Extrait de la conférence de presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République au Palais des Nations

Alger - 03 mars 2003

" Au-delà de notre relation bilatérale, nous avons également bien sûr évoqué les problèmes internationaux. Et, d'abord, celui qui est le plus angoissant aujourd'hui, c'est-à-dire la situation en Iraq. Nous sommes parvenus à un moment, je dirai, décisif. La France, vous le savez, je l'ai rappelé au Président BOUTEFLIKA, n'a qu'un seul objectif, c'est le désarmement. Mais un désarmement dans le cadre de la résolution 1441, qui a été votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité. Et nous estimons pour notre part que le temps est encore aux inspections, que ces inspections produisent des résultats, qu'elles doivent être poursuivies avec des moyens renforcés et selon des calendriers de désarmement programme par programme, calendriers mis au point, naturellement, par les inspecteurs.

La guerre ne saurait être considérée comme une solution ni bonne ni morale, dans une situation où, à l'évidence, nous sommes loin d'avoir épuisé les ressources permettant d'atteindre notre objectif de destruction et d'élimination des armes de destruction massive par des voies pacifiques et par les inspections. C'est la raison pour laquelle j'ai eu l'occasion de dire au Président BOUTEFLIKA que nous sommes opposés à une résolution qui autoriserait d'une façon ou d'une autre le recours à la force et que nous nous en tenons au cadre qui a été défini par le Conseil de sécurité, seul habilité pour ce qui nous concerne, de notre point de vue, à arrêter des décisions dans ce domaine.

[...]

QUESTION - Monsieur le Président, est-ce que vous êtes franchement déçu de la position arabe sur l'Iraq et qu'est-ce que vous attendez des pays arabes lors de leur prochaine rencontre au sommet ?

LE PRESIDENT - Je n'ai absolument pas de raison d'exprimer une déception quelconque à l'égard des décisions prises par les pays arabes. J'ai observé, lors de la dernière réunion qui s'est tenue samedi, que les pays arabes avaient adopté à l'unanimité une position qui était une position qui m'est apparue comme très proche de celle de la France, c'est-à-dire une position refusant la guerre, dans toute la mesure où elle n'était pas indispensable et où elle ne s'imposait pas. C'est d'ailleurs très exactement la position qu'avait prise, également il y a une quinzaine de jours, l'Union africaine et la même position qui avait été adoptée aussi à l'occasion du sommet Afrique-France qui a eu lieu à Paris la semaine dernière. Donc je n'ai pas à exprimer la moindre déception.

[...]

QUESTION - Monsieur le Président, permettez-moi de revenir un instant sur la question iraquienne. Les Etats-Unis prennent dans le Golfe une posture de plus en plus agressive et militaire. Pensez-vous vraiment qu'il y a encore un moyen d'éviter la guerre en Iraq ?

LE PRESIDENT - La guerre a tellement de conséquences, généralement désastreuses, qu'il faut toujours considérer qu'il y a encore un moyen, même si les apparences ne sont pas très favorables. Je veux donc espérer que, grâce à une meilleure coopération de l'Iraq, grâce au renforcement de l'action des inspecteurs dans le cadre des propositions que j'évoquais tout à l'heure, nous arriverons de façon notoire et indiscutable à une élimination des armes de destruction massive, à partir de laquelle on ne voit plus très bien ce qui justifierait la guerre. Et j'ai eu l'occasion de dire que, lorsqu'on regarde les choses, on voit bien que la coopération de l'Iraq est probablement liée à l'importance de la pression faite par les Américains et donc que, de ce point de vue, les Américains ont probablement atteint l'objectif qu'ils s'étaient fixé. Il ne m'apparaît pas nécessaire aujourd'hui de considérer qu'il faut aller au-delà dans le domaine guerrier.

[...]

QUESTION - Monsieur le Président, permettez-moi de revenir sur la résolution 1441. Semble-t-il, elle était déjà conçue pour désarmer l'Iraq mais de plus en plus on entend des dirigeants, y compris arabes, des responsables américains, qui demandent maintenant clairement la fin du régime de Bagdad. Quelle est la position française à ce propos ? Merci.

LE PRESIDENT - La position française est tout à fait simple : elle ne reconnaît qu'un seul objectif, qui est l'élimination des armes de destruction massive en Iraq. C'est le seul objectif dont elle reconnaît la validité. Elle estime que cet objectif peut être atteint par le système des inspections, à condition que la coopération iraquienne se renforce, et à partir de là elle ne voit aucune raison de changer l'esprit de la résolution 1441.

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QUESTION - Monsieur le Président, permettez-moi de revenir sur la résolution 1441. Semble-t-il, elle était déjà conçue pour désarmer l'Iraq mais de plus en plus on entend des dirigeants, y compris arabes, des responsables américains, qui demandent maintenant clairement la fin du régime de Bagdad. Quelle est la position française à ce propos ? Merci.

LE PRESIDENT - La position française est tout à fait simple : elle ne reconnaît qu'un seul objectif, qui est l'élimination des armes de destruction massive en Iraq. C'est le seul objectif dont elle reconnaît la validité. Elle estime que cet objectif peut être atteint par le système des inspections, à condition que la coopération iraquienne se renforce, et à partir de là elle ne voit aucune raison de changer l'esprit de la résolution 1441."





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