Mettlach (Allemagne) - mardi 5 decembre 2006
Monsieur le Ministre-Président et Plénipotentiaire, Cher Peter MüLLER.
C'est un privilège pour moi de parler après la Chancelière.
Vous savez l'estime et le respect que je lui porte, la joie que j'ai de me retrouver régulièrement avec elle pour parler des affaires européennes. Vous rendre hommage après elle est donc un privilège.
C'est un hommage qu'elle a parfaitement exprimé, sur lequel je ne reviendrais pas, car elle l'a dit mieux que je ne pouvais le faire. Mais qui s'articule autour d'une idée fondamentale, une idée de notre temps : l'Europe.
L'Europe est loin d'être parfaite. Plus qu'aucun autre, vous le savez. Mais elle nous a permis une chose essentielle : implanter, enraciner, dans une partie de plus en plus large de l'Europe, la paix et la démocratie.
Et pourtant, ces deux nécessités pour vivre heureux, la paix et la démocratie, ont tellement été contestées pendant les années et les siècles passés, par les uns ou par les autres ! Ce qui nous a conduit à tant de drames et à tant de guerres.
Rien n'est jamais parfait en Europe. Il est essentiel de progresser. Mais il est fondamental d'avoir ce premier résultat, c'est-à-dire la paix et la démocratie. Cela suppose d'être très vigilant. Cette Europe, mieux que quiconque, Monsieur le Ministre-Président, je crois que vous avez dit et compris qu'elle reposait essentiellement, pour des raisons qui sont psychologiques autant qu'historiques, sur un accord fondamental entre la France et l'Allemagne.
J'ai observé, pendant ma longue carrière européenne, que lorsque la France et l'Allemagne étaient la main dans la main, marchaient en regardant dans la même direction -tout en ayant fait préalablement les efforts nécessaires pour se mettre d'accord-, alors l'Europe fonctionnait. Lorsque, en revanche, la France et l'Allemagne, ont, pour une raison ou pour une autre, des divergences de vues, des difficultés, des problèmes, ce qui est parfaitement légitime, l'Europe s'arrête.
On observe celà depuis cinquante ans. Il faut en tirer les conclusions. D'où l'importance du rôle de ceux qui ont eu pour vocation d'améliorer en permanence les relations intellectuelles, psychologiques, sociales, scientifiques et culturelles entre nos deux pays.
Monsieur le Ministre-plénipotentiaire, vous êtes, comme l'a rappelé tout à l'heure la Chancelière, au premier rang de ces personnalités. Peut-être est-ce dû à vos fonctions dans ce beau Land de Sarre, si proche de la France, tout en étant allemand. Peut-être est-ce par vocation, par goût personnel, attirance pour cet essentiel qui est la paix et la démocratie.
Vous avez depuis des années fait un effort considérable, et riche de résultats, pour améliorer ces relations entre la France et l'Allemagne qui sont, je le répète, le support même de la réalisation européenne.
Vous avez été celui qui a mis en œuvre notre déclaration commune du 22 août 2003. Madame MERKEL a rappelé tout à l'heure votre rôle essentiel dans l'élaboration de ce magnifique objectif d'un livre d'histoire commune entre la France et l'Allemagne.
Le jour où, à Paris, à l'occasion à la dernière réunion du Conseil des Ministres franco-allemand, nous avons pour la première fois, matériellement, eu entre les mains ce livre qui venait d'être édité, j'en ai ressenti une grande émotion, une grande fierté. Et j'ai observé, de l'autre côté de la table, qu'il en allait de même pour la Chancelière.
Il y avait aussi la joie des jeunes qui étaient réunis autour de nous, et à qui d'ailleurs, nous avons donné nos exemplaires. Ils trouvaient que c'était quelque chose de naturel et de normal, ils n'ont pas considéré qu'il y avait eu un effort particulier. Et pourtant, c'était un grand effort intellectuel, psychologique, et qui a donné un grand résultat.
Pour toutes ces raisons, Monsieur le Ministre-Président, Monsieur le Plénipotentiaire, Cher Peter MüLLER, je voulais vous exprimer mes sentiments d'estime, de reconnaissance, mais aussi d'amitié très sincère.
Vous comprendrez que je souhaite à votre successeur, Monsieur Klaus WOWEREIT, beaucoup de succès, dans la ligne que vous avez tracée.
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