Extraits de l'Interview accordée par Monsieur Jacques CHIRAC Président de la République au "YEDIOTH AHARONOTH" quotidien Israelien

13 février 2004

QUESTION La guerre en Iraq : qui avait raison ?

LE PRESIDENT La communauté internationale avait fait en Iraq le choix unanime, par la résolution 1441, de l'élimination des armes de destruction massive par un mécanisme d inspection. Nous estimions qu il fallait aller jusqu'au terme du processus et qu une opération militaire n était pas nécessaire pour désarmer l'Iraq alors que les inspections produisaient des résultats. Aller au bout de cette logique était indispensable, avant d envisager le recours à la force. Tout au long de cette période, nous avions indiqué que nous étions prêts à une intervention armée s il apparaissait que les inspections avaient échoué et à la condition que le Conseil de Sécurité adopte une décision en ce sens. Une autre logique a prévalu.

Qu en est-il aujourd hui ? Nous voyons bien que s il est possible de gagner rapidement la guerre, il est beaucoup plus difficile de gagner la paix. La crise en Iraq souligne la nécessité de l'unité de la communauté internationale car seul un engagement collectif peut conférer la légitimité nécessaire au processus de transition en Iraq. Nous avons salué l'accord du 15 novembre 2003 signé, à Bagdad, entre le Conseil de gouvernement intérimaire et la coalition, car il prévoit le retour de la pleine souveraineté à l'Iraq, le 30 juin 2004. Il ne faudra prendre aucun retard. Nous soutenons par ailleurs l'action du Secrétaire général des Nations Unies qui vient de dépêcher une mission à Bagdad pour favoriser l'émergence d un accord entre les Iraquiens sur les conditions de la transition politique.

QUESTION Comment justifiez-vous l'aide française à l'Iraq dans le domaine nucléaire, dans le passé ?

LE PRESIDENT Laissez-moi vous rappeler que de très nombreux pays ont eu des relations suivies avec l'Iraq jusqu en 1990. C est vrai aussi des Etats-Unis, des Etats de l'Union européenne et de l'Union soviétique d'alors.

Et souvenez-vous que l'Iraq de 1975 était très différent de celui de 2003. C était un pays arabe laïque, s ouvrant à la modernité. La France, à cette époque, avait engagé une coopération nucléaire civile. Or, les missions effectuées après la première guerre du Golfe ont montré que le programme iraquien démantelé par les inspections des Nations Unies reposait sur bien d autres apports, qui concernaient des technologies à caractère militaire marqué. Enfin, je souligne que le domaine nucléaire était le seul sur lequel la communauté internationale avait la quasi-certitude que les programmes iraquiens avaient été éliminés grâce aux inspections.

QUESTION Etes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle le monde est plus en sécurité depuis l'arrestation de Saddam HUSSEIN ?

LE PRESIDENT Le fait que Saddam HUSSEIN ne soit plus au pouvoir est incontestablement un progrès pour le monde et on ne peut que se réjouir de son départ, naturellement. Mais une chose est le départ, une autre chose est les modalités du départ. Alors j'espère que ces modalités ne conduiront pas à plus d'inconvénients, de difficultés ou de drames.





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