Allocution du Président de la République lors de la réception de la communauté française à Garoua, Cameroun.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la réception de la communauté française du Cameroun.1

Garoua, Cameroun, le samedi 20 janvier 2001

Mesdames, Messieurs, Mes Chers Compatriotes,

Je voudrais vous dire ma joie d'être ici, enfin. Je dis enfin parce que je devais venir à la fin de 1999, mais mon voyage avait été interrompu par, hélas, le décès de Sa Majesté le Roi Hassan II. Et j'avais dû quitter directement Yaoundé pour rejoindre Rabat et les obsèques. Mais j'avais indiqué que je reviendrais à Garoua. Je l'ai fait et je ne le regrette pas, d'abord parce que je ne voulais pas ne pas tenir ma parole.

Je suis heureux, au nom du ministre, M. Charles JOSSELIN, au nom de nos trois sénateurs, Mme BRISEPIERRE, M. LEGENDRE et M. CANTEGRIT, de vous saluer toutes et tous, et de remercier notre Consul général, et aussi notre Ambassadeur, bien entendu, pour leur parfaite organisation de ce voyage mais aussi pour le travail remarquable qu'ils accomplissent pour notre pays au Cameroun.

Et, je ne voudrais pas manquer de saluer les deux délégués du CSFE, également, qui, je crois, sont ici.

L'origine de ce voyage, c'était la tenue à Yaoundé du XXIe Sommet Afrique-France, auquel a participé la totalité des pays africains. C'est une tradition qui avait été créée à l'origine par Léopold SEDAR SENGHOR et Hamani DIORI, en 1973, et qui s'est perpétuée, et qui est un moment d'échange amical, fructueux, intéressant entre les dirigeants de l'ensemble de l'Afrique et la France.

Ce sommet a été très bien organisé par les autorités camerounaises, par le Président BIYA, et s'est déroulé dans les meilleures conditions. Il a permis un échange de vues sur beaucoup de sujets, de traiter ensemble beaucoup de problèmes et de confirmer la relation privilégiée qui existe depuis longtemps entre la France et l'Afrique.

Je voudrais saluer ici tout particulièrement notre colonie française qui représente plus de six cents personnes et dire à toutes et à tous, qu'il s'agisse des religieux, que je vois, qu'il s'agisse des hommes et des femmes d'entreprise, qu'il s'agisse des assistants techniques, combien je leur sais gré, combien nous leur savons gré, du travail qu'ils font ici.

Je sais que ce travail est important. Cette région est une région qui devient de plus en plus dynamique dans un Cameroun qui, lui-même, connaît une amélioration nette de sa situation économique. Nous avons ici des entreprises performantes. Je l'ai remarqué. J'ai rencontré les chefs d'entreprise, hier aussi, à Yaoundé, avec le ministre. Nous avons vu des hommes et des femmes à la tête d'entreprises performantes.

De nombreux projets de coopération existent. Nous avons visité, ce matin, le pôle aéronautique régional qui vient de débuter et qui est une réussite. Je salue les militaires français qui sont également ici présents et qui font de l'excellent travail. Nous avons visité, également, le centre de santé, qui est une réalisation excellente faite en coopération avec la France. J'ai été impressionné par l'adaptation de ces centres aux besoins actuels de la région.

J'aurais voulu, ou j'aurais souhaité, visiter les trois écoles françaises, ce que je ne peux pas faire, mais je sais qu'elles fonctionnent bien, et les deux alliances franco-camerounaises qui sont, aussi, une réussite de cette région.

Nous savons que nos compatriotes ici ont, comme tout le monde, des préoccupations qui touchent à la sécurité. J'en avais longuement parlé avec le Président Paul BIYA, lors de mon dernier séjour ici et à l'occasion de nos rencontres à Paris. Je crois savoir que les choses s'améliorent un peu et je m'en réjouis. En tous les cas, je sais que c'est l'une de ses préoccupations.

Le problème de la scolarité des enfants est bien résolu ici. Je voudrais rendre hommage à celles et ceux qui s'occupent de nos trois écoles, et notamment les professeurs bien entendu, qui le font aussi de façon tout à fait remarquable. Il y a une amélioration qui a été engagée depuis quelque temps, notamment au niveau des bourses, de l'aide aux familles qui en ont besoin. Je m'en réjouis et je pense que cela se poursuivra.

Lorsque j'étais venu en visite il y a un peu plus d'un an, on m'avait beaucoup signalé les problèmes relatifs à la protection sociale, et notamment ceux qui touchent aux versements des retraites par la Caisse nationale de protection sociale du Cameroun. J'en avais longuement parlé au Président BIYA et j'ai cru comprendre qu'il y avait une certaine amélioration qui s'était faite. Je lui ai encore redit qu'il convenait d'être très attentif à la façon dont ces dossiers étaient traités.

Lorsqu'on regarde actuellement l'évolution de l'Afrique, il y a, si j'ose dire, le meilleur et le pire. Heureusement, le meilleur, contrairement à ce que l'on pense, parce qu'on ne parle la plupart du temps que du pire, l'emporte largement. Malheureusement, il y a, ici ou là, des drames. Nous l'avons encore vu ces derniers jours avec la République démocratique du Congo. Mais on peut dire que le Cameroun est un pays marqué par la stabilité et la croissance.

La stabilité, parce qu'à l'évidence, il y a ici une situation politique conforme aux exigences de la démocratie, qui témoigne d'une cohésion sociale et nationale dont on a pu encore voir le témoignage tout à l'heure, avec l'accueil superbe qui nous a été réservé lors de notre arrivée à Garoua et de la fantasia à laquelle nous avons assisté au stade.

On voit également que, sur le plan économique, il y a un progrès très net. On le voit au niveau de la croissance, puisque la croissance, ici, est de 5%, ce qui est tout de même une croissance importante et qui pourrait être sensiblement améliorée. J'en parlais ce matin longuement avec le Président BIYA dans l'avion. Si on voulait bien essayer de donner à l'administration à la fois plus de souplesse et plus d'efficacité, je crois que le Président en est tout à fait convaincu, les choses devraient aller s'améliorant.

Hier soir, les hommes d'affaires français installés au Cameroun, que je recevais à Yaoundé, me disaient : " ici, nous sommes dans un pays où la législation est bonne. C'est l'exécution qui pose problème. Si l'exécution était parfaite, on pourrait atteindre une croissance à deux chiffres ". J'en suis convaincu. Je le disais, nous le disions tous les deux, avec M. JOSSELIN, au Président BIYA, ce matin, dans l'avion, pendant le trajet entre Yaoundé et Garoua. Il en est tout à fait conscient et déterminé à essayer d'améliorer cette relation entre les investisseurs, les hommes d'affaires, les entreprises, les acteurs économiques et l'administration, de façon à permettre une augmentation très sensible et prévisible du taux de croissance dans ce pays.

Mais, déjà, la reprise des privatisations, la libéralisation donnent des perspectives positives pour l'avenir. Je crois que nos compatriotes qui se sont investis et qui ont investi ici ont eu raison. Ceux qui peuvent être tentés de le faire, devraient le faire. En tous les cas, c'est le conseil, sans aucun doute, que le Gouvernement et moi-même nous donnerons à nos compatriotes dans ce domaine.

Voilà. Je voulais simplement vous dire ma joie d'être ici et de vous saluer. Mais aussi, et peut-être surtout, de vous remercier d'être présents et de donner de la France une belle image. Je voudrais vous dire, en terminant, avec mes voeux de bonne année, puisqu'on est encore au mois de janvier, je vous donne mes voeux de bonne et heureuse année à chacune et chacun d'entre vous, à tous les vôtres, bien entendu, à l'ensemble de la communauté française et, au-delà, à l'ensemble de la population du Cameroun, mes sentiments de reconnaissance pour ce que vous faites, d'estime pour la façon dont vous le faites et aussi d'amitié très sincère.

Merci d'être venus aujourd'hui.





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