Bruxelles ( Belgique ) le mardi 22 février 2005.
Monsieur le Président des Etats-Unis,
Aujourd'hui vous reçoivent 25 chefs d'Etat et de gouvernement qui travaillent jour après jour à construire l'unité de l'Europe. La construction européenne, c'est le projet qui nous a permis d'enraciner la paix, la démocratie, la liberté et les droits de l'homme sur notre continent, des valeurs que nous avons en partage avec les Etats-Unis. C'est le projet qui nous a permis d'asseoir le développement économique et le progrès social en Europe.
Au cours des ans, notre projet a pris de l'ampleur. L'Europe s'est élargie à de nouveaux membres. Pour autant, la raison d'être du dessein européen n'a jamais varié : enraciner la paix et la démocratie, faire partager nos valeurs communes. L'attraction européenne a toujours été pour les pays qui nous ont rejoints une formidable incitation à accélérer les réformes politiques, économiques et sociales.
L'Europe, c'est aussi un grand marché de 450 millions de consommateurs, une monnaie unique, l'euro, de grandes réussites technologiques et industrielles, une solidarité financière au profit de ses Etats membres les plus défavorisés.
Il y a 60 ans, au sortir de la deuxième guerre mondiale, ce projet était une vision dont on osait à peine rêver. Aujourd'hui, c'est une réalité en marche. Voilà pourquoi l'Europe se dote d'une Constitution qui va lui permettre d'aller plus loin. Au moment où nous engageons cette nouvelle étape de notre histoire, je voudrais vous remercier d'avoir proposé cette rencontre. J'y vois la marque du soutien des Etats-Unis à une Europe plus forte et plus unie ; la reconnaissance de la nécessité pour les Etats-Unis et l'Europe, confrontés aux mêmes défis, de travailler ensemble.
L'Europe peut être pour vous un vrai partenaire politique. L'Europe a une politique étrangère : dans les Balkans Occidentaux, en Afghanistan, en Méditerranée, dans le conflit israélo-palestinien, en Afrique, partout où elle intervient, l'Europe associe moyens et volonté d'action. Avec la Russie comme avec la Chine, elle développe un partenariat stratégique.
L'Europe a aussi une politique de défense qui encourage le développement de ses capacités militaires. En Macédoine et au Congo hier, en Bosnie aujourd'hui, les premières opérations militaires de l'Union européenne ont permis d'organiser, en toute confiance, un nouveau partage du fardeau.
Notre action n'est jamais aussi efficace que lorsque l'Europe et les Etats-Unis unissent leurs forces. Dans la lutte contre le terrorisme, notre coopération est exemplaire. Contre la prolifération des armes de destruction massive, l'Union européenne attend le soutien des Etats-Unis à l'action diplomatique qu'elle mène en Iran car nous partageons le même objectif. En Iraq, nous avons pu nous retrouver dans le cadre du processus politique fixé par la résolution 1546 dont nous souhaitons tous la pleine mise en œuvre. Vis-à-vis de la Chine, l'Europe entend lever les derniers obstacles à ses relations avec ce pays majeur du 21ème siècle, dans un esprit de responsabilité et de transparence avec ses alliés.
D'autres défis communs nous attendent : le changement climatique, la recherche de nouveaux moyens financiers au service du développement pour combattre la pauvreté et les grandes pandémies. A cet égard, le sommet des Nations Unies de septembre sur la mise en œuvre des objectifs du Millénaire doit être l'occasion de démontrer la force de nos valeurs communes.
Le monde dans lequel nous vivons est un. Personne ne peut en résoudre seul les problèmes. L'Europe a besoin des Etats-Unis tout comme les Etats-Unis ont besoin de l'Europe.
C'est dans cet esprit, Monsieur le Président des Etats-Unis, que nous vous souhaitons la plus cordiale des bienvenues.
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