Palais de l'Élysée, le lundi 10 janvier 2000
Monsieur le Président,
Madame,
Madame et Messieurs les Présidents,
Mesdemoiselles,
Messieurs les lauréats,
Mes chers Amis,
Je vous remercie très sincèrement de vos voeux, Monsieur le Président. En présentant cette galette comme un symbole du partage avec l'ensemble de nos compatriotes et comme l'image d'une France rassemblée et fraternelle, après avoir été meurtrie, comme vous l’avez rappelé en soulignant d’ailleurs, à juste titre, le rôle, les responsabilités et les conséquences qu’ont subies les boulangers dans cette épreuve, vos voeux me sont allés une fois de plus droit au coeur. Cela tient notamment à la reconnaissance et à l’estime que je porte à votre profession pour ce qu’elle donne à la France à la fois d’agrément, de confort et de prestige.
Je suis très heureux de vous accueillir ici pour vous adresser, à chacune et à chacun d'entre vous, mes voeux chaleureux, sincères et amicaux pour l'an 2000. Et à travers vous, à tous ceux bien sûr qui vous sont chers. A vos familles et à toute votre profession, je voudrais souhaiter une excellente année à la profession de boulangers pour clôturer ce millénaire !
Je salue parmi vous, autour de vous-même, cher Président CROUZET, ses deux Vice-présidents, Gérard DELESSARD et Jean-Claude CHOQUET, à la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie, ainsi que Jean MILLET, Président de la Confédération nationale de la pâtisserie, et Paul COUESNON, Président de la meunerie.
Je voudrais aussi saluer Madame la Présidente des boulangères, les présidents départementaux de la boulangerie et vos collaborateurs, ainsi que Gilles BRAGARD, Président de l'entreprise qui fabrique et vend d’ailleurs les vêtements professionnels qui portent son nom et qui, je le découvre avec vous, Monsieur le Président, sont particulièrement réussis.
Je salue enfin avec plaisir la présence des jeunes : les jeunes Meilleurs Boulangers de France et le jeune Meilleur pâtissier de France. Je les félicite chaleureusement en leur exprimant mes souhaits de brillante carrière et de réussite professionnelle, de bonheur dans la vie, et aussi les jeunes filles des Maisons de la Légion d'Honneur, qui nous font la joie, comme chaque année, de participer à notre traditionnelle cérémonie. Je salue également leurs accompagnatrices et Madame la Surintendante. Je souhaite à ces jeunes filles, également pour elles et pour leurs parents, des voeux très chaleureux de bonheur et, pour elles, de réussite.
Cette tradition qui nous réunit autour de ces magnifiques galettes qui sont superbes à voir, et je voudrais en féliciter M. Rémy POTEY, est pour moi une tradition vivante et pleine de sens. Vous avez dans les mains un métier, je le dis aux jeunes boulangers et pâtissiers, un métier qui est parmi les plus beaux métiers du monde. Nourrir son semblable, lui fournir le pain qui est, surtout dans notre pays, la base de la nourriture quotidienne et du plaisir de la table.
Vous avez eu raison, Monsieur le Président, de rappeler le dévouement et la volonté de ces boulangers qui, démunis de tout, après les tempêtes ont tenu à assurer, dans toute la mesure du possible, leur mission et ont du y renoncer que lorsque, véritablement, ils ne pouvaient plus l’assumer. J'ai aujourd'hui, pour eux, une pensée particulière de reconnaissance. Qu'ils sachent que la solidarité nationale -vous l’avez évoquée, à juste titre, Monsieur le Président-, s’exprimera à l’égard de l’ensemble des conséquences que ces tempêtes ont eu pour un certain nombre de boulangers et soyez assurés qu’ils ne seront pas oubliés. Que l'Etat, mais aussi les assurances, les banques, les professions se mobiliseront, j’en suis sûr, pour que personne ne reste au bord du chemin. C’est l’expression d’une solidarité qui est l’honneur d’une grande démocratie et d’un vieux pays comme le nôtre et que l'année 2000 permette à chacun de repartir sur une base solide et solidaire, je le souhaite du fond du coeur et, pour ma part, je ferai ce qui est possible pour faciliter cet aboutissement que vous avez souhaité, à juste titre, Monsieur le Président.
Cette mission qui est la vôtre, vous l'avez qualifiée de service public, et à juste titre, vous en appelez à l'Etat pour vous permettre de l'assurer dans des conditions de concurrence plus loyale, et vous avez raison. Des pas dans la bonne direction ont été faits et il en reste à faire. L'Etat conserve, vous l’avez dit, dans ce monde globalisé et ouvert que nous connaissons, un rôle irremplaçable pour dire le droit, je le répète, le faire respecter avec autorité et avec justice.
Vous avez reçu une formation longue. Vous avez entre les mains un métier, un savoir-faire irremplaçables. Vous souhaitez naturellement qu'ils soient reconnus et que la qualité de votre ouvrage soit également reconnue. Et dans ce sens, vous avez derrière vous l’immense majorité des Français. Vous avez raison. La qualité sera de plus en plus recherchée par nos concitoyens et devra être garantie. C’est un des grands mouvements psychologiques dont on voit se dessiner les forces pour le proche avenir. Cette qualité devra être certifiée et assurée pour répondre à la confiance de nos concitoyens.
Notre modèle économique et social, celui auquel nous tenons en France et en Europe d’ailleurs aussi, va dans ce sens et sera renforcé et non dilué dans la confrontation du monde, j’en suis persuadé. Quels succès -d’ailleurs je les évoque souvent à titre d’exemple notamment pour les jeunes-, rencontrent déjà vos collègues dans un certain nombre de pays et pas seulement au Japon lorsqu'ils vont s’y installer et mettre en oeuvre des boulangeries artisanales comme on dit dans ces pays, très souvent "à la française" ! J'ai souvent l'occasion de le constater au cours de mes déplacements. C'est un signe de reconnaissance qui ne trompe pas et c’est un hommage qui est rendu à notre pays.
C’est une manière de bien façonner aussi l’image de la France et on peut dire que, de ce point de vue, les boulangers apportent leurs marques à cette bonne et belle image de notre pays.
Demain, la demande de qualité des produits, l'exigence de sécurité du consommateur seront, je le répète, encore davantage au coeur de nos sociétés et de nos concitoyens. Ce n'est donc pas le moment de désarmer, de baisser les bras devant la concurrence de produits ou de procédés de fabrication qui ne peuvent, à l’évidence, pas répondre à ces critères et à ces exigences. La boulangerie et la pâtisserie françaises, les métiers de l'artisanat plus largement, restent un élément essentiel de notre civilisation. Nous nous devons de les soutenir. Nous nous devons de les défendre dans le monde, et naturellement d'abord chez nous.
Sachez que, pour ma part, je continuerai de m'y employer en toute circonstance. Je pense, en particulier, aux sujets que vous avez évoqués, aux craintes qui sont les vôtres, que je partage, et aux ambitions que vous soutenez et que je soutiens également.
Pour les plus jeunes, je souhaite que vous soyez un exemple fort et rayonnant des joies et des mérites d'un métier de service essentiel comme celui de la boulangerie-pâtisserie. Ce savoir-faire ancestral, traditionnel, dont nous goûtons chaque jour les produits, qui ne peut pas être saboté sans être irrémédiablement nié, comme l’évoquait le Président en parlant du temps nécessaire. Ce métier est aussi tourné vers l'avenir et vers la modernité. Combien d'entre vous disposent, en effet, d'équipements sophistiqués qu'il faut savoir choisir, entretenir avec compétence, ou simplement d'une gestion informatisée qui peut donner accès par Internet aux informations et aux clients du monde entier ? L'artisanat intègre les technologies modernes depuis déjà longtemps et, discrètement, accomplit sa révolution culturelle sans abandonner le meilleur de ses traditions. Je suis de ceux qui pensent que ces technologies nouvelles sont un élément d’impulsion qui sera très important pour l’artisanat de demain et qui marquera bien que ceux qui avaient pensé un temps que l’artisanat appartenait au passé, s’étaient tout simplement et grossièrement trompés.
La formation que dispensent vos centres partout sur notre territoire, dans les Chambres de métiers en particulier, est un appui indispensable et un gage de cette modernisation continue. Tout au long de leur vie, les artisans ont ainsi la possibilité de se former, de se perfectionner, de progresser en prenant de plus en plus de responsabilités. C'est le modèle de ce que je souhaite pour tous et notamment pour les jeunes qui entrent dans la vie active : une formation tout au long de la vie, professionnelle et qualifiante, pour assurer le moteur de la promotion sociale et de la vie économique de notre pays et l’épanouissement permanent de l’homme..
Je vous remercie une nouvelle fois, Monsieur le Président, de cet exemple que vous nous apportez à tous et je vous invite, Madame et Messieurs les Présidents, Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, à déguster ensemble cette galette des rois une fois de plus et avec autant de plaisir que l’année dernière et l’année précédente et je n’en doute pas que l’année prochaine. Je vous renouvelle, à chacune et à chacun d'entre vous, mes voeux de très bonne et très heureuse année.
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