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MESSAGE DE M. JACQUES CHIRAC

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE

LORS DES 3e RENCONTRES INTERNATIONALES

DU BLE ET DES CEREALES "DEFI BLE 98"

A PARIS, LE 23 OCTOBRE 1998

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Ces rencontres internationales, qui se tiennent pour la troisième fois à l'initiative des céréaliers de France, sont riches d'enjeux. En traitant des problèmes qui sont actuellement les vôtres, en réfléchissant aux perspectives de la céréaliculture de demain, vous abordez de front les questions essentielles qui préoccupent les hommes d'aujourd'hui.

Je pense à l'évolution de la demande alimentaire mondiale qui exige des réponses adaptées en qualité et en quantité, au moment où plus de 800 millions d'habitants de notre planète continuent à souffrir de malnutrition.

Je pense aux progrès de la science et des techniques qui repoussent chaque jour davantage les frontières du possible mais qui ne sont pas exempts de risques nouveaux.

Je pense à la raréfaction des terres agricoles et des ressources en eau douce que l'on commence à observer dans certaines régions du monde, ce qui pose le problème de la compatibilité du développement et de l'environnement.

Je pense, enfin, à la mondialisation des échanges, qui rend de plus en plus interdépendants les producteurs et les consommateurs et qui se traduit par une volatilité des marchés devenue excessive.

Face à ces questions majeures, il importe de faire preuve d'imagination et de volonté.

Nous apprenons chaque jour davantage à mieux conjuguer productivité agricole, qualité des produits alimentaires et protection de l'environnement. Le progrès scientifique, mis au service de l'homme et entouré des précautions indispensables, doit nous aider à relever ce défi. Je fais toute confiance à nos chercheurs, à nos agriculteurs, à tous ceux qui jouent un rôle dans l'industrie agro-alimentaire pour assurer aux consommateurs une nourriture saine et sûre dans le respect de l'environnement de notre planète.

Mais le déséquilibre actuel, notamment dans le domaine des productions végétales, par nature aléatoires, provoque des à-coups insupportables pour les producteurs comme pour les consommateurs. De même qu'il importe de définir de nouvelles règles, en ce qui concerne les flux internationaux de capitaux ou les politiques environnementales, il importe de mieux réguler entre les grandes régions du monde l'approvisionnement en denrées de base. Les instruments nécessaires à la maîtrise des quantités et au soutien des prix existent. Pourquoi nous en priver, alors que nous connaissons parfaitement les effets déstructurants de prix bas prolongés ou les graves conséquences de productions insuffisantes ?

Dans ce débat, l'Europe doit prendre toute sa place. La réforme de la politique agricole commune en cours d'élaboration doit tenir compte de ces préoccupations et leur apporter des réponses fortes.

La France, pour sa part, est décidée à se mobiliser pour trouver des solutions efficaces et durables. J'y serai personnellement très vigilant. Je sais pouvoir compter sur vous pour les mettre en oeuvre, pour le plus grand bénéfice de tous les habitants actuels et futurs de notre planète et je vous en remercie.

Jacques CHIRAC |