ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
LORS DE LA RECEPTION DE LA COMMUNAUTE FRANCAISE
---------- (Mexique) MEXICO - Vendredi 13 novembre 1998
Mes chers compatriotes,
Je suis heureux de saluer amicalement la communauté française du Mexique, fortement représentée aujourd'hui. Je voudrais dire à toutes celles et à tous ceux qui sont venus et qui ont répondu à l'invitation de notre Ambassadeur et à la mienne combien je suis sensible à votre présence à chacune et à chacun d'entre vous.
Je voudrais vous saluer en mon nom personnel, au nom de mon épouse, au nom de nos ministres, le ministre des Affaires étrangères, M. Védrine, le Ministre de l'Education et de la Recherche, Monsieur Allègre et le Ministre de l'Equipement, Monsieur Gayssot, qui ont participé avec beaucoup de force à la réussite, parce que c'est une réussite, de ce voyage, au nom aussi de nos parlementaires qui à un titre ou à un autre ont des liens privilégiés avec le Mexique et aussi avec l'Amérique centrale, Lucette Michaux-Chevry, Monsieur de Villepin, Monsieur Lefort, Monsieur Bertrand, le Docteur Mattei, Monsieur Descours, Monsieur Durand-Chastel.
Je voudrais dire à notre Ambassadeur , pour lui et peut-être plus encore pour l'ensemble de ses collaborateurs qui se sont dépensés avec à la fois efficacité et intelligence pour l'organisation de ce voyage, combien nous lui sommes reconnaissants, car les choses ont été très remarquablement faites et ce n'était pas facile. Ce voyage a été, je crois qu'on peut le dire, un succès, beaucoup grâce à l'organisation préalable et à tous les collaborateurs de l'Ambassadeur qui, sous son impulsion, ont fait les choses parfaitement.
Je voudrais également vous saluer au nom des industriels qui nous ont accompagnés. Ils sont une soixantaine, représentant les plus grandes affaires françaises et aussi des petites et moyennes entreprises dynamiques et qui jouent la carte du Mexique, ou veulent la jouer, et qui, je viens de faire le point avec eux, j'en sors à l'instant, ont été comme moi impressionnés par la volonté manifestement exprimée tant dans le domaine politique que dans le domaine économique par la partie mexicaine de travailler avec la France, avec les Français, avec les chefs d'entreprise français. Si un certain nombre de résultats positifs ont été enregistrés par nos entreprises, c'est surtout une perspective qui me semble devoir aller s'améliorant, permettant à notre pays de renforcer le lien fort qui existe déjà avec le Mexique, mais qui demande à être consolidé.
Je voudrais également saluer particulièrement les membres présents du CSFE et vous dire en quelques mots comment j'ai ressenti ce voyage, ce contact.
D'abord, nous avons été tous reçus de façon particulièrement chaleureuse. Nous avons été l'objet de toutes sortes d'attentions auxquelles nous avons naturellement été très sensibles. Je dois dire que cela a créé très immédiatement, aussi bien avec le Président Zedillo qu'avec le gouvernement, ou les différents représentants de l'activité économique, sociale, culturelle, je pense en particulier au grand succès de EDUFRANCE, un contact facile, amical, privilégié.
Au fond, il y a depuis très longtemps une relation forte entre la France et le Mexique. Je saisis cette occasion pour vous dire une chose qui n'est pas sans conséquence sur le Mexique : tout à l'heure le Directeur général du Fonds Monétaire International vient d'annoncer les conditions dans lesquelles l'aide internationale et l'aide du Fonds seraient apporté à partir d'aujourd'hui au Brésil, lui garantissant le succès de son plan de redressement économique, éloignant ainsi la perspective très dangereuse d'une crise, d'une crise qui n'aurait pas manqué d'affecter l'ensemble de l'Amérique latine y compris le Mexique. J'avais trouvé d'ailleurs le Président Zedillo très inquiet sur ce point et donc je me réjouis également, et je profite de cette occasion pour le dire publiquement, de ces décisions qui ont été prises par le Fonds Monétaire International et qui, en réalité, intéressent l'ensemble de la zone.
Il y a entre nos deux pays un lien fort qui s'est créé depuis longtemps, mais qui s'était tout de même un peu fragilisé, qui s'était fragilisé à la fois avec la crise de 1994, avec également l'entrée ou la mise en oeuvre de l'ALENA et le sentiment que nous avions d'être un peu marginalisés. Depuis lors, il est évident que le Mexique a réalisé combien il était important pour lui de ne pas avoir des relations quasiment exclusives avec son grand voisin du nord, mais qu'il fallait avoir avec l'Union européenne une relation qui lui était nécessaire et qui lui était tout à fait légitime. Légitime par nos origines culturelles communes, en quelque sorte, notre relation politique excellente entre l'Union européenne et le Mexique, mais aussi notre relation économique. Cela devait être développé. C'est bien là l'intérêt de ce pays que de développer cette relation.
Vous savez que dès 1994, et à l'initiative de la France, avait été engagée une action de mise en oeuvre d'un grand accord de coopération politique, économique, culturelle entre l'Union européenne et le Mexique. Cet accord a été signé en 1997, il est maintenant en voie de ratification dans tous les pays. Il a été voté par le Sénat hier, en France. Et par conséquent, le lien est maintenant existant.
L'étape suivante est relative aux conditions de mise en oeuvre d'une zone de libre-échange qui n'est pas gênée ici comme elle peut l'être en Amérique du Sud par les problèmes agricoles et qui permettrait d'augmenter très sensiblement les relations entre l'Union européenne et notamment la France et le Mexique dans les années qui viennent.
Donc, si vous voulez, nous avons trouvé une conjoncture particulièrement favorable, rendue plus encore favorable par le fait que la politique qui a été menée ici par le Président Zedillo a été une politique qui a inspiré confiance à la communauté internationale. Cela ne fait aucun doute. Il a réussi sur le plan économique un rétablissement de la situation de son pays dans des conditions qui ont fait l'objet d'une approbation unanime de la part de la communauté internationale. Si bien qu'aujourd'hui, les choses se présentent dans les meilleures conditions pour la relation entre nos deux pays.
J'ajoute que sur le plan politique, il n'y a aucun problème.
Sur le plan culturel, il y a un fort développement de nos échanges. J'ai évoqué à l'instant le succès d'EDUFRANCE, qui a été lancé par le Ministère de l'Education nationale et le Ministère des Affaires étrangères, qui se déroule en se moment dans des conditions qui m'ont impressionné et qui ont, sans aucun doute, impressionné nos partenaires.
J'ai eu ce matin un contact intéressant avec la plupart des grands dirigeants du secteur médiatique et j'ai vu aussi l'importance et l'intérêt qu'ils avaient à renforcer une relation avec la France, notamment dans le domaine du cinéma. Nous aurons dans quelques jours le festival d'Acapulco qui montre que sur le plan du cinéma nous sommes présents et nous ne sommes pas si nombreux, en dehors des Etats-Unis bien entendu.
Tout cela me conduit à dire à la communauté française, ici au Mexique et en particulier à Mexico, bien entendu, mais ailleurs également, qu'au fond elle a fait un très bon travail et qu'elle représente un élément exemplaire, dynamique de notre pays auquel il est légitime et naturel de rendre hommage. Car toute cette action repose pour l'essentiel sur chacune et sur chacun d'entre vous.
Je suis aussi frappé, lors des contacts que j'ai pu avoir par la qualité du jugement qui est porté par les Mexicains sur l'ensemble de la communauté française, bien sûr les Barcelonnettes, et les anciennes traditions, mais sur l'ensemble de la communauté française d'aujourd'hui. Une communauté qui a su montrer en 1994 sa solidarité, on vient de s'en souvenir, et qui représente naturellement notre meilleur atout dans le cadre d'un renforcement de nos liens politiques nécessaires pour la France, pour le Mexique aussi, et qui s'inscrit elle-même dans une volonté de notre pays d'être beaucoup plus ouvert sur l'ensemble de l'Amérique latine.
Je vous rappelle que j'ai fait l'année dernière un voyage qui m'a conduit dans les pays du MERCOSUR et en Bolivie. J'irai au Chili dans le courant de l'année prochaine. Tout cela, pour indiquer que nous voulons renforcer notre présence dans l'ensemble de l'Amérique latine. C'est aussi le sens de la proposition que la France avait faite de la tenue d'un grand sommet, première historique entre l'Union européenne et l'Amérique latine, y compris la Caraïbe. Ce sommet se tiendra au mois de juin de l'année prochaine et ce sera un nouveau pas, un pas supplémentaire dans cette relation qui sera ainsi renforcée.
Vous êtes, je répète, l'avant garde de cette ambition française sur les continents américains.
Je voudrais, pour terminer, vous dire combien j'ai de reconnaissance, mais aussi d'estime et d'amitié à vous adresser au nom de la délégation française, au nom de notre pays, à chacune et à chacun d'entre vous pour tout ce que vous faites.
Je vous remercie très chaleureusement. |