Allocution du Président de la République, devant la communauté française établie au Japon.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française établie au Japon.

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Tokyo (Japon) - lundi 28 mars 2005.

Messieurs les ministres,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur l'ambassadeur, madame,
Mes chers compatriotes,

Tout d'abord, je voudrais redire, devant vous toutes et vous tous, le plaisir que j'ai d'être à nouveau au Japon. Ce pays, vous l'aimez, je le sais. Vous avez choisi de vous y installer. Vous y représentez notre pays, sa culture, son savoir-faire, ses talents. Je tiens à remercier Monsieur l'Ambassadeur de France et Madame de MONTFERRAND d'avoir organisé notre rencontre.

Je tiens, à chacune de mes visites à l'étranger et c'est bien normal, à rencontrer celles et ceux qui ont fait le choix de l'expatriation. Votre Elue à l'Assemblée des Français de l'étranger à qui je présente mes respectueux hommages et qui fait toujours, avec beaucoup d'attention, connaître et entendre vos préoccupations, pour que rien ne vienne rompre la solidarité entre Français, qu'ils vivent dans notre pays ou au-delà de ses frontières.

Il y a trois mois une catastrophe majeure frappait le Sud-Est asiatique, ravageant les terres, fauchant la vie de centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Notre communauté nationale s'est aussitôt mobilisée, dans un grand mouvement de solidarité.

La communauté française du Japon a été endeuillée. Plusieurs familles ont été touchées. C'est à elles que je pense d'abord aujourd'hui. Je veux leur rendre hommage et les assurer du soutien de tous nos compatriotes.

Je sais qu'à Tokyo associations, familles, amis, agents de l'Etat, se sont mobilisés pour agir, pour entourer, pour tenter d'apporter aide et soutien. Et à toutes celles et à tous ceux qui ont fait preuve de dévouement, d'esprit d'initiative, de solidarité, je dis merci du fond du coeur.


Depuis deux jours, j'ai rencontré les dirigeants et les représentants du peuple japonais, ainsi que de nombreux chefs d'entreprises, afin d'approfondir et d'intensifier le dialogue bilatéral privilégié noué par le Japon avec la France.

J'ai la conviction, au moment de rentrer en France, que cette volonté est partagée par nos hôtes. Nous avons élaboré, avec le Premier ministre KOIZUMI, un cadre d'action pour prolonger nos discussions et guider les travaux que nos pays ont convenu de poursuivre ensemble.

Dans cette déclaration conjointe, nous avons souligné tout particulièrement notre commune sensibilité et nos nombreuses convergences sur les grandes questions touchant à l'organisation du monde : le rôle central des Nations Unies ; la lutte contre la grande pauvreté ; les pandémies ; les menaces contre notre environnement ; la lutte contre le terrorisme ou la prolifération. Tous ces défis qui nous sont lancés, Japonais et Français, peuvent et doivent les relever ensemble.

Cette visite est aussi l'occasion de marquer toute l'importance que la France attache à des partenariats industriels et de recherche dans les hautes technologies entre nos deux pays. Ce sont ces partenariats qui permettront à nos entreprises de rester au premier rang de la compétition internationale et de favoriser, dans nos pays, l'emploi et la croissance.

Avec plus de 500 entreprises françaises présentes ici, nous disposons d'une base solide. La France est au Japon, depuis plusieurs années, le deuxième investisseur étranger. Dans ce pays de forte tradition et de vieille culture, ce que les entreprises françaises ont réussi, leur succès exemplaire, est le fruit de votre audace, de votre talent, de votre travail et de votre ténacité. Vous êtes ici aux avant-postes d'une France qui gagne et veut gagner.

Samedi, auprès des représentants des plus grandes entreprises du Kansaï ; lors de mes rencontres ; lors de la visite de la superbe Exposition universelle d'Aïchi ; ce matin encore, lors du Forum organisé par le journal NIKKEI et la chambre de commerce franco-japonaise, j'ai fait part de ma conviction que Japonais et Français ont un potentiel exceptionnel, de créativité, d'entreprises innovantes, de savoir-faire complémentaires, pour mettre la recherche et l'innovation au service d'une certaine vision du monde que nous avons en partage.

Je suis également impressionné par la qualité de l'intensité de nos liens culturels. En ce moment même, Tokyo accueille le magnifique spectacle de ZINGARRO, et je salue amicalement BARTABAS qui est, je crois, présent dans cette salle. A la fin du mois, ce seront les journées de Tokyo, à l'image de celles qui ont eu lieu à Nantes, puis les expositions, deux expositions de chefs d'œuvre du Louvre, le ballet de l'Opéra de Paris, l'Orchestre de Paris et beaucoup d'autres manifestations de nos meilleurs artistes. Une programmation exceptionnelle, à la hauteur des liens d'amitié qui existent et se renforcent sans cesse entre nos deux pays.

Enfin, en venant au Japon, j'avais le dessein d'apporter des réponses aux questions que vous-mêmes vous posez.

Il est naturel que les pouvoirs publics accordent une attention toute particulière à vos attentes, et d'abord à la première d'entre elles, l'éducation et la scolarisation de vos enfants.

Le Lycée franco-japonais de Tokyo est une institution exceptionnelle et remarquable, unanimement reconnue, tout à la fois symbole de nos traditions d'enseignement, instrument de partage de notre culture et appui essentiel à notre présence dans ce pays.

Avec le soutien des autorités japonaises, et grâce à la municipalité de Tokyo que je veux ici remercier, sa situation, au regard du droit japonais, va être résolue. Outre une clarification indispensable, le nouveau statut, prévu pour entrer en vigueur dès la rentrée prochaine, apportera des avantages concrets importants aux familles, ainsi qu'une meilleure ouverture vers l'ensemble du système universitaire japonais.

Dans un autre domaine, la convention de sécurité sociale qui lie dorénavant la France et le Japon va considérablement améliorer les droits à pension de celles et ceux qui auront réalisé une partie de leur carrière professionnelle au Japon.

Mes chers compatriotes,

Conquis par l'exceptionnelle vitalité et la créativité d'un pays qui a su préserver farouchement son héritage historique tout en s'ouvrant résolument au monde, un pays ami de la France et qui, à bien des égards, partage plus d'un trait commun avec le nôtre, vous avez fait le choix de vous installer au Japon. Vous formez entre nos deux peuples un lien vivant et dynamique auquel j'apporte, vous n'en doutez pas, tout mon soutien.

Enfin, l'année 2005, vous le savez mes chers compatriotes, sera celle du référendum sur la constitution européenne. alors permettez-moi de saisir l'occasion de cette rencontre pour vous demander d'exercer, sans faute, le 29 mai votre devoir de citoyen et de vous exprimer sur cette question qui est cruciale pour l'avenir de notre pays, pour les Françaises et pour les Français.

Mes chers compatriotes, je vous remercie.






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