ALLOCUTION PRONONCEE PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
A LA RECEPTION DE LA COMMUNAUTE FRANÇAISE
Résidence de France - Damas dimanche 20 octobre 1996
Mes Chers compatriotes,
Je voudrais tout d'abord vous dire ma joie de vous rencontrer à l'occasion de ce sympathique voyage et de vous dire mes sentiments de respect, d'estime et d'amitié pour le travail que toutes et tous vous faites ici, naturellement par vocation personnelle, mais aussi pour l'intérêt de notre pays et pour la présence française dans cette région.
Je voudrais saluer les ministres qui m'ont accompagné, M. de Charette, M. Galland, M. Gaymard et dire à M. l'Ambassadeur et peut-être encore plus à son épouse, toute notre gratitude à tous pour la réception qu'elle a bien voulu organiser à l'occasion de notre passage.
Ce voyage avait pour objet de témoigner de la relation particulière qui doit exister entre la Syrie et la France. Hier soir, je rappelais une phrase prononcée par le Général de Gaulle au lendemain de la guerre et dans laquelle, avec l'esprit visionnaire qui le caractérise, il évoquait la nécessité d'une alliance forte, d'une amitié indéfectible entre la France libérée et la Syrie indépendante. Je crois que cette vision reste d'actualité et mon intention, celle du gouvernement est bien de lui redonner toute son ampleur dans le cadre de la politique étrangère de la France d'aujourd'hui.
Je m'aperçois, pardon, ayant salué les ministres, que je n'ai pu salué nos trois délégués, et pourtant Dieu sait quels sont efficaces et dévoués au CFSE, qui sont également présents. Je voudrais leur dire mon amitié et ma reconnaissance.
Ce voyage, en gros, s'articulait autour de deux préoccupations, deux thèmes. Le premier, bien entendu, c'est la situation dans la région, la situation à court terme, c'est-à-dire un processus de paix à la fois indispensable et aujourd'hui ébranlé. J'ai indiqué au Président Hafez El Assad, comme je le ferai demain auprès des autorités d'Israël, que la France, dont les intérêt dans cette partie du monde sont évidents et anciens, souhaite apporter tout son concours, concours de bonne volonté, un message de paix pour s'associer à une évolution des esprits permettant de retrouver le cours serein d'un processus de paix incontournable pour l'avenir.
Et puis, à moyen ou long terme, je voulais indiquer l'importance que la France attache au processus initié, à son initiative, à Barcelone, c'est-à-dire celui d'un pacte de paix, de stabilité, de développement autour de la Méditerranée qui a vu naître tant de civilisation et qui doit être aujourd'hui un trait d'union entre les peuples qui se répartissent autour d'elle.
Je voulais indiquer que ce processus qui s'est engagé ne devait pas être lié au processus de paix, mais devait avoir sa propre ambition, celle de refaire de la Méditerranée notre mère commune, je dirai presque mère dans tous les sens du terme.
Et puis aussi, naturellement, la deuxième préoccupation était les relations bilatérales entre nos deux pays. Cette relation bilatérale est ancienne, elle a connu des hauts et des bas, ce qui est naturel dans la vie des hommes ou des nations. Aujourd'hui, il faut la remettre au mieux de sa forme. Nous avions un contentieux financier, nous l'avons réglé. Un accord a été signé aujourd'hui pour se faire, ce qui nous permet aujourd'hui de repartir sur la bonne voie en prévoyant notamment un nouveau protocole du trésor.
Nous avons l'ambition de retrouver une place que nous avons perdue dans les échanges entre la Syrie et la France. Nous souhaitons développer sensiblement nos relations culturelles. Tout à l'heure, les deux ministres des Affaires étrangères ont signé un accord dans le domaine culturel, scientifique et technique qui est un pas important dans la bonne direction.
Nous avons naturellement l'intention d'avoir un contact politique bilatéral aussi intense que possible tant au niveau des gouvernements que des Chefs d'Etat.
Voilà le contexte général d'une visite que le Président Hafez El Assad tout à l'heure, lors d'une conférence de presse que nous donnions ensemble, a bien voulu qualifier de tout à fait satisfaisante.
Naturellement, je voulais vous en rendre compte. Mais je disais tout à l'heure en commençant mon propos, les sentiments de reconnaissance, d'estime ou d'amitié que je portais à tous nos compatriotes vivant à l'étranger et, en particulier, à ceux qui vivent ici dont je n'ignore pas qu'il y a des difficultés spécifiques et qu'ils ont eu à les assumer. Je voudrais les en remercier. Qu'il s'agisse des hommes d'entreprises, petites, moyennes ou grandes, qui, quelles qu'aient été les difficultés, sont restés présents et dont j'espère, que l'avenir va s'ouvrir de façon plus agréable devant eux maintenant. Qu'il s'agisse de professionnels de l'hôtellerie, du tourisme qui ont fait un gros effort. Qu'il s'agisse des hommes et des femmes de culture, professeurs, chercheurs, archéologues de I'IFEAD ou de l'IFAPO. Qu'il s'agisse des religieuses et des religieux qui depuis bien longtemps, ont fait un travail tout à fait admirable. Qu'il s'agisse des agents de l'Etat qui servent dans les services de la relation franco- syrienne et qui le font avec compétence et dévouement.
L'inconvénient d'une liste, c'est qu'on en oublie probablement, ce serait tout à fait involontaire de ma part. Mais, à chacune et à chacun d'entre vous, et à tous nos compatriotes qui n'ont pas pu être présents ce soir, je voudrais vous dire simplement, mais de tout coeur, un très grand merci.
Je souhaite que cette page nouvelle qui s'ouvre, qui succède à bien d'autres et qui sera suivie par bien d'autres, soit une page tout simplement de sérénité, de calme, de paix et d'amitié entre la France et la Syrie. Je sais que dans cette partition, chacune et chacun d'entre vous à son rôle et sa place à jouer. Je sais que ce rôle vous le jouerez avec coeur, avec intelligence, avec dynamisme et de cela aussi, je vous dis merci. |