Alexandrie
Alexandrie symbolise l'Égypte méditerranéenne, à la croisée des mondes et des cultures. Celle qui a toujours voulu être la cité idéale, le phare de la civilisation attirant des citoyens du monde entier, a traversé des périodes successives de splendeur et de décadence. Aujourd'hui, Alexandrie est une ville de plus de trois millions d'habitants, qui tente de renouer avec sa mémoire et son héritage de siècles d'histoire enfouie.
La cité rêvée pour un Empire
Alexandre le Grand, après avoir battu les Perses et conquis la terre des Pharaons en l'an 331 av. J.-C, voulut fonder une nouvelle capitale, à la fois ouverte sur la mer et tournée vers l'Égypte intérieure, qui marierait l'Occident et l'Orient et assurerait la bonne entente entre les peuples de la Méditerranée.
Avec l'aide d'Aristote, son maître à penser, le grand conquérant macédonien conçut les plans de cette cité qu'il rêvait immense et fastueuse, après avoir choisi un site idéal, protégé par une île et à l'abri des crues du Nil. Il mourut avant de la voir sortir de terre. Les Ptolémées, qui se proclamèrent ses héritiers, réalisèrent sa folle ambition, donnant naissance à ce qui allait devenir la plus prestigieuse des cités hellénistiques.
Le phare de la Méditerranée antique : cosmopolite et prospère
Grâce à son port, Alexandrie devint, pendant cinq siècles, la ville de tous les commerces, celui de l'intelligence et celui du négoce. Tous les peuples du pourtour méditerranéen s'y côtoyaient : Égyptiens, Grecs, Juifs, Levantins, Romains, Assyriens. Toutes les disciplines de la pensée y étaient étudiées : astronomie, médecine, philosophie, histoire, théologie... Les Ptolémées couvrirent la ville de temples, de statues et de stèles pour honorer le culte du dieu Sarapis, synthèse originale de Zeus et d'Osiris.
Le phare construit par Sostrate de Cnide en 280 av. J.-C fut l'emblème de la cité. Ce monument, inédit pour l'époque, illustrait par ses éléments décoratifs le métissage des cultures et le cosmopolitisme de la population, ainsi que les connaissances techniques de l'époque. Il fit rêver l'Antiquité et le Moyen Age et sa mémoire survécut à sa destruction au XIVème siècle.
L'autre symbole d'Alexandrie fut sa bibliothèque, bâtiment colossal, qui était destinée à rassembler tous les savoirs du monde, comptant jusqu'à plus de 700 000 volumes. L'incendie de la bibliothèque par Jules César, en 48 av. J.-C, marqua la fin d'un âge d'or.
Alexandrie ressuscitée sous Méhémet Ali, fondateur de l'Égypte moderne
Après la conquête arabe, au VIIème siècle, Alexandrie perdit de son importance mais resta pendant plus de mille ans au centre d'importants flux commerciaux grâce à son port. Les Mamelouks contribuèrent à leur tour à façonner cette ville. Le sultan Kait Bey édifia, sur les ruines du phare, le fort qui porte encore son nom. Puis l'invasion ottomane fit de l'Égypte une province de l'Empire qui sombra dans la léthargie jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
Méhémet Ali redonna souffle à la ville : il fit améliorer les systèmes d'irrigation, introduisit la culture du coton, construisit des chemins de fer. Il fit édifier le palais Ras el Tin et créa le nouveau centre-ville. La cité devint au fil des ans un répertoire architectural des styles méditerranéens et européens des XIXème et XXème siècles.
Alexandrie, fidèle à son passé, renoua avec son âme cosmopolite, accueillant Musulmans, Chrétiens et Juifs, Italiens, Grecs, Français, Allemands, Ottomans, Maghrébins, Nubiens...
Alexandrie aujourd'hui
Avec quatre millions d'habitants (8% de la population), 40% de l'industrie égyptienne, 70% de l'activité portuaire, 20% du produit national, une université qui regroupe cent cinquante mille étudiants, Alexandrie rayonne sur une riche région agricole. Les industries agroalimentaires et textiles y sont particulièrement développées.
La présence française à Alexandrie
La France dispose à Alexandrie de son plus ancien consulat au monde, puisque le premier Consul de France à l'étranger y fut établi en 1384. Situé dans un magnifique bâtiment construit en 1909 sur la corniche, le Consulat assure l'administration d'une communauté de 610 français.
Entre 1806 et 1952, Alexandrie a eu pour langue véhiculaire le français. Aujourd'hui, la langue française est toujours très présente, avec 12 écoles francophones scolarisant 12 000 élèves. Un enseignement supérieur français a aussi été implanté, depuis deux ans, avec une filière de Droit et une filière d'Agroalimentaire.
La présence archéologique française est presque hégémonique, avec le Centre d'Études Alexandrines auquel s'ajoute une équipe d'archéologie sous-marine. Les découvertes faites ces dernières années ont beaucoup fait pour la gloire d'Alexandrie et pour la place de la France à Alexandrie. Elles sont par ailleurs susceptibles de développements touristiques et muséographiques importants.
C'est à Alexandrie que se trouvent concentrées 40% des industries égyptiennes. La France est active dans le transport maritime (Worms et CMA-CGM), dans l'hôtellerie (groupe Accor), dans la banque (Société Générale et Banque Nationale de Paris - Paribas), dans le secteur agroalimentaire (Bongrain et Danone), dans les cimenteries (groupe Lafarge).
La présence économique française a connu au cours de ces dernières années de nouvelles avancées : 1 milliard d'investissement dans un projet de collecte et traitement des ordures pour l'ensemble du gouvernorat (Vivendi Environnement), ouverture d'un centre commercial (Carrefour), important contrat de lignes téléphoniques (400 millions d'euros pour un million et demi de lignes - Alcatel), signature d'un contrat de développement de champs gaziers dans la région d'Aboukir (Gaz de France), protocole financier de 33 millions d'euros prévu pour financer, avec la BEI, des installations d'épuration des eaux dans la banlieue ouest de la ville.
OCTOBRE 2002
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