Hôtel de Brienne - Paris, le mercredi 13 juillet 2005.
Madame la Ministre,
Messieurs les Ministres,
Mon Général,
Monsieur le Chef d'État-Major des Armées Brésiliennes
Messieurs les Officiers Généraux,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Fidèle à une tradition désormais bien établie, je viens saluer ici, à l'hôtel de Brienne, les hommes et les femmes des trois armées et de la gendarmerie, à la veille de notre fête nationale, le 14 juillet. J'éprouve toujours beaucoup de plaisir à cette rencontre. Elle est pour moi forte de sens et riche de symboles.
Quelle que soit votre fonction, chefs de corps, commandants de bâtiment, de base ou d'unité, soldats, aviateurs, marins, gendarmes, élèves en écoles de formation, toutes et tous, vous avez fait le même choix, celui de servir notre pays, la France. Ce choix vous honore, il vous oblige aussi, et vous le savez. Outre une disponibilité de tous les instants, il impose le courage, le désintéressement et toujours la libre acceptation des risques que vos missions vous font courir. Vous en ressentez une juste fierté, il est légitime que vous la partagiez avec les Français.
C'est pourquoi je sais que vous êtes très attachés à ce rendez-vous du 14 juillet entre la France et son armée, et nos compatriotes ne manqueront pas de vous rendre, je le sais, un hommage spontané, fort et mérité, parce qu'ils savent combien vos missions sont parfois délicates, souvent difficiles, toujours exigeantes.
Permettez-moi d'abord, dans cette période de fête, d'avoir une pensée particulière pour celles et ceux qui ont donné leur vie ou ont été blessés en accomplissant leur devoir au service de la Nation. Mes pensées vont également à leurs familles.
Vous avez été, cette année encore, fortement sollicités, et vous pouvez être fiers du travail que, collectivement, vous avez accompli sur les théâtres d'opérations où vous avez été déployés, en Afrique, en Asie et en Europe.
Les décorations que je vais remettre dans un instant récompensent justement le courage, l'abnégation et l'esprit de décision. Ces qualités sont les vertus cardinales du soldat en opération. A travers ce geste, je veux aussi mettre à l'honneur les 12 000 soldats actuellement engagés en opérations extérieures, mais aussi celles et ceux qui veillent en permanence, dans la discrétion, sur la sécurité des Français. Et je pense à la Gendarmerie, aux unités qui assurent la défense aérienne et la surveillance maritime. Et au-delà, à notre force de dissuasion qui garantit la protection de nos intérêts vitaux.
Les opérations militaires ont été particulièrement nombreuses durant l'année qui vient de s'écouler, et rien ne laisse entrevoir une amélioration à court terme de la situation internationale. La paix n'est jamais définitivement acquise, elle se mérite, elle se construit inlassablement. Militaires, vous le savez bien, vous qui intervenez sur tous les continents pour la rétablir chaque fois qu'elle est mise à mal.
En Côte d'Ivoire, aux côtés de leurs frères d'armes de l'ONUCI, nos soldats œuvrent, dans des conditions délicates, pour aider au retour de la paix et de l'unité. Je n'oublie pas le prix que les armées ont payé cette année encore sur cette terre ivoirienne, en particulier durant les douloureux événements de novembre dernier. C'est avec une reconnaissance particulière que j'aurai l'occasion de décorer, dans quelques instants, le général Poncet qui a commandé l'opération Licorne, pendant un an, avec courage et détermination.
En Afghanistan, l'action énergique de notre contingent symbolise de belle façon l'engagement déterminé de la France pour contribuer à la stabilité d'un pays déchiré et participer à la lutte internationale contre le terrorisme. Je voudrais, à cette occasion, rendre un légitime hommage au général Py qui a commandé, six mois durant, la force internationale d'assistance à la sécurité, avec intelligence et clairvoyance.
A propos de l'Iraq, je tiens à rendre hommage à l'action, forcément discrète mais déterminée et couronnée de succès de la DGSE, grâce à laquelle nos compatriotes Georges Malbrunot, Christian Chesnot et Florence Aubenas, ainsi que leurs deux accompagnateurs Mohamed Al Joundi et Hussein Hanoun, ont recouvré la liberté, après une longue captivité vécue dans des conditions particulièrement éprouvantes.
En Asie du sud-est l'action de la France pour aider les populations sinistrées par le tsunami s'est avérée aussi réactive qu'efficace. Cette action a illustré la capacité des armées à être engagées partout où l'urgence commande, partout où elles seules disposent des moyens qui permettent d'apporter une réponse immédiate et adaptée aux menaces humanitaires les plus graves.
Je n'oublie pas, bien sûr, les nombreux autres théâtres dans lesquels nos armées sont engagées, au service de la paix et de la stabilité.
L'action des forces armées et de la gendarmerie sur le territoire national doit également être soulignée. Aujourd'hui, stabilité internationale et sécurité intérieure vont de pair. Votre engagement au milieu de nos concitoyens dans le cadre de Vigipirate, de la protection de notre espace aérien, de nos approches maritimes, participe clairement de cette sécurité à laquelle aspirent tous nos compatriotes. Je sais combien vous avez perçu toute l'importance de cette mission. La terrible menace terroriste impose une mobilisation et une vigilance de tous les instants. Les lâches et dramatiques attentats de Londres viennent hélas de nous le rappeler, une fois de plus, cruellement.
La forte sollicitation des armées et de la gendarmerie en opérations, les succès qu'elles ont remportés témoignent à l'évidence de la pertinence des grands choix qui ont été faits ces dernières années en matière de Défense. L'actualité quotidienne souligne également la cohérence de ces choix avec les ambitions de la France sur la scène internationale. Mais le rythme soutenu auquel nos forces armées sont soumises, les difficultés conjoncturelles qu'il engendre, mettent aussi en exergue la juste suffisance de vos moyens, poussés souvent à leur extrême limite. Les Français doivent aussi en être conscients.
C'est dans cet esprit que j'ai demandé au gouvernement que l'effort de redressement entrepris depuis maintenant trois ans dans le cadre de la loi de programmation militaire et de la loi d'orientation pour la sécurité intérieure soit maintenu. Ce sera encore le cas cette année où vous disposerez des ressources nécessaires et suffisantes pour continuer à faire face à vos nombreuses missions.
Cet effort constant de la Nation au profit de sa Défense vous oblige, vous le savez. Il vous impose, en particulier, d'entretenir la forte dynamique de modernisation que vous avez engagée depuis maintenant dix ans : rationalisation des structures, harmonisation des procédures, meilleure convergence des programmes d'armement.
Et je compte sur chacune et chacun d'entre vous pour montrer, au-delà des seules opérations, le courage, la force de caractère et le sens de l'intérêt général qu'imposent ces nécessaires évolutions.
Mesdames, Messieurs, en cette veille de fête nationale, je vous exprime toute ma confiance et mon estime,la confiance et l'estime de la nation tout entière.
Je vous remercie.
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