Histoire de la Nouvelle-Calédonie - aperçu rapide.
Les origines
On estime que les premiers habitants de la Nouvelle-Calédonie parvinrent sur cette île voici environ 3000 ans. De mystérieux pétroglyphes, trouvés sur la Grande Terre et les îles, portent certains historiens à croire que cette occupation serait plus ancienne encore.
Tous s'accordent sur le fait que les ancêtres de ces premiers Calédoniens, arrivés par pirogue et apportant avec eux l'art de l'horticulture et la civilisation de l'igname et du taro, étaient originaires d'Asie du sud-est et de Nouvelle-Guinée.
De ces premiers Mélanésiens, il ne reste que quelques vestiges sous forme de poteries lapita (nom du lieu où ont été découverts les premiers tessons de poteries, sur la plage de Foué, à Koné).
On estime que, lorsque le capitaine James Cook découvrit, à bord du navire Resolution, la passe de Balade le 5 septembre 1774, la Nouvelle-Calédonie comptait environ 50 000 habitants. Le découvreur de cette terre jusque-là inconnue des atlas et mappemondes européens la baptisa New Caledonia, en souvenir de l'Ecosse de ses ancêtres.
La Pérouse reconnut la côte occidentale en 1788, avec ses navires la Boussole et l'Astrolabe. Il fallut attendre 1792 pour que le chevalier d'Entrecasteaux entreprît l'exploration systématique de la Grande Terre, avant que Dumont d'Urville ne parvînt, en 1827, à cartographier les îles Loyauté.
Blackbirders - chasseurs de main-d'oeuvre pour les plantations australiennes, trafiquants de bois de santal et baleiniers suivirent bientôt les découvreurs.
Au milieu du XIXème siècle, missionnaires catholiques et protestants se livrèrent à un prosélytisme concurrent pour convertir les peuples de la Nouvelle-Calédonie : les teachers, catéchistes protestants affiliés à la London Missionary Society, atteignirent l'île des Pins et Maré vers 1840, peu avant les missionnaires catholiques qui, sous la direction de Mgr Douarre, arrivé en 1843, fondèrent la mission de Pouébo en 1847.
Au milieu du XIXème siècle, la France impériale se préoccupait de trouver une colonie pénitentiaire, à l'exemple de la Grande-Bretagne avec l'Australie. Le 24 septembre 1853, l'amiral Febvrier-Despointes fit hisser les couleurs françaises à Balade, en laissant au capitaine de vaisseau Tardy de Montravel le soin de cette nouvelle colonie. Ce dernier fonda Port-de-France, rebaptisée Nouméa en 1866.
Les premiers convois de transportés partirent : de 1864 à 1897, 22 000 personnes furent envoyées vers la Nouvelle-Calédonie. Les premiers communards, parmi lesquels figuraient Louise Michel et Henri Rochefort, débarquèrent à l'île des Pins en 1872.
Face à la politique d'assimilation du gouverneur Guillain, qui encouragea le métissage pour former "une nouvelle humanité, assimilée à la famille universelle", les premiers vents de révolte commencèrent à souffler. En 1878 éclata une véritable insurrection dans le centre de la Grande Terre, conduite par le grand chef Ataï. Près d'un millier de Mélanésiens et deux cents Européens furent tués. Une autre grande révolte en 1917 a marqué les relations entre les communautés.
L'ingénieur Jules Garnier découvrit en 1864 le nickel, minerai qui devait faire la richesse de la Nouvelle-Calédonie. L'Irlandais Higginson et le Hollandais Hanckar firent fortune en ouvrant des mines à Houaïlou et à Kouaoua. En mai 1880, ils fondèrent avec Garnier la Société le Nickel. Tonkinois, Japonais et Javanais furent de plus en plus nombreux à s'installer en Nouvelle-Calédonie, attirés par les emplois du secteur minier.
Le développement agricole n'était pas en reste : à partir de 1894, le gouverneur Feillet, visionnaire, fit venir des colons à qui il distribua 25 000 ha de terres auparavant incluses dans le domaine pénitentiaire. Plus de cinq cents familles s'installèrent alors sur la Grande Terre et furent à l'origine de la fondation de nombreux villages, comme Farino, Voh, ou Sarraméa.
Les deux guerres mondiales n'épargnèrent pas les Calédoniens qui participèrent à l'effort national : pendant la Première guerre mondiale, ils fournirent un contingent de 2170 hommes au bataillon du Pacifique, et un quart d'entre eux restèrent sur le champ d'honneur ; dès 1940, la Nouvelle-Calédonie rallia la France libre, et le bataillon du Pacifique, reformé, partit pour les fronts d'Afrique du nord et d'Europe. La Seconde guerre mondiale vit également, après Pearl Harbour, une importante présence militaire américaine : en mars 1942, l'armée américaine s'établit à Nouméa, qui lui servit de "porte-avions" dans la guerre du Pacifique. En trois ans, plus d'un million d'Américains transitèrent par la Grande Terre.
A la fin de la Seconde guerre mondiale, le code de l'indigénat, qui régissait le statut des Mélanésiens, fut aboli, avant qu'en 1956 la loi-cadre Defferre n'instituât la catégorie de "territoire d'outre-mer", dans laquelle entra la Nouvelle-Calédonie. Ce nouveau statut accordait au Territoire une large autonomie, tandis que son exécutif, le Conseil de gouvernement présidé par un Haut-commissaire de la République, bénéficiait d'importants pouvoirs. La grande force politique de cette après-guerre était une alliance pluriethnique et autonomiste, l'Union calédonienne qui, dès sa fondation en 1953, adopta le mot d'ordre "Deux couleurs, un seul peuple".
Dans les années soixante et soixante-dix, le consensus perdit du terrain : sur fond de boom puis de crise du nickel, et alors que de nouveaux arrivants, essentiellement Néo-Hébridais et Wallisiens, s'installaient sur le Territoire, nombreux furent ceux qui se radicalisèrent, tant parmi les Européens que parmi les Mélanésiens, chez qui l'idée d'indépendance faisait son chemin. De 1977 à 1979, anti-indépendantistes et indépendantistes structurèrent leurs mouvements respectifs, autour du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) de Jacques Lafleur et d'un Front indépendantiste, qui préfigurait le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), créé en août 1984 et animé par Jean-Marie Tjibaou.
Ces tensions, de plus en plus ouvertes, débouchèrent sur la grave crise de 1984-1985 qui exigea la mise en place de l'état d'urgence. Une série de plans et de statuts se succédèrent, sans pour autant permettre à la Nouvelle-Calédonie de renouer avec la concorde. En 1987, 94% des Mélanésiens répondirent par une abstention synonyme de boycott au référendum d'autodétermination organisé le 13 septembre. La tension monta brusquement, et la prise en otages, au printemps 1988, sur l'île d'Ouvéa, de vingt-sept gendarmes par les indépendantistes se solda par un terrible bilan : quatre gendarmes, deux militaires et dix-neuf indépendantistes trouvèrent la mort.
Une mission chargée de rétablir le dialogue permit alors de trouver la voie d'une sortie de crise : le 26 juin 1988, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou conclurent les accords de Matignon, approuvés par un référendum national le 7 novembre 1988. Le nouveau statut, qui prévoyait l'organisation d'un référendum d'autodétermination au terme de dix ans, ne signifia pas l'arrêt immédiat de la violence : le 4 mai 1989, lors de la cérémonie de levée de deuil des dix-neuf morts kanak du drame d'Ouvéa, les deux principaux dirigeants indépendantistes, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné, étaient assassinés par un militant extrémiste.
L'accord de Nouméa signé le 5 mai 1988 organise, pour une durée de quinze à vingt ans, le statut de la Nouvelle-Calédonie, qui sort de la catégorie des territoires d'outre-mer et est dotée d'institutions politiques propres - le Congrès, le Gouvernement, le Sénat coutumier et le Conseil économique et social. Au 1er janvier 2000, l'exécutif a été transféré au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, qui est devenu compétent dans de nombreux domaines auparavant du ressort de l'Etat : ces transferts de compétences, organisés de manière progressive, sont irréversibles.
|