MESSAGE
DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
POUR LE 30EME ANNIVERSAIRE
DE L'AGENCE INTERGOUVERNEMENTALE
DE LA FRANCOPHONIE
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LUNDI 20 mars 2000
Monsieur le Président de la République, Monsieur l'Administrateur général, Mesdames et messieurs, très chers amis,
En ce 30ème anniversaire de l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie, ma première pensée va à Boutros Boutros-Ghali, notre Secrétaire Général. Je sais combien il aurait aimé être ici, à Niamey, pour mesurer avec nous le chemin accompli, chemin de l'amitié, de la solidarité, de l'entraide, et préparer avec nous les rendez-vous de demain.
Trente ans déjà. Trente ans qui ont vu naître et grandir la Francophonie. Trente ans, l'âge de la maturité, mais aussi et surtout l'âge de la fraternité réalisée entre tous nos pays. Le petit groupe d'Etats et de gouvernements qui, le 20 mars 1970, posait ici, à Niamey, la première pierre, n’a cessé de s'accroître. Le mouvement francophone, c'est aujourd'hui 49 pays, 500 millions de femmes et d’hommes. C'est une organisation internationale à part entière avec ses cinq opérateurs.
Je veux rendre hommage à nos pères fondateurs. Visionnaires, ils construisirent une communauté d'un genre nouveau, fondée sur l'essentiel : la langue, la civilisation, pour nous permettre de maîtriser ensemble une mondialisation qu'ils pressentaient déjà.
Je pense à André Malraux, qui affirmait ici même notre ambition : "Seule, disait-il, la culture francophone ne propose pas à l'Afrique de se soumettre à l'Occident en y perdant son âme ; [...] elle seule lui propose d'entrer dans le monde moderne en lui intégrant les plus hautes valeurs africaines. Nous seuls disons à l'Afrique, dont le génie fut le génie de l'émotion, que pour créer son avenir, et entrer avec lui dans la civilisation universelle, elle doit se réclamer de son passé."
Je pense à Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba, Hamani Diori, ces hommes d'Etat qui furent les artisans de l'indépendance, et qui avaient à coeur de préserver le meilleur de l'héritage, l'idéal humaniste.
Cet idéal, notre Agence le porte avec un talent, une générosité que je veux saluer. Elle a tissé entre nos peuples la trame serrée d'une amitié qui embrasse tous les domaines de la vie. Aujourd'hui, plus résolue que jamais, elle se tourne vers l'avenir.
Après Hanoi, nous nous sommes engagés dans une rénovation profonde, pour mener plus efficacement les chantiers de demain, tous placés sous le signe de l'éthique et de la foi en l'homme.
Enracinement de la démocratie et des droits de l'homme : quel beau symbole que cette célébration, ici, à Niamey, au pays de la démocratie retrouvée.
Consolidation de la paix, plus que jamais nécessaire.
Education et Formation, pour permettre à nos jeunes, à nos pays, de trouver leur place dans le monde, de tirer parti de la "nouvelle économie", d'en devenir les maîtres.
Action culturelle et linguistique, pour que vivent nos civilisations, qu'elles s'expriment dans tous les grands médias, au premier rang desquels l'Internet, notre nouvelle frontière.
Sur tous ces fronts qui sont ceux d'un nouvel humanisme, l'Agence de la Francophonie est aux avant-postes.
Aujourd'hui, j'exprime ma chaleureuse reconnaissance aux centaines d'hommes et de femmes qui, depuis trente ans, contribuent à ses succès. Jour après jour, ils font vivre et grandir la Francophonie, c'est-à-dire une certaine idée, généreuse et solidaire, de l'homme et des relations entre les peuples.
Au nom de la France, je remercie le Niger pour son hospitalité. Je souhaite à notre Agence, à la Francophonie tout entière, de servir toujours mieux notre langue afin que rayonnent, aussi, les principes et les valeurs qui donnent du sens à nos vies. |