LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Dimanche 17 octobre 1999
Mes Chers Amis,
Vous le dites depuis toujours, combattre la misère, c'est d'abord et avant tout lutter pour la dignité de l'homme.
La pauvreté, le dénuement, le chômage de longue durée, ce sont bien sûr des difficultés matérielles à surmonter, parfois dans l'urgence, des problèmes de revenus, de logement, de santé, de travail. Mais la pauvreté c'est aussi la détresse, la solitude, la dépréciation de soi-même, la perte de confiance. Et c'est, parfois, la fin de l'espérance, l'abandon, le renoncement.
Vous savez d'expérience qu'il n'est pas de solidarité humaine efficace sans l'engagement d'hommes auprès d'autres hommes, qu'il n'est pas de fraternité agissante sans cette main tendue qui rattrape celui qui tombe, une main ferme et amicale qui l'emmène là où il ne peut plus aller seul.
Je voudrais vous exprimer au nom du peuple français toute ma sympathie.
Je voudrais vous apporter mon soutien personnel, vous dire mon engagement, vous exprimer mes encouragements. Dans ce combat qui donne sens à votre vie, vous savez que je suis à vos côtés.
Face aux difficultés de l'existence, face à l'exclusion, partout où se distend le lien social, partout où même la famille cède sous les coups de la vie, la fraternité doit retrouver un visage, elle doit retrouver un sourire, un regard, ce regard dans lequel celui qui souffre peut lire l'amitié, l'estime, la reconnaissance, un regard éloigné de toute condescendance, un regard qui donne envie de se remettre en mouvement, de se sentir de nouveau pleinement homme, de partir à la reconquête de soi-même.
Ce visage, ce sourire, ce regard, c'est celui de chacun d'entre vous. Votre cause est celle de tous les hommes de bonne volonté qui ne se résignent pas à la dureté de notre monde, un monde qui n'a toujours pas réussi à transformer sa prospérité en moyen d'éliminer l'exclusion, quelle qu'en soit la forme.
En faisant appel à l'engagement de chacun, l'engagement de celui qui donne bien sûr, mais aussi l'engagement de celui qui reçoit, en ayant compris très tôt que le chemin de la dignité passe par la responsabilité retrouvée et pas seulement par l'assistance, vous avez ouvert une voie nouvelle.
Puissiez-vous être compris et entendus par tous ceux qui sont à la recherche d'une fraternité plus concrète et plus vivante ! Dans notre monde, le temps donné aux autres, l'écoute qui leur sera accordée, le soin mis à les comprendre compteront plus que toute autre forme d'aide. C'est dire que le combat contre l'exclusion doit plus que jamais devenir celui de chaque Français, aux côtés des acteurs du mouvement associatif. Vous pouvez compter sur eux.
Je souhaite que cette journée mondiale du refus de la misère, la dernière avant l'an 2000, soit celle de la prise de conscience, de l'action et des succès partagés.
Jacques Chirac
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