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LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Paris, le 10 mars 2005

Madame la Présidente, Chère Amie,

Votre lettre relative aux commémorations du 60ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale m'est bien parvenue et je vous en remercie.

Comme vous le soulignez, il est de notre devoir commun de commémorer la date du 9 mai 1945, moment crucial de l'Histoire de l'Humanité et de notre continent européen, qui marque la victoire chèrement acquise sur le nazisme et l'inappréciable contribution du peuple russe à cet égard.

C'est dans cet esprit que je prendrai part aux célébrations du 9 mai et qu'il me paraît souhaitable que toutes les nations européennes invitées soient présentes à Moscou. En ce sens, je salue votre décision de participer à cette commémoration, qui constitue un geste fort et tourné vers l'avenir.

La France est consciente de la nature tragique et complexe des relations passées entre l'URSS et les nations baltes et comprend le prix qu'attachent ses partenaires à ce qu'aucune des dimensions de l'histoire de la seconde guerre mondiale ne soit ignorée. Un travail de mémoire doit être mené partout et pour tous, afin de dépasser les contentieux hérités du passé et de bâtir l'avenir. Pour sa part, comme vous le savez, la France a maintenu une position constante de non-reconnaissance de l'annexion des Etats baltes par l'Union soviétique : pour cette raison, lors de sa visite d'Etat en URSS en 1966, le Général de Gaulle avait refusé de se rendre à Riga.

Pour nos deux pays, j'en suis convaincu, l'avenir est dans la coopération toujours plus étroite au sein de l'Union européenne et notre intérêt commun est dans le développement d'une relation stratégique forte, stable, équilibrée et confiante avec la Russie. Il s'agit à la fois, comme vous le soulignez, de poursuivre un travail de mémoire, mais aussi de renouer, sans attendre, les liens nécessaires de la compréhension, du dialogue et de la coopération entre deux pays voisins qui doivent mener et approfondir une démarche de réconciliation.

Soyez assurée, Madame la Présidente, que vous trouverez dans la France un partenaire fiable, attentif à vos préoccupations et soucieux du développement de relations avec la Russie d'autant plus solides et productives qu'elles seront équilibrées et confiantes.

Je me réjouis de poursuivre ce dialogue à l'occasion de votre visite officielle en France, en novembre prochain, qui témoignera de la qualité des relations entre nos deux pays.

Je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de mes respectueux hommages. et de ma bien cordiale amitié,

Jacques CHIRAC

Madame Vaira VIKE-FREIBERGA,
Présidente de la République de Lettonie.

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