Discours du Président de la République lors de l'inauguration du lycée français de New York.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de l'inauguration du lycée français de New York.

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New York, Etats-Unis d'Amérique, le lundi 22 septembre 2003

Madame la Présidente du Conseil d'administration, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Monsieur le Consul général, Monsieur le Proviseur, Mesdames et Messieurs les Professeurs, Mes chers compatriotes, Mesdames, Messieurs,

Un mot tout d'abord pour saluer un brillant ancien élève de la maison, notre ministre des Affaires étrangères, Dominique de VILLEPIN, qui a gagné ici ses galons de bachelier. Un mot aussi pour saluer et remercier trois éminentes personnalités françaises qui nous ont fait le très grand plaisir de nous accompagner pour ce passage à New York, Madame le ministre Simone VEIL, Monsieur le Professeur Adolphe STEG et Monsieur le Président CUKIERMAN.

Mesdames, Messieurs, Je suis particulièrement heureux d'inaugurer avec vous aujourd'hui le nouveau Lycée Français de New York.

Un mot d'abord d'émotion, deux ans après la tragédie, je retrouve New York avec, c'est vrai, beaucoup d'émotion. Ces images, ces souvenirs nous hantent. Vision des avions qui s'écrasent contre le World Trade Center. Souvenir de la fuite éperdue pour échapper à la mort, de l'action héroïque des pompiers et des sauveteurs. Horreur de l'effondrement des Tours sur des milliers de vies humaines.

Tragédie ensuite de ces journées où l'on comptait les morts, journées d'angoisse, d'effroi, de colère et de désespoir passées à fouiller les débris à rechercher des survivants, à la recherche d'un visage aimé, à s'interroger sur les raisons de ces actes haineux.

Mais je reste marqué par mon voyage à Washington et à New York, la semaine suivante. Les ruines, le courage du Maire, Rudy GIULIANI, celui des sauveteurs, l'émotion sur Union Square où chacun venait se recueillir, où l'Amérique pleurait ses morts, la rencontre avec les Français, blessés mais unis dans l'épreuve, autour de notre Consul Général, Richard DUQUÉ.

Je me souviens de mon entretien à Washington avec le Président BUSH, de notre détermination commune à répondre aux attentats par une mobilisation sans précédent contre le terrorisme. La France s'associait à la traque contre Al Qaïda et ses réseaux, elle participait à la constitution d'une coalition mondiale. C'est d'ailleurs sous présidence française que le Conseil de sécurité a immédiatement reconnu la légitime défense et autorisé le recours à la force.

Nous n'oublierons jamais l'agression contre New York. Les Français, qui vouent à cette ville de liberté, de tolérance, de lumière une affection particulière, rendent hommage à ses morts et à ses blessures.


Mais je vous vois tous, aujourd'hui, dynamiques, optimistes, c'est bien le sens du propos de notre Présidente, animés de cet esprit d'entreprise et d'initiative qui fait la force de l'Amérique. Je retrouve New York telle qu'elle a toujours été, allant de l'avant, pleine d'idées et de projets, bien décidée à surmonter la tragédie par une réalisation qui témoigne qu'elle est plus forte que ceux qui l'ont agressée.

Ce lycée, votre lycée, Madame, Monsieur le Proviseur, Mesdames et Messieurs les professeurs, est aussi une magnifique preuve de confiance dans l'avenir.

Ce projet exemplaire n'aurait pas vu le jour sans l'audace et la détermination des dirigeants du Lycée Français de New York. Je tiens à rendre hommage, un hommage chaleureux et reconnaissant à la Présidente du Conseil d'administration, Madame Elsa BERRY, au Vice-Président, Monsieur François CHATEAU, et à tous les administrateurs, américains et français, rendre hommage aussi à l'action de notre proviseur. Ils ont fait preuve, tout au long de cette entreprise, d'une persévérance et d'un engagement remarquables.

J'exprime également la reconnaissance de la France à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à la conception, à la réalisation et au financement du nouveau lycée. Naturellement, dans le cadre du partenariat que vous avez développé avec le Ministère de l'Education Nationale et l'Agence pour l'Enseignement français à l'étranger, il continuera à bénéficier du plein soutien des autorités françaises.

Haut-lieu de rayonnement et d'épanouissement de la culture française à New York, votre lycée entre dans le XXIème siècle sous le signe de la modernité. Vous pouvez être fiers d'avoir bâti, dans cette ville qui incarne le progrès, un établissement que ses équipements pédagogiques et ses installations placent à la pointe de l'innovation. Un établissement exceptionnel qui offre à ses enseignants comme à ses élèves le cadre le plus propice à l'expression de leur compétence et à l'éclosion de leur talent.

James POLSHEK et ceux et celles qui ont travaillé avec lui, ont mis tout leur art dans cet admirable bâtiment, synthèse du fonctionnalisme des constructions new-yorkaises et de la tradition architecturale française, contribution à l'élan créateur qui est la marque de cette ville sans pareille dont vous partagez l'extraordinaire aventure.

Signe du dynamisme de la communauté française, le nouveau lycée est aussi le symbole des liens profonds qui unissent Américains et Français depuis longtemps et pour longtemps. Nos amis américains ont pris une part essentielle dans sa réalisation. Sans leur soutien enthousiaste, ce grand projet serait resté un rêve. Je les remercie du fond du coeur pour ce bel exemple de coopération et d'amitié franco-américaine.

Les événements des derniers mois ont provoqué c'est vrai, quelques tensions dans les relations entre nos deux pays. A tous je voudrais vous dire ici ma conviction.

L'amitié entre la France et les Etats-Unis, une amitié de 225 ans est solidement enracinée dans les profondeurs de notre histoire : elle est en quelque sorte notre trésor et aussi notre patrimoine commun. Elle est une alliance fondée sur des valeurs partagées. A nous de la faire fructifier et de la tourner vers l'avenir. Cette amitié entre nos peuples sera toujours plus forte que les divergences. Elle s'épanouira toujours dans un dialogue franc et ouvert. Telle est ma vision d'une relation forgée dans les épreuves, confiante, respectueuse à la fois de nos particularités et de notre héritage commun.

Mesdames, Messieurs,

Plus de quarante nationalités, quarante quatre avez-vous dit Madame la Présidente, sont représentées parmi les élèves de ce bel établissement. Ceci montre qu'à New York, ville cosmopolite, la francophonie est une réalité vivante. Je me réjouis qu'elle dispose, avec le nouveau lycée, d'un outil à la hauteur de ses ambitions.

Le Lycée Français de New York bénéficie d'atouts exceptionnels, grâce à vous. Dans l'esprit qui a toujours été le sien, il saura allier l'excellence académique française et l'apprentissage de la culture américaine, dans une perspective d'ouverture au monde, de brassage culturel, de dialogue et de tolérance.

Je vous remercie.





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