Château de Buda, Budapest - Hongrie, le lundi 23 février 2004.
Monsieur le Président de la République, Madame,
C'est avec beaucoup de joie et beaucoup d'émotion que je reviens à Budapest. Je n'ai pas oublié l'accueil exceptionnel que m'avaient réservé vos compatriotes, il y a maintenant sept ans. J'avais été impressionné par le grand vent d'espérance qui soufflait ici, par la passion des Hongrois à écrire leur nouveau destin. J'avais rencontré la jeunesse hongroise portée par l'exaltante promesse de liberté, de succès, d'ouverture, d'un pays qui se reconstruisait, d'un pays qui franchissait les étapes pour reprendre toute sa place en Europe.
C'était il y a seulement sept ans. Et dans deux mois, c'est désormais côte à côte que nous ferons vivre et avancer l'Europe de demain. J'en suis, Monsieur le Président, profondément heureux.
Le 1er mai va marquer un moment exceptionnel de l'Histoire européenne. Une page se tourne, celle des affrontements du XXe siècle, avec cette déchirure au coeur de notre continent, une déchirure qui vous a trop longtemps tenus éloignés de nous. Vous, Hongrois, qui êtes si profondément européens et dont l'histoire incarne le génie de l'Europe. C'est une ère nouvelle qui s'ouvre. L'Europe, avec vous et avec tous les peuples qui nous rejoignent, va gagner en exigence, en ambition, en profondeur.
Monsieur le Président, s'il est un haut lieu de votre histoire où s'exprime tout particulièrement la vocation européenne de la Hongrie, c'est ce château où vous nous recevez ce soir. Nous vivons une nouvelle Renaissance de l'Europe et nous avons en mémoire le grand roi Corvin Mathias qui, en son temps, a fait rayonner les lumières de la Renaissance jusqu'au coeur de notre continent. Fondant l'université de Buda, qu'il a insérée dans le réseau des grandes universités de cette époque, il a fait de votre pays un foyer de l'humanisme européen.
Ici, je veux saluer, une fois encore, l'énergie, la volonté du grand peuple hongrois, toujours au premier rang, toujours précurseur, toujours aux avant-postes. Comme lors des Révolutions de 1848 où les affinités franco-hongroises pour la défense de la liberté prirent racine. Comme à l'heure du réveil des nationalités en Europe, emmené par Rakoczi puis Kossuth. Comme à l'automne tragique de 1956 où l'implacable répression de la résistance hongroise dessillait les yeux du monde sur la réalité de l'Est. Comme en ces jours bouleversants de 1989 où les Hongrois lançaient le signal de l'émancipation et déchiraient le Rideau de fer.
Aujourd'hui, nous voyons avec bonheur la Hongrie reconquérir toute sa place éminente en Europe où elle fait figure d'exemple. La mobilisation du peuple hongrois, son dynamisme lui ont permis de répondre avec promptitude aux exigences de l'adhésion à l'Union. Cette capacité de mobilisation, cette énergie, la Hongrie va pouvoir les mettre au service du projet européen, de notre projet européen..
En répondant à votre invitation, Monsieur le Président, j'ai souhaité témoigner ma confiance en cette nouvelle Europe, et singulièrement ma confiance en la Hongrie.
C'est à ce destin partagé dans l'Union et à ses promesses que je lève mon verre, et en votre honneur, Monsieur le Président de la République, en l'honneur de l'homme d'Etat profondément européen que vous êtes et qui a oeuvré sans relâche pour que la Hongrie retrouve une place centrale dans la famille européenne en même temps que son rayonnement dans le monde. Je le lève en
l'honneur de Madame MADL qui nous fait l'honneur de sa présence, je le lève en l'honneur des hautes personnalités hongroises et françaises, et notamment Madame BARRE qui illustre bien le charme de nos deux nations. Je le lève en l'honneur du grand peuple hongrois avec lequel la France se réjouit de relever, côte à côte, les grands défis lancés à l'Europe de demain.
Vive la Hongrie ! Vive la France ! Vive l'amitié entre nos deux pays !
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