LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Paris, le 14 juillet 1999
Les Armées françaises et la Gendarmerie sont engagées, depuis plusieurs mois, dans une action internationale qui a pour but de rétablir durablement le droit et la paix au Kosovo et dans l'Europe du Sud-Est.
Les Français ont salué unanimement, le mois dernier, l'accord, concrétisé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, et qui n'aurait pas été possible sans la compétence et le courage de ceux qui participaient à l'intervention alliée.
En leur nom, je rends hommage, en ce jour de Fête Nationale, à l'ensemble des militaires d'active et de réserve qui ont contribué au succès de cette cause légitime. J'ai une pensée particulière pour les équipages qui ont conduit avec un sang-froid et un professionnalisme exemplaires la campagne aérienne, ainsi que pour les unités qui s'emploient aujourd'hui, dans des conditions difficiles, à restaurer la paix au Kosovo ou à soulager les souffrances des réfugiés d'Albanie.
Je n'oublie pas non plus les hommes et les femmes, civils ou militaires, appelés ou engagés, qui, en France comme à l'étranger, font honneur à nos armées dans l'exercice de missions souvent délicates.
Il serait prématuré de vouloir tirer, dès maintenant, des enseignements définitifs de la crise au Kosovo.
La stratégie que j'avais retenue, en accord avec le gouvernement et en concertation avec nos alliés, s'est révélée efficace. Nos armées ont démontré qu'elles étaient l'outil souple et adapté dont la France avait besoin. Nous avons pu tenir notre rang au sein de l'Alliance et peser sur les orientations stratégiques.
La professionnalisation engagée depuis 1996 et la loi de programmation militaire ont été des éléments déterminants de cette réussite. L'amélioration de nos capacités nationales de renseignement, de nos systèmes d'armes et de notre interopérabilité témoigne des progrès réalisés depuis la guerre du Golfe.
On ne saurait, pour autant, se satisfaire des lacunes ou des insuffisances que cette crise a pu mettre en évidence.
Je vous invite donc, sous la conduite du ministre de la Défense et du chef d'Etat-Major des Armées, à une vaste réflexion sur les méthodes et les moyens nécessaires à l'adaptation de nos forces pour que soit réalisé dans des conditions optimales le modèle d'armée 2015 dont la pertinence a été confirmée par les crises récentes.
A mi-chemin d'une réforme considérable, dont je sais les efforts et les sacrifices qu'elle exige, une détermination sans faille doit nous animer pour qu'elle soit conduite à son terme, en y consacrant les moyens et les ressources indispensables.
La crise du Kosovo démontre enfin, s'il en était besoin, l'impérieuse nécessité pour les Européens de se donner les moyens d'agir ensemble et entre eux, pour préserver ou restaurer la sécurité de leur continent. Nos armées doivent s'y préparer dès maintenant, en s'employant concrètement à faire évoluer, avec nos partenaires européens, les états-majors et les moyens de soutien qui constitueront le socle des capacités nécessaires à une action commune.
Ces adaptations imposées par l'évolution de notre environnement et les besoins de sécurité de notre pays ne pourront être réalisées sans l'adhésion de tous, civils et militaires, dont j'ai pu apprécier au cours de ces derniers mois la compétence et le dévouement.
Au nom de tous les Français, je vous exprime ma confiance et mon estime pour votre engagement au service de notre pays.
Jacques CHIRAC |