Message adressé par M. Jacques CHIRAC Président de la République aux participants au congrès de l'UICN

MESSAGE ADRESSÉ PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DE L'UICN

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PALAIS DE L'ÉLYSÉE NOVEMBRE 1998

Accueillir le Congrès du cinquantième anniversaire de l'Union mondiale pour la nature est pour la France un plaisir et un honneur.

De Fontainebleau, en 1948, à Fontainebleau, en 1998, que de chemin parcouru ! En un demi siècle, les sociétés ont pris conscience qu'elles devaient réévaluer leurs conceptions des rapports entre l'homme et la nature. Les institutions publiques et privées chargées de protéger l'environnement ont crû en force et en efficacité. Ce thème est devenu une préoccupation majeure des gouvernements et de la communauté internationale. Les accords internationaux se sont multipliés, en même temps que se sont développées des formes originales de coopération.

Mais le développement de l'industrie et la croissance démographique font peser sur l'environnement des pressions qui s'accroissent. Les phénomènes qui appellent notre vigilance, changement climatique, gestion de l'eau, désertification, atteintes à la biodiversité, entre autres, ont changé de dimension et acquis un caractère mondial : il n'est de solution durable les concernant qu'au prix d'un effort universel.

Par ailleurs, de même que le combat pour les droits de l'Homme, dont la Déclaration universelle fut proclamée à Paris, le 10 décembre 1948, doit constamment s'adapter aux évolutions du monde, de même, le combat pour la nature, qui s'en rapproche par bien des points, implique de la part de ceux qui s'y emploient une inventivité et une capacité d'adaptation permanentes. Il ne suffit pas de dénoncer tel comportement humain, l'effet de tel progrès technique. Il faut toujours imaginer les formules nouvelles qui permettront d'en surmonter les défauts, exploiter à cette fin les découvertes scientifiques, technologiques, les progrès de l'organisation.

La session extraordinaire des Nations Unies qui s'est tenu à New York en juin dernier nous a rappelé les contraintes auxquelles est confrontée l'aspiration à protéger l'environnement. La rhétorique et la confrontation ne sont pas efficaces : il faut travailler par le dialogue, la coopération et la recherche de solutions mutuellement avantageuses. Pas plus au sud qu'au nord, il n'est envisageable de sacrifier le développement à la protection de l'environnement. Les voies du développement durable restent à exploiter.

L'UICN exerce une responsabilité particulière dans ce cadre. Rassemblement unique d'associations, entreprises, gouvernements, organisations internationales, elle constitue un forum exemplaire, où peuvent être arpentées les pistes nouvelles, en vue de résultats tangibles. Lieu de confrontation des expériences et des savoirs, elle constitue une force de proposition, de prise de conscience, de pression. Et le chantier auquel elle s'est attelée est bien l'un des plus importants de ce tournant de siècle.

Les sujets que se propose d'aborder le symposium commémoratif me paraissent à la fois ambitieux et pertinents. Évoquer les défis nouveaux de la conservation de la nature, la dialectique de la mondialisation et de la diversité culturelle, l'avenir des modes de consommation, c'est aborder trois des principales questions auxquelles doivent répondre nos sociétés. La réflexion doit être conduite par tous les citoyens, afin d'en mesurer les enjeux humains, politiques, éthiques, économiques, sociaux, environnementaux.

Fontainebleau sera certainement un cadre propice à cette fin. C'est une ville de très vieille tradition et d'histoire, mais tournée vers l'avenir, au coeur d'une forêt qui inspira les artistes et doit à l'homme autant qu'à la nature.

Je vous y souhaite la bienvenue et ne doute pas que vous saurez, par vos travaux, contribuer à l'épanouissement des générations futures.

Jacques CHIRAC




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