français et par tous les établissements de l’Alliance française et aussi de nombreuses associations qui sont actives et qui font du bon travail.
Donc, je le répète pour terminer, la Suède et la France ont maintenant un destin uni dans l’Europe. Je souhaite que cette coopération que nous avons engagée se renforce et qu’elle soit la plus étroite possible. Je peux dire que c’est à la fois la volonté des autorités françaises et celle des autorités suédoises.
Dans cet esprit, je voudrais vous remercier de ce que vous faites pour donner de la France cette image, que j’ai évoquée tout à l’heure, d’une France forte, moderne, dynamique et d’une France, finalement, très proche, par bien des côtés, de la Suède.
Et après avoir encore une fois dit mon estime et ma reconnaissance à Monsieur le Président et à Monsieur le Maire de Stockholm, je voudrais vous dire très simplement, mais de tout coeur, mes sentiments d’estime, de reconnaissance et d’amitié.
Je vous remercie.
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