ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
A L'OCCASION DE L'ADIEU AUX ARMES DU GENERAL KELCHE
ECOLE MILITAIRE – PARIS
MARDI 29 OCTOBRE 2002
Général Jean-Pierre KELCHE, vous faites aujourd'hui votre adieu aux armes.
En vous nommant, le 9 avril 1998, chef d'état-major des armées, je savais que je confiais cette éminente responsabilité à un officier brillant qui avait obtenu dans les emplois les plus divers des résultats exceptionnels.
Pendant plus de quatre ans, vous avez assumé ces fonctions difficiles avec une efficacité et une dignité exemplaires. Vous avez fait honneur à nos armées, honneur à notre pays.
En tant que chef des armées, j'ai pu apprécier fréquemment l'intelligence et la pertinence de vos réflexions et de vos avis.
En 1999, alors que nos forces aériennes et navales étaient engagées au Kosovo, vous avez su apprécier, négocier et imposer les objectifs de la campagne, dans le strict respect des choix stratégiques que j'avais arrêtés avec le Gouvernement.
Votre action quotidienne, opiniâtre et réfléchie, a été déterminante pour le succès des opérations.
Votre fermeté et la justesse de vos analyses ont été saluées par vos pairs et par le commandant de l'opération alliée lui-même.
Vous avez pourtant refusé, j'en témoigne aujourd'hui, d'en tirer la moindre gloire ou le moindre avantage personnel.
Mais vous avez eu aussi un rôle déterminant dans la conduite des grands chantiers lancés en 1996. La conception et l'actualisation du modèle d'armée 2015, ainsi que l'organisation de la professionnalisation des forces vous doivent énormément.
Ces réformes considérables ont bénéficié de votre engagement personnel et de la qualité de vos réflexions.
Vous avez également consacré beaucoup de temps et d'énergie à la construction de l'Europe de la Défense. C'était et c'est encore un défi essentiel pour l'avenir de notre continent.
Cette Europe de la Défense, vous l'avez aidée à naître en surmontant tous les obstacles, en déployant des efforts constants. Vous avez accompagné avec confiance et avec foi l'élan de Saint-Malo. Vous avez su tirer pour nos armées toutes les conséquences du Conseil européen de Nice. Si l'Europe de la Défense est désormais plus qu'une espérance, si elle est aujourd'hui une réalité qui s'enracine, c'est en partie à vous que la France et ses partenaires le doivent.
Il me revient enfin, en tant que chef des armées, de rendre hommage à vos mérites personnels. Votre sens du devoir, votre franchise, votre fidélité sans faille à la mission sont d'abord des qualités de soldat.
Votre souci constant de la reconnaissance par la Nation du dévouement de nos armées et votre attachement à l'amélioration de la condition militaire vous ont valu le respect de tous.
Général Jean-Pierre KELCHE, vous avez bien servi les armées de la France. Vous avez justifié, jour après jour, la confiance placée en vous.
Vous avez fait honneur à notre pays et, en son nom, je vous en remercie. |