Extraits du point de presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'issue du Sommet de l'OTAN

Istanbul - 29 juin 2004

QUESTION - Monsieur le Président, ma question est sur la formation de la police et de gendarmes iraqiens par l'OTAN. Est-ce que cela ouvre la porte pour une présence, dans l'avenir, des forces de l'OTAN en Iraq ?

LE PRESIDENT - Premièrement, cela n'ouvre pas du tout la porte, vous savez ce qui a été décidé hier, et c'est très clair : l'OTAN peut apporter sa coopération à chacune des Nations qui veut s'engager dans un programme en Iraq ou hors d'Iraq, de formation des forces militaires de l'Iraq, c'est très bien comme cela. Il n'a pas été question d'une présence des forces ou même de l'OTAN en Iraq.

Tout ce que je peux vous dire c'est que pour ma part, je suis tout à fait hostile à une implantation de l'OTAN en Iraq. Je pense que ce serait dangereux, contre-productif et mal compris par une population iraqienne qu'il faut tout de même un petit peu respecter et qui aujourd'hui ne peut être engagée, peut-être, sur la voie de la stabilité, de la paix et de la reconstruction qu'à condition d'avoir vraiment la certitude que son gouvernement est entièrement libre, indépendant et maître de son destin. Ce n'est certainement pas une ingérence supplémentaire de l'OTAN en Iraq qui faciliterait une prise de conscience par la population iraqienne de cette exigence.

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QUESTION - Est-ce que vous n'en avez pas assez du dialogue de sourds qui semble s'être instauré entre vous et le Président BUSH, voire éventuellement avec Tony BLAIR sur le rôle de l'OTAN en Iraq et sur d'autres sujets ?

LE PRESIDENT - Je n'ai jamais très bien compris ce qu'était un dialogue de sourds, parce que je ne l'ai jamais vu se produire. Tout simplement parce qu'il n'y a pas de combat, faute de combattants. Quand on ne se parle pas, on ne se parle pas et donc il n'y a pas de dialogue. Ne tombons pas dans les facilités. En revanche, il y a un dialogue qui n'est pas du tout un dialogue de sourds, c'est tout à fait le contraire, entre nous tous, en général, et en particulier entre le Président BUSH et moi-même.

Ce dialogue est d'abord fondé sur une profonde estime et amitié entre nos deux peuples et qui ne sauraient changer en fonction de telles ou telles évolutions ou de telles ou telles crises ou critiques de l'instant dans la gestion des affaires quotidiennes. C'est une longue et ancienne estime et reconnaissance, je le répète, et qui, elle, ne change pas. Elle est fondée non seulement sur l'histoire, mais également sur le partage en commun d'un certain nombre de valeurs. Alors ne tombons pas dans l'exploitation systématique de l'instant.

Deuxièmement, il y a eu des divergences de vues. Nous sommes des amis, nous sommes des alliés, nous ne sommes pas des serviteurs, naturellement, et quand nous ne sommes pas d'accord, nous le disons. Nous ne le disons pas de façon agressive, vous l'aurez noté, mais nous le disons de façon ferme. Cela a été le cas pour tout ce qui a touché la stratégie américaine pour l'Iraq : nous avons pris une position qui n'était pas la même que la leur, et nous nous y sommes tenus. Nous n'avons pas aujourd'hui le sentiment de nous être profondément trompés ou en tous les cas d'avoir trompés la confiance des Français.

Alors aujourd'hui, les choses ont évidemment beaucoup évolué et ce dialogue a conduit, sans aucun doute, à un rapprochement important. Un rapprochement qui tient non pas au fait que nous ayons changé, nous avons toujours été modérés dans nos approches et dans nos propositions, mais au fait que, pour des raisons que je peux parfaitement comprendre et qui sont liées à la situation aux Etats-Unis et à l'évolution notamment de l'affaire du Moyen-Orient, à l'occasion du Conseil de sécurité et à l'élaboration de la résolution 1546, il est certain que le Président BUSH a fait preuve de beaucoup, beaucoup plus d'ouverture que certains auraient pu le craindre, ou que cela n'avait été le cas dans le passé. Sur la base de cette ouverture qui est le contraire d'un dialogue de sourds et qui est un dialogue, au contraire, efficace, nous avons pu trouver un accord qui était parfaitement conforme à ce que nous estimions essentiel. De la même façon, nous avons poursuivi ce dialogue de la façon la plus cordiale à l'occasion de ce Sommet.





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