Paris - Lundi 12 septembre 2005.
LE PRESIDENT: C'est une joie, un privilège, d'accueillir aujourd'hui, après notre entretien à Gleneagles, le Premier ministre de l'Inde. Vous savez que, pour la France, l'Inde est un partenaire majeur du monde d'aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle la France a toujours soutenu les positions de l'Inde, en particulier sa légitime prétention à siéger au Conseil de sécurité comme membre permanent. Il y a dix ans que la France soutient cette position et nous espérons bien qu'elle va arriver à son terme, dans le cadre de la réforme de l'ONU.
Nos entretiens porteront sur les grands problèmes internationaux, la préparation de la réunion de l'ONU dans quelques jours, les problèmes liés au terrorisme, au développement, à l'ensemble des crises qui existent, hélas, dans le monde.
Nous aurons également l'occasion de marquer notre détermination à développer considérablement nos échanges dans tous les domaines : politiques, dans le cadre d'une véritable concertation et coopération, qui dit politique dit également stratégique et en matière de défense, et nous avons également de grandes ambitions en matière économique. Et je me réjouis que le Premier ministre nous confirme aujourd'hui la décision de l'Inde concernant l'achat de six sous-marins Scorpène et de quarante-trois Airbus, ce qui, bien entendu, est un gage de confiance, d'amitié et de coopération auquel nous sommes sensibles.
Dernier point, qui n'est pas le plus modeste : vous savez l'importance que la France attache à la culture indienne, le respect qu'elle a pour la culture indienne. Par conséquent, je me réjouis que nous ayons pu mettre au point, pour le début 2007 au Grand Palais rénové, une grande exposition d'art Gupta, c'est-à-dire l'un des sommets de l'expression artistique du monde, et qui nous vient tout droit de l'Inde.
Voilà les quelques observations que je voulais faire dans le cadre du début de cet entretien et je laisse la parole amicalement au Premier ministre.
LE DOCTEUR MANMOHAN SINGH: Nous sommes unis à la France par des rapports privilégiés et stratégiques, et nous tenons en très
haute estime Son Excellence le Président Jacques Chirac, homme d'Etat d'envergure mondiale. C'est un grand honneur et un grand privilège pour moi de me trouver dans ce grand pays pour
réaffirmer, pour renouveler notre attachement commun au renforcement, sous toutes les formes, des divers domaines de nos relations. Membre essentiel de l'Union européenne, avec
laquelle nous avons établi un partenariat stratégique, la France peut jouer un rôle très important dans la réalisation des engagements pris dans le cadre de ce partenariat.
C'est donc une grande chance pour moi de pouvoir procéder à cet échange de vues avec le Président. Je songe à de nombreuses idées susceptibles de renforcer
notre coopération économique avec la France. Nos échanges commerciaux et les investissements entre nos deux pays évoluent dans le bon sens mais restent encore bien en deçà
des possibilités. Je suis donc venu montrer aux milieux d'affaires français que l'Inde est un pays où il vaut la peine d'investir, et rechercher le soutien du Président et du
gouvernement français, afin que les rapports entre nos milieux d'affaires soient plus fréquents, plus productifs, plus fructueux qu'ils ne l'ont été jusqu'à présent.
Nous avons un même souci de faire que l'interdépendance de plus en plus forte entre les nations soit menée de telle sorte qu'elle donne satisfaction à tous les pays du
monde. Nous reconnaissons que la mondialisation est une réalité qui offre des possibilités immenses et nous avons tous beaucoup à faire pour que l'ordre mondial, politique
comme économique, soit un ordre juste et équitable qui bénéficie à tous. L'Inde et la France sont à bien des égards des partenaires stratégiques, notre coopération
dans le domaine de la défense donne d'excellents résultats, nous allons continuer à développer ces relations ; il existe donc un grand nombre de sujets importants à
évoquer avec Monsieur le Président.
Je remercie le gouvernement et le peuple français de m'avoir permis de rencontrer les dirigeants de ce pays. Je vous remercie, Monsieur le Président, car je sais à quel
point votre emploi du temps est chargé de bien d'autres préoccupations. Le fait que vous ayez décidé de me recevoir en ayant été prévenu si peu de temps à l'avance
constitue pour moi un privilège que je n'oublierai jamais.
LE PRESIDENT: Il y a enfin aussi un point très important, cela va de soi, que nous allons évoquer aujourd'hui, et qui concerne notre coopération dans le domaine énergétique, et en particulier dans le domaine de l'énergie nucléaire dans le respect, naturellement, des règles de non-prolifération. Nous avons des progrès à faire dans ce domaine et la volonté et la détermination de progresser ensemble, dans le respect des règles internationales.
Je vous remercie.
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