MESSAGE DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AUX PARTICIPANTS DU CONGRÈS DE L'UNAPEI
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PALAIS DE L'ÉLYSÉE - PARIS SAMEDI 5 OCTOBRE 2002
Monsieur le Président, Mes chers amis,
Je voudrais saluer chaleureusement l'ensemble des membres de l'Union nationale des parents et amis de personnes handicapées mentales réunis aujourd'hui pour leur congrès annuel, ainsi que l'Association française des personnes handicapées intellectuelles qui s'y est associée.
C'est pour moi l'occasion de rendre hommage à l'action et à l'engagement de l'UNAPEI, qui oeuvre de manière exemplaire au service des personnes handicapées et de leurs familles. C'est également pour moi l'occasion de rappeler ma détermination à faire de l'insertion des personnes handicapées dans notre société une priorité de l'action publique. Car ce chantier, comme on l'a qualifié à l'issue de mon intervention du 14 juillet dernier, n'est pas seulement celui du Président de la République, ni même du Gouvernement ou de l'État. Il est celui de la société française tout entière. En accueillant pleinement les personnes handicapées, notre société est appelée autant à s'ouvrir à l'autre qu'à se réconcilier avec elle-même. Aider les personnes handicapées à trouver toute leur place est un devoir de solidarité. Mais c'est aussi une chance de faire progresser la société tout entière.
Cette exigence, cette ambition dépassent désormais nos frontières puisque 2003 sera l'année européenne du handicap. Ce choix symbolique doit être l'occasion de vaincre les pesanteurs et, trop souvent, les égoïsmes qui conduisent à l'immobilisme.
Depuis l'installation du Gouvernement, l'action s'est engagée. Sous l'autorité du Premier ministre et sous l'impulsion de M. Jean-François MATTEI et de Mme Marie-Thérèse BOISSEAU, secrétaire d'État aux personnes handicapées qui est aujourd'hui présente à vos côtés, le projet de budget 2003 traduit cette priorité. Il prévoit, conformément aux engagements que j'avais pris devant vous, la création de 3 000 places en centre d'aide par le travail (CAT) soit un doublement par rapport à ce qu'avait prévu le plan quinquennal engagé en 1999, ainsi que la poursuite des efforts en faveur de l'intégration scolaire, avec des mesures particulières concernant l'amélioration du transport des élèves et l'adaptation des locaux. 400 postes supplémentaires d'auxiliaires de vie seront également créés.
Je veillerai à ce que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui sera examiné par le Conseil des ministres dans quelques jours, consacre lui aussi cette priorité avec le financement de nouvelles places en maisons d'accueil spécialisé. Très rapidement, le Gouvernement engagera aussi les concertations nécessaires à la réforme de la loi de 1975, en vue d'une prise en charge personnalisée des personnes handicapées qui prenne en considération la notion de compensation.
Ces changements, l'UNAPEI les prépare et s'y prépare. Ainsi, votre congrès va voir l'adoption d'une charte éthique et déontologique qui doit améliorer et conforter l'action des associations, ce dont je me félicite.
Cette nouvelle période est également marquée par un autre événement important : le départ de votre directeur général, Patrick GOHET.
Son énergie et sa force de caractère sont connus et appréciés de tous. Il les a mises pendant de nombreuses années au service de votre mouvement. Il a décidé aujourd'hui de prolonger son action et son engagement en acceptant de prendre la tête de la délégation interministérielle aux personnes handicapées. Auprès de Mme BOISSEAU, dont je veux saluer la mobilisation et l'action, Patrick GOHET va désormais s'appuyer sur l'expérience acquise parmi vous pour se mettre au service de la cause de toutes les personnes handicapées.
La réforme de la loi de 1975 est une priorité. Elle devra reposer notamment sur le principe qu'il faut sortir du clivage artificiel consistant à prendre en charge, d'un côté les personnes handicapées physiques et de l'autre, les personnes souffrant d'un handicap mental. Il faut désormais aider la personne handicapée en prenant en considération ses aptitudes, son environnement comme ses difficultés propres. La compensation peut constituer une réponse à ce défi. De la même façon, accueil en établissement ou vie à domicile, intégration en milieu scolaire ordinaire ou éducation spécialisée, insertion professionnelle en entreprise, ateliers protégés, centres d'aide par le travail doivent être également valorisés. Ils répondent, chacun, aux besoins spécifiques de personnes qui n'aspirent qu'à une chose : s'insérer du mieux possible dans la société et voir leurs aptitudes pleinement reconnues.
Cette réforme sera le fruit du travail et de la mobilisation de tous. Et je veux prendre un engagement devant vous : rien ne sera fait sans les associations. Ce sont elles qui ont fait sortir le handicap du silence et souvent même de la défiance. Ce sont elles qui ont suppléé et qui suppléent encore les carences de l'État dans la prise en charge de ces enfants et adultes plus fragiles. Les associations sont, aux côtés des médecins, des travailleurs sociaux et de tous les personnels, le soutien indispensable des personnes et de leurs familles. Elles sont enfin, et c'est essentiel, le moyen d'expression et de participation des personnes handicapées et de leurs familles aux décisions qui les concernent.
L'action des associations doit ainsi être reconnue, saluée, confortée.
Confiant dans le travail que nous mènerons ensemble au service de la cause des personnes handicapées, je vous renouvelle l'expression de mon chaleureux soutien et de mon engagement à vos côtés.
Je vous remercie.
Jacques CHIRAC |