INTERVENTION
DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
SOMMET UNION EUROPEENNE- BALKANS
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THESSALONIQUE
Samedi 21 juin 2003
Je voudrais tout d’abord remercier la Présidence grecque d’avoir pris l’initiative de réunir ce deuxième Sommet entre l’Union européenne et les pays des Balkans occidentaux.
Deux mois après la signature à Athènes du Traité qui a marqué l’élargissement de l’Union européenne à 10 nouveaux membres, il était particulièrement utile et important de réunir ici, à Thessalonique, la famille européenne pour confirmer l’engagement de l’Union européenne dans la région. Le Président Costas SIMITIS avait une vocation particulière pour une telle initiative.
Il y a trois ans, à l’instigation de la Présidence française et de la Croatie, nos pays ont pris, au Sommet de Zagreb, la décision historique de se tourner vers l’avenir. Après une décennie marquée par la guerre, les destructions, l’horreur de l’épuration ethnique, ce Sommet offrait aux Balkans occidentaux une chance, celle de renouer avec l’idéal de paix et de liberté du continent européen.
Une phrase a résumé notre engagement réciproque : "Démocratie, réconciliation et coopération régionales d'une part, rapprochement de chacun de ces pays avec l'Union européenne d'autre part, forment un tout". Le message était clair : l’Union européenne a vocation à exporter la paix, à intégrer toute l'Europe, pas à importer des conflits.
Le processus de stabilisation et d’association (PSA) est l’instrument de cette politique. Cadre de référence reconnu par tous, il a permis de tisser un premier lien irremplaçable entre l’Union européenne et les cinq pays des Balkans occidentaux. En trois ans seulement, des progrès, hier pas imaginables, ont été accomplis. Beaucoup reste à faire, notamment pour lutter contre le fléau du crime organisé, mais un chemin très important est déjà parcouru ! Le Sommet de Thessalonique marque une nouvelle étape sur la voie de la réunification de la famille européenne. Je ne reviendrai pas sur les décisions. L'objectif est d'associer sans cesse le destin des pays des Balkans occidentaux à celui de l’Union européenne.
Cette confirmation de votre vocation européenne, à travers notamment les mécanismes de dialogue sur la politique extérieure de l’Union européenne, crée bien entendu des obligations nouvelles pour les uns et pour les autres. Je pense en particulier au respect de la position de l’Union concernant l’universalité de la Cour Pénale Internationale. Je pense également à la nécessaire coopération avec le TPIY de La Haye. *
Les efforts que vous avez conduits depuis trois ans ont demandé à chacun de vos Etats, à chacun de vos peuples beaucoup de sacrifices. Des efforts dont nous sommes d’autant plus conscients, que nous avons nous aussi dû, en son temps, emprunter ce chemin.
Il n’est pas facile d’affronter sincèrement le devoir de mémoire et de justice, d’accepter le retour de l’ennemi d’hier. La réconciliation demande une vraie volonté de part et d’autre, mais nous vous parlons avec notre expérience, il n’y a pas de plus belle aventure humaine que la réconciliation. Ne doutez pas que vos efforts sur la voie de la démocratisation, de la réconciliation, de la coopération régionale seront largement payés de retour.
Certains des pays ici présents étaient hier encore des pays candidats. Ils savent ce que le chemin de l’adhésion demande d’efforts. Ils savent aussi que l’Union européenne tient ses promesses. L’avenir des Balkans occidentaux est dans l’Union européenne. A chacun d’entre vous, à chacun d'entre nous, de transformer cette «potentialité» en réalité.
Monsieur le Président, je vous remercie. |