Palais de l'Elysée - Paris le mercredi 13 avril 2005.
Monseigneur,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand plaisir Altesse et c'est un honneur particulier de recevoir votre Altesse Royale pour une visite officielle qui témoigne, s'il en était besoin, de la qualité exceptionnelle des relations entre l'Arabie Saoudite et la France. Notre dernière rencontre date de juin 2003, à l'occasion du Sommet d'Evian. J'avais alors beaucoup apprécié que vous acceptiez de porter la voix de votre pays et de votre région dans cette enceinte internationale. Cette nouvelle visite à Paris était attendue, elle était pour tout vous dire, vous le savez vivement souhaitée. Vous êtes ici chez vous et nous sommes tous honorés de l'amitié que vous nous faites.
Au-delà de sa dimension personnelle, à laquelle je suis extrêmement attaché et sensible, votre présence est une illustration éloquente des liens étroits et anciens
entre nos deux Etats. Le Royaume d'Arabie Saoudite n'est pas seulement un grand pays ami, avec lequel nous entretenons un dialogue toujours confiant, toujours chaleureux ; c'est aussi
un acteur majeur de la communauté internationale, toujours soucieux de préserver l'équilibre, la stabilité et la paix dans cette région stratégique qu'est le Moyen-Orient.
L'Arabie Saoudite, par son sens des responsabilités sur le marché de l'énergie, joue également un rôle modérateur qui contribue à soutenir la croissance nécessaire au
bien-être du monde. La France entend se tenir à vos côtés pour relever tous les défis de notre temps.
Voilà bientôt neuf ans que nous avons conclu avec Sa Majesté le roi Fahd, le gardien des deux lieux saints, à qui je vous prie de transmettre ma fidèle amitié et ma profonde estime, un partenariat privilégié que nous souhaitions voir se renforcer et se diversifier avec les années. C'était à Djeddah, cité à l'histoire plus que millénaire et que j'avais visitée avec émotion. Chacun se souvient du rôle que, grâce à votre sagesse et à votre expérience, vous avez joué dans ce choix fondamental. Chacun mesure aujourd'hui, avec le recul du temps, combien il était justifié. Depuis lors, les liens entre la France et l'Arabie se sont fortement resserrés et la présence de Votre Altesse Royale, ce soir à Paris, offre à nos deux pays une occasion unique de marquer avec force l'importance que nous voulons donner au développement de leurs relations et de leur dialogue stratégique au plus haut niveau.
Dans une région dont la stabilité reste précaire, malgré les progrès qui s'esquissent, une concertation régulière entre la France et le Royaume est capitale. Lors de nos entretiens, une large convergence de vues s'est encore une fois dégagée. Elle nous conforte dans la conviction que nous devons agir ensemble, avec la communauté internationale, l'Union européenne et les pays de la région, pour concrétiser ces espoirs.
C'est le cas en Iraq, où les élections du 30 janvier 2005 ont marqué une étape importante du processus politique défini par la résolution 1546. Pour garantir l'intégrité du pays et la stabilité de la région, toutes les composantes de la société, toutes les forces politiques qui renoncent à la violence doivent être associées à la construction d'un Etat démocratique dans lequel le peuple iraquien doit redevenir pleinement acteur de son propre destin.
Au Liban, où un ignoble attentat a coûté la vie à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ami très proche tant de l'Arabie Saoudite que de la France, nous sommes aux côtés du peuple libanais dans sa volonté de rétablir la démocratie et de recouvrer l'indépendance, la liberté et la souveraineté de son pays. Cela passe par des élections pleinement démocratiques, qui doivent être organisées dans les délais prévus, et donc par la formation d'un nouveau gouvernement. Telle est la volonté du peuple libanais et de la communauté internationale, manifestée par la résolution 1559 du conseil de sécurité. En outre, la constitution d'une commission internationale d'enquête décidée par les Nations unies doit permettre de faire toute la lumière sur l'assassinat de M. Rafic Hariri et d'établir les responsabilités, afin que les coupables et les commanditaires soient punis.
En Israël et en Palestine, le retrait de Gaza est l'occasion d'une relance de la feuille de route pour parvenir à un Etat palestinien vivant à côté d'Israël en paix et en sécurité. A cet égard, votre initiative, adoptée par le Sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002 et rappelée lors du dernier sommet d'Alger, demeure un cadre essentiel pour la solution du conflit.
Enfin, l'Iran s'est engagé avec la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne dans une négociation concernant l'utilisation pacifique de son programme nucléaire, mais aussi des arrangements politiques et économiques de long terme avec les pays européens. Un accord donnerait une nouvelle dimension aux relations de l'Iran avec les Etats de la région et les membres de la communauté internationale. La stabilité du Moyen-Orient et en particulier du Golfe en sortirait renforcée.
Monseigneur,
Mesdames et Messieurs,
La France est très attachée à sa relation privilégiée avec l'Arabie Saoudite. C'est particulièrement le cas lorsque surviennent parfois des circonstances difficiles.
Le Royaume a été confronté ces dernières années à la violence terroriste qui a semé le deuil et la destruction dans plusieurs villes du pays. Sous la haute direction de votre Altesse Royale, l'Arabie saoudite a su faire front et remporter des succès très importants dans son combat contre ce danger dont personne n'est aujourd'hui à l'abri. Elle a également contribué à renforcer la mobilisation internationale en organisant une Conférence contre le terrorisme, à laquelle nous avons activement participé. Ensemble, dans le cadre des Nations Unies et des traités qui nous lient, nous sommes déterminés à tout faire pour vaincre ce fléau que rien, jamais, ne peut justifier. Dans ce combat difficile, la France, qui a elle-même payé un lourd tribut au terrorisme, continuera d'être aux côtés des Saoudiens, comme elle l'a toujours été dans chacune des circonstances délicates que la région a traversées. Nous avons confiance dans l'avenir de l'Arabie Saoudite et nous sommes prêts à répondre à ses attentes à tout moment.
Nous souhaitons également développer avec l'Arabie Saoudite un dialogue sur l'ensemble des sujets globaux où la voix de votre pays est attendue, qu'il s'agisse de la réduction de la pauvreté qui apportera une plus grande justice dans le monde, mais aussi de l'avenir de notre planète menacée par le changement climatique. A cet égard, l'Union européenne souhaite approfondir la réflexion et l'action avec ses partenaires du Golfe.
Sous votre impulsion, le Royaume a entrepris un ambitieux programme de transformations auquel je souhaite rendre un hommage particulier. Les différentes sessions du Dialogue National, les récentes évolutions au sein du Conseil consultatif et la tenue des élections municipales partielles sont autant d'initiatives qui méritent d'être saluées. Car les réformes, pour s'inscrire dans la durée, doivent procéder, dans quelque pays qu'elles interviennent, de la volonté de chaque peuple et être conduites dans le respect de son identité particulière.
Dans le domaine économique et social, le Royaume s'est également engagé dans une politique d'adaptation des institutions saoudiennes à leur environnement. Votre ambition, Altesse, est que ces initiatives assurent à vos compatriotes, et particulièrement à la jeune génération, tout ce qu'elle ambitionne légitimement : éducation, formation, travail et prospérité. Dans cette perspective, les institutions françaises et nos entreprises, grandes, moyennes ou petites, sont disponibles pour participer à cet effort de modernisation avec leur capacité, leur savoir faire et leur imagination.
Monseigneur, la volonté de nos deux nations de se rapprocher dans le respect de leurs cultures est une volonté forte. Tel est l'esprit du dialogue des civilisations auquel chacun de nos deux pays est si attaché. Notre partenariat, fondé sur l'aspiration de nos deux peuples à la paix, à la stabilité ainsi qu'au développement de nos économies et de nos sociétés, est prometteur. C'est donc avec une grande joie et beaucoup d'espoir dans l'avenir que nous vous accueillons aujourd'hui, Monseigneur.
Permettez-moi, Votre Altesse Royale, de vous saluer ainsi que la délégation qui vous accompagne, en formant des vœux pour votre bonheur personnel et pour votre succès, pour ceux de Sa Majesté le Roi Fahd bin Abdelaziz et de tous les hauts dirigeants du Royaume, pour le bonheur du peuple saoudien comme pour le renforcement de l'amitié si profonde qui unit nos deux pays.
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