Lettre du Président de la République adressée à M. Sulejman TIHIC, Président collégial de Bosnie-Herzégovine.

Lettre du Président de la République, adressée au Président de Bosnie-Herzégovine pour la commémoration du 10ème anniversaire des événements tragiques de Srebrenica

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Paris, le 4 juillet 2005.

Monsieur le Président,

Très sensible à l'invitation que vous m'avez fait parvenir au nom de la Présidence collégiale, pour la commémoration du 10ème anniversaire des événements tragiques de Srebrenica, je tenais à vous en remercier très sincèrement et vous dire combien je regrette de ne pas pouvoir être à vos côtés. Retenu à Paris, par un agenda particulièrement chargé, j'ai demandé au Ministre des affaires étrangères, M. Philippe Douste-Blazy, de bien vouloir me représenter aux cérémonies du 11 juillet et de se faire mon interprète auprès de vous et des peuples de Bosnie-Herzégovine pour vous exprimer toute mon amitié.

Le massacre de Srebrenica est à jamais le symbole de la folie meurtrière des hommes et de l'inaction coupable de la communauté internationale. C'est une tâche indélébile dans la mémoire de l'Europe et des Nations Unies qui n'ont pas su prendre à temps la mesure des forces de haine qui étaient à l'œuvre en Bosnie-Herzégovine. Après tant d'errements, j'ai voulu, dès ma prise de fonctions, à l'occasion du Sommet du G7 à Halifax, mettre un terme à une logique absurde qui conduisait à renvoyer dos à dos bourreaux et victimes. J'ai voulu qu'enfin les forces de l'ONU aient les moyens d'accomplir leur mission. Avec le soutien du Président des États-unis allait alors pouvoir s'engager le processus qui allait permettre la signature de l'accord de Dayton-Paris et la restauration de la paix dans votre pays.

Aujourd'hui, grâce à l'action du TPIY la vérité progresse. Pour l'avenir même de votre pays et des Balkans Occidentaux, pour l'affirmation de nos valeurs et d'une véritable justice internationale, il est plus que jamais important que les responsables de ces actes qui ont choqué la conscience de l'humanité répondent de leurs crimes devant la justice.

Au moment où votre pays se souvient dans le recueillement des drames d'hier, je tiens à vous redire la volonté de la France et de l'Union européenne de rester à vos côtés dans le travail engagé pour soutenir le processus de réconciliation, consolider la démocratie et construire un avenir de paix et de prospérité pour la Bosnie-Herzégovine dans une Europe toujours plus unie et solidaire.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.

Jacques CHIRAC.

Monsieur Monsieur Sulejman TIHIC
Présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine. Sarajevo.

(mentions manuscrites).